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Actualités - CHRONOLOGIE

Présidentielle américaine Obama conscient de « l’immensité de la tâche » qui l’attend

Après l’ivresse d’une victoire historique, le président élu va devoir agir vite pour rassurer les Américains inquiets sur leur avenir et ne pas décevoir les espoirs colossaux placés en lui. Si la victoire de Barack Obama, premier président noir des États-Unis, est historique, les défis qui l’attendent sont colossaux. « Le changement est arrivé », a déclaré Barack Obama, mardi soir, lors de son premier discours de président élu, devant une foule oscillant entre joie et émotion, dans l’immense jardin public Grant Park, à Chicago. Mais il a aussi immédiatement mis en exergue « l’immensité de la tâche » à laquelle il doit s’atteler. « À l’heure où nous célébrons la victoire ce soir, nous savons que les défis de demain sont les plus importants de notre existence – deux guerres, une planète en péril, la plus grave crise financière depuis un siècle. » « La route sera longue. Le chemin sera escarpé. Nous n’atteindrons peut-être pas notre but en un an ou même en un mandat. Mais, Amérique, je n’ai jamais eu autant d’espoir que ce soir et nous y arriverons. Je vous le promets, nous les Américains y arriverons », a-t-il déclaré. Le président élu va devoir agir vite pour rassurer une Amérique inquiète sur son avenir et pour ne pas décevoir l’immense espoir qu’il a fait naître dans l’électorat. Or, Barack Obama va hériter d’une situation économique extrêmement difficile. Les États-Unis, et le monde dans leur sillage, traversent la plus grave crise financière depuis celle de 1929. Tous les indicateurs de l’économie américaine sont au rouge. Le taux de chômage atteint 6,1 % et les prévisions pour l’an prochain sont pessimistes. Les consommateurs n’ont plus le moral. La crise immobilière n’est pas terminée. Les comptes de l’assurance-santé et de l’assurance-vieillesse sont plombés. Le pays est en outre engagé dans deux guerres, en Irak et en Afghanistan. Barack Obama va donc devoir très rapidement mettre en place son équipe s’il veut réussir la transition avec George W. Bush, à qui il succédera dans le bureau Ovale le 20 janvier. Le nom du secrétaire général de la Maison-Blanche pourrait ainsi être annoncé dès cette semaine. Le représentant démocrate de l’Illinois, Rahm Emanuel, était cité hier comme le choix le plus probable par la chaîne de télévision ABC News. M. Obama va également devoir expliquer comment il compte relancer l’économie du pays et composer avec un déficit public proche de 500 milliards de dollars. Le choix qu’il proposera pour le poste de secrétaire au Trésor devrait être significatif. Parmi les possibles candidats figurent l’ancien secrétaire au trésor de Bill Clinton, le président de la Réserve fédérale de l’État de New York, Tim Geithner, ainsi que l’ancien président de la Fed, Paul Volcker. Le président élu assistera en outre, dès aujourd’hui, au point matinal quotidien des services de renseignements sur la sécurité des États-Unis. Plusieurs noms circulent sur la liste des candidats aux postes-clés des services de renseignements qui pourraient être nommés par Obama. Parmi eux figurent l’ancien membre du Pentagone Jamie Gorelick, la représentante Jane Harman, un ancien commandant de l’OTAN, le général James Jones, ainsi que John Brennan, ancien responsable de l’antiterrorisme à la CIA. La tâche du président élu pourrait être facilitée par le fait que les démocrates ont vu, mardi, leur majorité confirmée au Congrès. Les Américains étaient aussi appelés à renouveler un tiers du Sénat et la totalité de la Chambre des représentants et, selon des résultats partiels, les démocrates ont ravi cinq sièges aux républicains au Sénat américain, ce qui leur permettrait d’avoir 56 sièges sur 100. Les démocrates ont également conforté leur majorité à la Chambre des représentants. C’est la première fois depuis 1992 que les démocrates contrôlent à la fois la Maison-Blanche et le Congrès. En ce qui concerne les chiffres de l’élection présidentielle, M. Obama a obtenu 349 mandats de grands électeurs contre 163, selon des résultats non encore définitifs, à John McCain, alors qu’il en fallait 270 pour être élu. Il a aussi remporté la majorité du vote populaire, avec le meilleur score depuis Lyndon Johnson en 1964. Le premier président noir de l’histoire des États-Unis peut en outre se targuer d’avoir obtenu environ la moitié des voix de l’électorat blanc, la quasi-totalité des voix de la communauté noire et les voix de deux Américains d’origine hispanique sur trois. 