Rechercher
Rechercher

Actualités

2009, ntre « rafistolage » et « reconstruction » Salim F. DAHDAH

Après une année 2008 où les Libanais ont vécu des périodes de stagnation anxieuse et enfin un retour timide à une normalisation tirée au forceps, la question que tout un chacun est en droit de se poser est la suivante : est-ce que l’année 2009 sera celle d’un simple rafistolage du panorama politique national ou bien l’occasion d’une véritable reconstruction malgré un échéancier régional stratégiquement et structurellement invasif ? Le Liban vit en effet depuis 1967 au rythme des convulsions régionales et du tracé stratégique mis en place par les États-Unis et son allié incontournable Israël. Cette longue marche, qui n’est pas encore terminée, a pris son départ concrètement à partir de 1975, date du début de la guerre du Liban, et a pu évoluer grâce à une parfaite osmose entre les promoteurs de ce projet régional et l’Occident d’une part, et une alliance objective d’autre part, avec le chiisme moyen-oriental, plus particulièrement celui d’origine iranienne, et de son bras militaire, le Hezbollah, officiellement implanté au Liban depuis 1982, et la Syrie du président Hafez el-Assad, ainsi qu’avec le sunnisme de cette région représenté par la Turquie, pays laïc, atlantiste par excellence, et rempart sécuritaire incontournable entre l’Orient et l’Occident… Trente-trois années de détresse et de déchirements, durant lesquelles toutes les valeurs démocratiques et républicaines du pays du Cèdre ont été foulées aux pieds par une tutelle cynique, avec des milliers de citoyens emprisonnés ou liquidés physiquement, des familles entières renvoyées de leurs terres ou poussées à l’émigration interne ou à l’exil hors des frontières. Aujourd’hui, où en est le peuple libanais de ses souffrances ? Est-ce que l’« hypocrisie historique », qui a profondément déstabilisé et divisé son tissu sociopolitique, aurait été conçue et programmée pour devenir l’une des clefs de voûte de ce grand changement géopolitique régional envisagé pour intégrer l’État d’Israël dans son environnement arabe ? Une telle thèse ne peut être confirmée rationnellement quand elle s’étale sur une période de temps aussi longue, mais elle laisse toutefois perplexes et désemparés les observateurs les plus objectifs, surtout quand ces derniers passent en revue et recoupent tous les événements qui se sont concomitamment succédé sur les scènes nationale et régionale et les résultats qu’ils ont entraînés. Cette question essentielle pourrait peut-être, si elle était scientifiquement analysée et soigneusement décryptée, amener les politiques et leurs conseillers, réunis dès le 16 septembre 2008 à la table de dialogue national sous la direction du président de la République, à mieux comprendre et mieux gérer les sujets de fond qui séparent les participants antagonistes et les encourager à adopter ensemble des constantes nationales plus solides. Cette démarche pousserait aussi les jeunes générations à croire à un avenir stable et indépendant, et à choisir de mener à nouveau une vie professionnelle plus sereine dans leur pays. À partir de là donc, il apparaît de plus en plus indispensable, pour assurer le succès de cette conférence, que tous les participants à ce dialogue national évaluent leurs limites politiques véritables, ainsi que celles de cet État, qu’ils envisagent de reconstruire, sans perdre de vue les marges d’action que les puissances extérieures sont prêtes à leur concéder pour réaliser cette réhabilitation des institutions républicaines. Il leur faut donc passer en revue les objectifs régionaux poursuivis par les décideurs, ainsi que les différentes alternatives mises en œuvre par ces derniers pour les atteindre. Ils devront ensuite tenir compte de ses différents scénarios et agir en fonction de leurs éventuelles conséquences sur la scène interne libanaise, tels par exemple : – une désintégration pure et simple de la formule constitutionnelle actuelle ; – une victoire militaire et politique de l’une des composantes religieuses qui pourrait entraîner son « annexion» des autres parties ou une suprématie constitutionnelle sur elles ; – un programme élargi de restauration de l’État étalé dans le temps et conforme à l’évolution géopolitique en voie de réalisation depuis le début du conflit israélo-arabe. Face à chacune de ces options, une stratégie doit être décidée pour protéger et assurer la continuité historique de la nation. Prochain article : L’indispensable aval de toutes les parties Article paru le samedi 18 octobre 2008
Après une année 2008 où les Libanais ont vécu des périodes de stagnation anxieuse et enfin un retour timide à une normalisation tirée au forceps, la question que tout un chacun est en droit de se poser est la suivante : est-ce que l’année 2009 sera celle d’un simple rafistolage du panorama politique national ou bien l’occasion d’une véritable reconstruction malgré un...