Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Reportage Un théologien allemand met en doute l’existence du Prophète

Le prophète Mohammad a-t-il réellement existé ? Pour avoir publiquement posé cette question, et incité ses étudiants au doute, un professeur allemand de théologie islamique a été en partie relevé de ses fonctions, et craint désormais pour sa sécurité. Titulaire depuis 2004 de la chaire de religion islamique au centre d’études religieuses de l’université de Münster (Allemagne), Muhammad Kalisch, 42 ans, a dû déménager cette semaine ses bureaux dans un autre bâtiment de cette université, préférant des locaux plus faciles à surveiller par la police. « Il n’y a pas de menace concrète, mais il y a le reproche indirect que j’aurais renié ma foi. Dans la conception traditionnelle de l’islam, l’apostasie est punie de mort. Il faut donc être prudent », a expliqué le théologien, qui jusqu’à la mi-septembre était chargé de former les professeurs appelés à enseigner la religion islamique dans les écoles publiques allemandes. Or cette fonction lui a été retirée, en raison de ce qu’il qualifie lui-même de « thèses extrêmes ». Dans une récente interview au magazine Die Zeit, M. Kalisch, qui souhaite inviter ses étudiants à « penser par eux-mêmes », a ainsi expliqué que « ni l’existence ni la non-existence de Mohammad ne peut être prouvée ». « Je penche cependant vers sa non-existence », a précisé l’universitaire, qui se prénommait Sven avant sa conversion à l’islam à l’âge de 15 ans, et parle aujourd’hui, outre l’allemand, l’arabe, le turc et le farsi. En toute logique, M. Kalisch indique « ne plus croire à l’idée », pourtant issue de la doctrine musulmane, que le Coran est la parole de Dieu, directement dictée par Allah à son Prophète, tout en soulignant que « même sans un Mohammad historique, ce n’est pas la fin de l’islam ». Effaré par ces thèses, le Conseil de coordination des musulmans (KRM), un collectif de quatre associations réputées conservatrices, régulièrement concerté par l’université de Münster pour accompagner les travaux du Centre d’études religieuses, a fait part de son indignation. « Nous ne sommes pas contre la liberté de l’enseignement, mais nous ne voulons pas que (Muhammad Kalisch) forme des enseignants qui apprendront ensuite à nos enfants que le Prophète n’existe pas », a expliqué Erol Pürlü, le porte-parole du KRM. Une position défendue également par un collectif d’étudiants musulmans, qui a publié cette semaine un texte critiquant le « travail non scientifique » de M. Kalisch. Face à la colère du KRM, l’université de Münster, en coordination avec les autorités régionales qui la financent en partie, a demandé à M. Kalisch, tout en restant professeur et chercheur, d’abandonner ses fonctions de formateur des futurs enseignants de religion, au profit d’une personnalité plus consensuelle qui reste à désigner. « Nous avons voulu être pragmatiques : il est important que les personnes qui effectuent cette formation puissent être ensuite acceptées par la communauté musulmane en tant que professeurs de religion », a expliqué Andre Zimmermann, porte-parole du ministère régional de la Recherche à Düsseldorf. Dans les milieux universitaires, cette controverse suscite des réactions parfois radicalement opposées. Ainsi Muhammad Kalisch a-t-il reçu le soutien de 80 professeurs, écrivains et dignitaires religieux, signataires d’une pétition de solidarité. À l’inverse, l’universitaire berlinoise Angelika Neuwirth, spécialiste du monde arabe, a critiqué sa démarche en soulignant que ses doutes sur l’existence du Prophète « auraient été facilement levés s’il s’était penché de manière approfondie sur l’état actuel de la recherche » en la matière. Arnaud BOUVIER (AFP)
Le prophète Mohammad a-t-il réellement existé ? Pour avoir publiquement posé cette question, et incité ses étudiants au doute, un professeur allemand de théologie islamique a été en partie relevé de ses fonctions, et craint désormais pour sa sécurité.
Titulaire depuis 2004 de la chaire de religion islamique au centre d’études religieuses de l’université de Münster...