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Pérou Les vestiges préincas menacés par la croissance anarchique de Lima

Environ 250 « huacas » sont dénombrées et s’étendent chacune sur plus de 10 000 mètres carrés, la majorité dans un état de ruines. Plus de 200 vestiges préincas, vieux de plus de 900 ans, sont menacés par la frénésie de constructions anarchiques qui s’est emparée de Lima (8 millions d’habitants), la capitale du Pérou, pays andin détenant actuellement le record de croissance économique d’Amérique latine. Ces vestiges sont surtout des pyramides abritant des tombes de chefs indigènes ou des lieux de culte, connues populairement sous le nom quechua de « huacas » signifiant « dieux de la maison ». Construits en « adobe », pour torchis en quechua, une terre séchée mélangée à de la paille et durcie au soleil, nombre de ces monuments se sont détériorés, abandonnés aux vicissitudes du temps et des intempéries, sans guère d’espoir de restauration faute d’argent et d’intérêt des autorités locales. À cause de l’urbanisation frénétique que connaît Lima, l’édification de tours de bureaux menace ces petites pièces d’architecture pyramidale nichées entre les gratte-ciel de béton et de verre toujours plus hauts. Récemment, la mairie de Lima qui comptait construire une route en bordure d’une « huaca » a suscité la colère d’étudiants d’une université proche de San Marcos qui a du même coup mis en évidence les inquiétudes des spécialistes de ce patrimoine ancien. « Les autorités municipales ne savent pas grand-chose de l’archéologie de Lima, c’est pour cela qu’elles veulent raser les huacas », déclare à l’AFP l’historien Luis Millones. « Ce qui existait, ce sont les propres Péruviens qui l’ont détruit avec la croissance de la ville, déplore-t-il, ce que n’avaient pas fait les (conquérants) Espagnols » entre les XVIe et XIXe siècles. Il faut « construire l’avenir en respectant le passé », estime en outre M. Millones. « Le Pérou devrait faire comme le Mexique pour préserver son patrimoine historique, qui, dans sa capitale, a construit le métro à côté du templo Mayor. Cela est possible avec de la volonté politique », poursuit cet historien de renommée. À l’évidence, la fièvre de la construction qui s’est emparée de Lima avec la forte croissance économique (+8%), portée par celle des exportations de matières premières (plomb, cuivre, fer, étain, or, argent, etc.), modifie rapidement le paysage urbain et menace le patrimoine archéologique de la capitale où tous les quartiers comptent de ces vestiges incas ou préincas. « On ne peut pas renoncer au passé », insiste M. Millones. Environ 250 « huacas » sont dénombrées à Lima et s’étendent chacune sur plus de 10 000 mètres carrés, la majorité dans un état de ruines. Cependant, une poignée d’entre elles furent restaurées et transformées habilement en restaurants chics pour touristes, comme la « huaca Pucllana » dans le quartier résidentiel de Miraflores. En revanche, celle de Garagay, à l’instar de beaucoup d’autres, a été abandonnée, après la construction à proximité d’une tour à haute tension, à des migrants pauvres à la recherche d’un toit. Une autre « huaca » nommée « Mateo Salade », du nom d’un émigrant français protestant, Mathieu Salade, première personne a avoir été condamnée au bûcher par l’Inquisition espagnole au XVIe siècle sous la colonisation, a été changée illégalement et impunément en ateliers de réparation d’automobiles.
Environ 250 « huacas » sont dénombrées et s’étendent chacune sur plus de 10 000 mètres carrés, la majorité dans un état de ruines.
Plus de 200 vestiges préincas, vieux de plus de 900 ans, sont menacés par la frénésie de constructions anarchiques qui s’est emparée de Lima (8 millions d’habitants), la capitale du Pérou, pays andin détenant actuellement le record...