Kim Jong-il en habile tacticien

Âgé de 66 ans, le « cher leader » – son surnom officiel – est un héritier, élevé dans la nomenklatura communiste, mais sa biographie s’inscrit, elle, dans la légende coréenne. Selon la propagande officielle, lorsque Kim Jong-il a vu le jour, le 16 février 1942, une étoile et un double arc-en-ciel sont apparus. La montagne où il serait né, le mont Paekdu, le plus haut sommet du pays (2 744 mètres), à la frontière chinoise, est sacrée. C’est là, dit-on, qu’est née la Corée. En fait, la plupart des historiens considèrent qu’il est né en Russie, dans un camp d’entraînement des partisans communistes d’où son père Kim Il-sung a dirigé la guerre de résistance contre l’envahisseur japonais jusqu’en 1945. Après avoir décroché un diplôme d’économie politique à l’Université Kim Il-sung en 1964, le jeune homme de 22 ans grimpe les échelons du Parti des travailleurs de Corée (PTC) au pouvoir. Il s’occupe notamment de propagande. En 1991, Kim Jong-il est nommé commandant suprême des forces armées nord-coréennes, position-clé du régime. L’année suivante, son père, Kim Il-sung, fait savoir publiquement que son fils est chargé des affaires intérieures nord-coréennes. Trois ans après la mort de son père (1994), Kim Jong-il prend officiellement les rênes du PTC dans des circonstances difficiles, après une terrible et meurtrière famine. Le mode de vie du dirigeant a été tellement raillé qu’il est devenu un protagoniste d’une série télévisée américaine. En plus d’un fort penchant pour les cognacs fins, le « numéro un » collectionne les conquêtes, tout comme les films hollywoodiens dont il détiendrait une vingtaine de milliers. Mais l’image est trompeuse : « Le monde extérieur entretient le mythe d’un play-boy totalement bizarre. Le véritable Kim est politiquement très habile. Il a ce talent nord-coréen de savoir jouer d’une position faible », selon un de ses biographes, Michael Breen.