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Actualités - CHRONOLOGIE

Joaillerie Cartier à la XXIVe Biennale des antiquaires

Paris, Grand Palais. Sous lumière zénithale, dans le silence feutré de l’un des derniers monuments de l’Exposition universelle, la XXIVe Biennale des antiquaires draine un monde au-dessus des contingences. Toujours à la même place, au fond et à gauche de la galerie centrale, un antre de bois blond et de velours rouge surveillé par des gardiens à oreillettes et des chasseurs sortis de Spirou : le pavillon Cartier. Au bout d’un parcours quasi initiatique où le kitch sublime des fleurs carnivores de Victoire de Castellane pour Dior joaillerie côtoie le classicisme de Tiffany et Van Cleef, Cartier révèle un univers inclassable. Pour comprendre les exigences de la maison, il faut s’être fait raconter les aventures rocambolesques des chasseurs de pierres, lancés à travers le monde pour apparier qui un diamant, qui un rubis, trouver le jumeau, même dimension, même couleur, même eau. Il faut ensuite avoir visité le saint des saints, l’atelier, rue de la Paix, où le calme apparent des sertisseurs (pour la plupart des maîtres arméniens du Liban) n’est que le signe d’une extrême tension. Qu’un joyau casse et c’est parfois le retour à la case départ, nouvelles quêtes improbables et nouvelles surenchères. Mais l’incident est rarissime et, au royaume du luxe, on ne parle pas de malheur. Tout semble miraculeux. Chez Cartier, pas de créateur vedette. C’est l’esprit de la maison qui est mis en avant. Un esprit soufflé par les lares de grands artistes qui ont marqué leur époque, l’extravagante actrice mexicaine Maria Felix, Jean Cocteau, Jean Marais ; ou dicté par l’histoire, la Libération, ou par ce lien quasi intime avec l’Inde, grand fournisseur de pierres précieuses, jamais absente des thèmes majeurs des collections. En 2008, c’est Monica Belluci qui joue les égéries, prêtant la perfection de son buste à un collier de platine orné de boules de « tanzanite », de béryl vert gravé, de saphirs, de perles et de diamants. En haute joaillerie, c’est d’ailleurs la pierre et elle seule qui inspire lignes et mouvements. Forme, couleur et facettes font jaillir comme une évidence, ici un dragon croqueur de diamants, là un feuillage, là encore un ciel ou un océan. Les soixante-dix pièces montrées à la biennale semblent surgies d’une histoire fantastique racontée par des gemmes de légende, tels ces saphirs padparadscha (fleur de lotus) provenant de très anciennes mines de Ceylan. Aucun objet ne porte un nom. Seulement des numéros, codes réservés aux initiés qui savent les traduire en données tangibles. Le commun des mortels n’y voit littéralement que du feu. Éblouissement, éclat indescriptible, chaque bijou semble taillé à même la lumière. Quatre pièces légendaires provenant des collections Cartier créent l’attraction. Un collier en platine comprenant notamment 7 grands diamants taille ancienne de 4,01 à 20,79 carats. Une broche composée de palmes en or recouvertes d’émail noir porte 6 diamants « briolette tabiz » de formes variées, représentant les fruits. Un sautoir dont la chaîne, composée d’une succession de motifs triangulaires pavés de diamants, porte un pendentif au centre duquel brille une perle fine en forme de bouton de couleur crème avec une nuance verte. Enfin, un collier inspiré du pectoral égyptien, reflet d’un savoir-faire étonnant, où Cartier intègre des faïences antiques à une pièce contemporaine. En forme de temple égyptien, serti de diamants, d’onyx et d’émeraudes entourant quatre statuettes de faïence vernie turquoise représentant les quatre fils d’Horus, ce collier est considéré par la maison comme le lien stylistique entre le passé et l’avenir. Comment se forgent les légendes !
Paris, Grand Palais. Sous lumière zénithale, dans le silence feutré de l’un des
derniers monuments de l’Exposition universelle, la XXIVe Biennale des antiquaires draine un monde au-dessus des contingences. Toujours à
la même place, au fond et à gauche de la
galerie centrale, un antre de bois blond et de
velours rouge surveillé par des gardiens
à oreillettes et des...