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Actualités - REPORTAGE

Auschwitz, le décor de l’horreur

Auschwitz est à l’humanité de ce que l’antimatière est à la matière : une négation absolue. On a bien fait de garder en l’état, ou presque, les deux camps de concentration voisins d’Auschwitz et Birkenau. C’est le décor extérieur d’un des plus effroyables drames de la Seconde Guerre mondiale, avec peut-être Hiroshima. Une caserne avec sa rangée de bâtiments, des poteaux d’exécution et des potences, des geôles invraisemblables et deux fours crématoires avec leurs cheminées lugubres, voici Auschwitz. À l’entrée, dérision des dérisions, un portail en fer forgé portant l’inscription : « Le travail rend libre ». Tout autour, deux rangées de fils de fer barbelés, dont le premier était électrifié. Birkenau, c’est sur un kilomètre carré de plaine, des bâtiments, tous semblables, des baraquements destinés, selon leur vocation première, au bétail, encerclés de barrières barbelées. C’est l’homme réduit en esclavage, espèce animale dont on reconnaît à la fois l’utilité comme force de travail, et l’absolue disponibilité, exactement comme on le ferait d’un bœuf. Auschwitz est aussi le camp où des justes et des héros ont vécu, où des saints, comme Maximilien Kolbe et Édith Stein, ont donné leur vie. Le premier se substituant à un père de famille condamné, pour l’exemple, à mourir de faim après la fuite d’un prisonnier ; l’autre accompagnant là sa sœur et offrant indistinctement sa vie de juive convertie pour le salut de l’Église, de son peuple et du monde. La geôle de Maximilien Kolbe, où un cierge brûle en permanence, est toute proche de celle, privée de trous d’aération, où des prisonniers sont morts d’étouffement et de celle où le détenu, tourmenté par des démons plutôt que par des hommes, ne pouvait ni s’étendre ni se mettre complètement debout. Auschwitz, c’est aussi le lieu où des expériences médicales étaient effectuées sur des être humains utilisés comme cobayes. Et l’on se prend à songer qu’il est impératif de faire visiter Auschwitz-Birkenau à tous ceux qui, se croyant maîtres de la loi morale, n’hésitent pas à faire souffrir cyniquement leurs semblables, sans se douter que la personne ainsi déshumanisée, c’est le tortionnaire et non sa victime.
Auschwitz est à l’humanité de ce que l’antimatière est à la matière : une négation absolue.
On a bien fait de garder en l’état, ou presque, les deux camps de concentration voisins d’Auschwitz et Birkenau. C’est le décor extérieur d’un des plus effroyables drames de la Seconde Guerre mondiale, avec peut-être Hiroshima.
Une caserne avec sa rangée de bâtiments,...