64,1% des électeurs inscrits ont participé au scrutin au niveau national, selon Michael McDonald, de la George Mason University, cité par le site indépendant RealClearPolitics qui souligne que ce taux de participation n’avait plus été atteint depuis 1908. Crise financière, un rival charismatique : McCain a affronté les pires éléments Le lourd héritage d’un président sortant impopulaire, un adversaire charismatique moissonnant les millions, et une crise financière sans précédent depuis 1929 : John McCain a affronté les pires éléments dans sa course vers la Maison-Blanche. Le sénateur de l’Arizona, âgé de 72 ans, aurait pu remporter la présidentielle s’il avait affronté séparément chacun de ces éléments plutôt qu’en bloc, a analysé son équipe de campagne. De son côté, M. McCain a reconnu sa défaite devant ses partisans rassemblés à Phoenix (Arizona). « Cet échec est le mien, pas le vôtre », a-t-il dit, accompagné de sa femme Cindy et de sa colistière Sarah Palin. Il a annoncé avoir appelé Barack Obama au téléphone pour le féliciter. « Nous avons achevé un long voyage. J’appelle tous les Américains qui m’ont soutenu à se joindre à moi pour féliciter le futur président, mais aussi pour l’assurer de notre bonne volonté », a-t-il déclaré. L’avance de M. Obama avait fondu dans les sondages vers la fin du mois d’août et début septembre, après le choix de la photogénique Sarah Palin comme colistière à la vice-présidence de M. McCain. Mais l’inexpérience avouée de ce vétéran du Vietnam sur les dossiers économiques a plombé les appuis républicains au moment où la planète financière traversait l’une de ses pires crises. D’autres sources proches de M. McCain estiment que le sénateur de l’Arizona a pâti du refus des parlementaires républicains de voter un premier plan de sauvetage des banques, une décision qui a coulé son navire. Et beaucoup de commentateurs de la droite américaine ont vivement critiqué le choix de Sarah Palin au cours des dernières semaines, estimant que Mitt Romney, un richissime homme d’affaires mormon et ancien gouverneur du Massachusetts, aurait permis à M. McCain de tenir tête aux démocrates sur les questions économiques. Autre élément-clé, le charisme de M. Obama. Le sénateur de l’Illinois s’est imposé sans faiblir tout au long du marathon électoral et a engrangé des millions de dollars de dons publics, souvent très modestes mais extrêmement nombreux. George W. Bush avait eu le dessus sur ses opposants démocrates en 2000 et 2004 grâce à une machine politique huilée, rodée, capable de semer le doute sur les qualités de l’adversaire, mais cela n’a pas fonctionné contre M. Obama, a souligné Mark Salter, conseiller senior de M. McCain. Les félicitations de Bush Le président sortant George W. Bush a appelé mardi soir Barack Obama pour le féliciter. « Monsieur le Président élu, mes félicitations ! Quelle nuit superbe pour vous, votre famille et vos partisans. Laura et moi appelons pour vous féliciter, vous et votre charmante épouse », a dit M. Bush. « Je promets que cette transition se passera en douceur. Vous êtes sur le point d’entreprendre l’un des plus grands voyages de votre vie. Félicitations, je vous souhaite d’y trouver du plaisir », a-t-il ajouté. M. Bush a également invité M. Obama et sa famille à venir à la Maison-Blanche « le plus vite possible ». Hier, M. Bush a réaffirmé à M. Obama une « coopération complète » de son administration durant la période de transition. Il a rendu un hommage appuyé à son successeur, à sa victoire « impressionnante » et surtout à ce qu’il représente. « Peu importe pour qui ils ont voté, tous les Américains peuvent être fiers de l’histoire qu’ils ont écrite hier (…) Voir le président Obama, son épouse Michelle et leurs magnifiques filles passer les portes de la Maison-Blanche sera un spectacle exaltant. Je sais que des millions d’Américains seront submergés de fierté devant ce moment grisant attendu par tellement de monde depuis tellement longtemps », a-t-il dit.
Après l’ivresse d’une victoire historique, le président élu va devoir agir vite pour rassurer les Américains inquiets sur leur avenir et ne pas décevoir les espoirs colossaux placés en lui.

Si la victoire de Barack Obama, premier président noir des États-Unis, est historique, les défis qui l’attendent sont colossaux. « Le changement est arrivé », a déclaré Barack...