Conférence Le Forum civil Euromed appelle à la libre circulation des personnes

MARSEILLE, d’Antoine AJOURY Pour la première fois, les ministres des Affaires étrangères des pays euro-méditerranéens, réunis pour deux jours à Marseille, vont recevoir aujourd’hui les résolutions de la déclaration finale du Forum civil Euromed qui a eu lieu du 31 octobre au 2 novembre dans la même ville. Dans leur déclaration finale, lue par Georges Abi Saleh, président de la Plateforme non gouvernementale libanaise, les 250 participants venus des deux rives de la Méditerranée ont appelé « les sociétés civiles à se mobiliser pour faire de la libre circulation et de la mobilité des personnes une véritable priorité pour les années à venir ». Ils ont également demandé à leurs gouvernements respectifs « de mettre fin aux visas de court séjour qui entravent les liens familiaux et les échanges humains ». Le Forum a en outre exhorté tous les pays de Partenariat Euromed de « ratifier l’ensemble des conventions internationales, notamment celle relative aux droits des migrants et celle sur le droit d’asile ». Ces recommandations font suite aux différents ateliers du Forum civil 2008 qui avait pour thème cette année « Circuler et vivre ensemble dans l’espace Euromed ». Ces ateliers, consacrés à la culture, à la jeunesse, aux femmes, aux droits de l’homme, à l’environnement et aux questions socio-économiques, ont également abouti à une série de résolutions, qui traitent directement ou indirectement des problèmes liés à l’immigration. La présentation des recommandations du Forum civil à la conférence ministérielle Euromed de Marseille consacre ainsi l’importance de ses réunions, l’unique lieu de rencontre et de débat des acteurs de la société civile du bassin méditerranéen qui se réunissent tous les deux ans autour d’une thématique transversale. Ce Forum vise à la création d’un espace de dialogue et de partage entre les réseaux et les ONG de l’espace euro-méditerranéen, afin d’élaborer des stratégies politiques communes. Dans ce contexte, l’ambassadeur Jacques Huntzinger, représentant du gouvernement français, qui préside actuellement l’UE, a estimé, lors de l’ouverture des travaux, que le Forum « devient une force de proposition pour faire avancer les relations euromed ». Revenant sur la création de l’Union pour la Méditerranée, l’ambassadeur français a insisté sur le fait que l’UPM vient poursuivre dans le même esprit le processus de Barcelone, en le modifiant pour une meilleure application. De son côté, le président de la Plateforme non gouvernementale Euromed, Abdelmaksoud Rachdi, a dénoncé la dichotomie entre le discours politique et la pratique, appelant à concrétiser la parole des dirigeants par des actions. Plusieurs responsables politiques ont assisté à ce forum et affirmé leur soutien à sa tenue. Parmi eux, Laroussi Ouestlati, représentant de la ville de Marseille et vice-président de la région CAPA, Imma I Cortes, représentant la Commission européenne, et l’ambassadeur tchèque, dont le pays présidera prochainement l’UE. Tous ont insisté sur « l’importance » du Forum civil comme lieu de rencontre, espérant que « le dialogue sera à l’avenir entre nous, et non plus entre toi et moi ». Malgré l’espoir suscité par les activités de ce Forum, Giovanna Tanzarella, déléguée générale de la Fondation René Seydoux pour le monde méditerranéen, a mis en garde contre un excès d’optimisme, rappelant l’accroissement de la pauvreté et du chômage dans les pays sud-méditerranéens, la poursuite de l’immigration clandestine, les violations flagrantes des droits de l’homme sur quasiment la totalité de la rive sud de la Méditerranée, sans oublier les conflits armés entre Israéliens et Palestiniens et la situation au Liban.