Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Au Liban-Sud, les Libano-Américains préfèrent Obama

Dans son restaurant à Bint Jbeil, bastion du Hezbollah dans le sud du Liban, Hussein al-Sayyed, un Libano-Américain chiite, loue le système américain et se prépare pour le jour J, raconte Rana Moussaoui dans un reportage pour l’AFP. « J’irai voter bien sûr... pour Obama ! » Décoré de photos de Hassan Nasrallah ou de Imad Moghnieh, dirigeants du mouvement chiite classé comme « terroriste » par Washington, le village offre un paradoxe : c’est d’ici que sont originaires la plupart des Libanais détenteurs de passeport américain. Mais à Bint Jbeil, surnommé « capitale de la résistance et de la libération » et théâtre des combats les plus féroces entre le Hezbollah et Israël pendant la guerre de 2006, on ne relève pas cette singularité. Car même si on conspue l’administration Bush, même si ce sont les « bombes américaines qui ont détruit le village » en 2006, on admire la nation américaine. « Je ne suis pas contre l’Amérique, je suis contre la politique de Bush », dit Hussein, qui a travaillé pendant 30 ans à New York dans le commerce. Fier de son restaurant al-Tahrir (libération), lancé en 2000 pour commémorer le retrait israélien du Sud la même année après 22 ans d’occupation, il y a accroché une photo de l’ayatollah Khomeiny, le fondateur de la République islamique d’Iran, un puissant soutien du Hezbollah, qui avait qualifié Washington de « grand Satan ». « Sans les États-Unis, je ne vaudrai rien, je n’aurai rien construit ici, affirme pourtant cet homme de 48 ans dont les six enfants ont la nationalité américaine. Là-bas, vos droits sont protégés et votre liberté d’expression respectée. » Mais l’admiration de Hussein a des limites : pas question d’envoyer sa fille aux États-Unis avant son mariage en raison de « leurs coutumes sociales ». Ali Berry, qui possède un supermarché à Detroit (Michigan, nord-est des États-Unis), se trouve à Tebnine pour la saison de la chasse. Ce village au nord de Bint Jbeil, dont sont également originaires de nombreux Libano-Américains, est quasi déserté après l’été, selon la municipalité. Beaucoup rentrent notamment dans le Michigan où vivent 150 000 Américains d’origine libanaise, d’après le Bureau de recensement américain, selon qui les Libanais arrivent en tête des Américains arabes (39 %). « Il n’y a qu’Obama qui vaille la peine », commente Ali. « Son père est musulman et noir, il comprendra mieux la région et sera moins arrogant que McCain », déclare ce sexagénaire, dans un mélange d’arabe et d’anglais. Malgré cette admiration, à Bint Jbeil comme à Tebnine, on refuse de montrer son passeport américain « pour éviter les problèmes ». À l’exception de Nehmé Hanna. Il y a deux ans, il a établi à Bint Jbeil son commerce de matériaux de construction après avoir vécu 20 ans à New York. « Je n’aime pas les gens qui font du business avec les Américains et qui leur crachent dessus en même temps. On dit que les États-Unis, c’est le grand satan, mais moi, sans eux, je n’aurais jamais pu monter mon affaire », dit-il. Ce chrétien de 35 ans est un partisan républicain, mais, cette fois, il a voté pour Obama. « McCain va certainement nous entraîner dans une nouvelle guerre s’il est élu. Pendant la guerre de 2006, j’ai ressenti un profond malaise, surtout à la vue d’une photo d’un missile “made in America” utilisé par Israël », raconte-t-il. Il affirme que ses amis américains de souche ont également été « ébranlés » par cette guerre. À Tyr, ville côtière du Sud, Sobhi al-Achkar, 70 ans, vend des voitures importées des États-Unis, d’où il reçoit 360 dollars par mois de retraite après avoir travaillé une dizaine d’années dans le Michigan dans une station-service. « Je n’ai voté qu’une fois aux élections libanaises, aucun leader ne le mérite. Mais je vais voter pour Obama ! Il est mieux pour le Proche-Orient, pour le monde entier », dit-il, exhibant son dernier modèle de Jeep Grand Cherokee.
Dans son restaurant à Bint Jbeil, bastion du Hezbollah dans le sud du Liban, Hussein al-Sayyed, un Libano-Américain chiite, loue le système américain et se prépare pour le jour J, raconte Rana Moussaoui dans un reportage pour l’AFP. « J’irai voter bien sûr... pour Obama ! »
Décoré de photos de Hassan Nasrallah ou de Imad Moghnieh, dirigeants du mouvement chiite classé...