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Proche-Orient Raid US : Washington parle de « succès », Damas de « terrorisme »

Les États-Unis ont admis hier avoir mené un raid en Syrie contre un passeur de combattants étrangers, une opération rare témoignant d’une approche américaine plus agressive à l’égard des sanctuaires d’insurgés, aux frontières d’Irak et d’Afghanistan. Selon les médias syriens, des soldats américains débarqués d’hélicoptères venus d’Irak ont attaqué dimanche un bâtiment d’un village syrien, à huit kilomètres de la frontière irakienne, et entraîné la mort de huit personnes. Un responsable américain à Washington a confirmé, sous le couvert de l’anonymat, que le raid avait été mené par les États-Unis et assuré qu’il s’agissait d’un « succès » dans la lutte contre les combattants étrangers opérant en Irak. Selon lui, « l’un des plus importants passeurs de combattants étrangers dans la région », appelé Abou Ghadiya, aurait péri dans le raid. Le département d’État s’est contenté en termes officiels d’exhorter Damas à mieux contrôler ses frontières, refusant de reconnaître explicitement l’implication des États-Unis dans l’opération. « On a beaucoup lu (d’informations) dans les journaux il y a trois ou quatre ans au sujet des infiltrations en Irak par la frontière syrienne. C’est moins le cas aujourd’hui (mais) cela ne veut pas dire que les problèmes ont disparu », a déclaré le porte-parole du département d’État, Sean McCormack. Le Pentagone et la Maison-Blanche ont décliné tout commentaire sur l’incident. De Londres où il est en visite, le chef de la diplomatie syrienne, Walid Moallem, a « rejeté la responsabilité (du raid) sur le gouvernement américain ». « Tuer des civils, selon la loi internationale, revient à une agression terroriste », a dit M. Moallem, premier responsable syrien à s’exprimer officiellement depuis l’annonce du raid. Interrogé si la Syrie pourrait à l’avenir riposter par la force à une éventuelle nouvelle opération de ce type, M. Moallem a répondu : « Aussi longtemps que vous employez le conditionnel, je vous dis, s’ils le font à nouveau, nous défendrons nos territoires. » Il a indiqué que quatre hélicoptères américains avaient franchi la frontière et que deux d’entre eux s’étaient posés, avant que des soldats n’en sortent, selon lui, pour tirer sur des civils travaillant dans des champs. Le ministre syrien a aussi exprimé le souhait que le vainqueur de la présidentielle US apprenne des « erreurs » de l’ère Bush. Le gouvernement irakien, pour sa part, a affirmé que le raid visait des combattants, indiquant que le village « était le théâtre d’activités d’organisations anti-irakiennes se servant de la Syrie comme base arrière ». Entre-temps, les funérailles de sept victimes du raid se sont déroulées dans la région d’Abou Kamal, en présence de centaines de villageois qui ont scandé des slogans antiaméricains. La presse syrienne a qualifié l’opération de « crime de guerre ». « Les forces américaines venant d’Irak ont commis un assassinat de sang-froid », écrivait le journal Techrine, tandis que la télévision d’État montrait des images d’un bâtiment en construction, avec du sang sur le sol, et les victimes à la morgue. Dès dimanche, les autorités syriennes avaient convoqué les chargés d’affaires américain et irakien à Damas, demandant à l’Irak d’interdire que son sol soit le point de départ d’agressions contre la Syrie. La Ligue arabe et la France ont souhaité que « la lumière soit faite » sur ce raid. Et le Hamas a dénoncé l’opération comme une agression « barbare ». Ce raid, rare, intervient alors que Damas et Washington sont en froid, l’administration Bush accusant la Syrie d’être souvent la porte d’entrée pour les « terroristes étrangers » qui veulent combattre aux côtés du réseau el-Qaëda en Irak. L’opération coïncide également avec la multiplication, ces derniers temps, des opérations militaires américaines dans les zones tribales pakistanaises contre les talibans et leurs alliés d’el-Qaëda, accueillies par de vaines protestations d’Islamabad.
Les États-Unis ont admis hier avoir mené un raid en Syrie contre un passeur de combattants étrangers, une opération rare témoignant d’une approche américaine plus agressive
à l’égard des sanctuaires d’insurgés, aux frontières d’Irak et d’Afghanistan.
Selon les médias syriens, des soldats américains débarqués d’hélicoptères venus d’Irak ont attaqué...