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Actualités - REPORTAGE

Histoire Violente République démocratique du Congo

32 ans de dictature, une guerre sanglante qui implique huit armées et une multitude de groupes rebelles, un processus de transition politique fragile et une crise qui couve toujours dans l’est du pays. L’histoire de la République démocratique du Congo est un échec, peut-on lire dans un ouvrage géopolitique. Un échec sanglant. La RDC avait tout pour être une grande puissance africaine, notamment un territoire immense gorgé de ressources minières, hydrographiques, agricoles. Mais sa puissance potentielle a probablement été la source de ses malheurs, ses richesses suscitant la convoitise, alors que sa taille et les 250 ethnies réparties sur son territoire rendaient difficile la naissance d’un véritable sentiment d’unité nationale. Loin du scénario idéal, la RDC a été gangrenée par les dictatures et les guerres. De 1965 à 1997, un homme dirige l’ancienne colonie belge d’une main de fer, le maréchal Mobutu Sese Seko. Durant ses 32 ans de règne, le dictateur ruine son pays et contribue à sa désintégration. La première guerre du Congo débute en 1996. À l’époque, la RDC s’appelle Zaïre, une décision de Mobutu. En octobre de cette année, l’armée rebelle de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL), née dans l’est du pays, lance l’offensive contre le pouvoir central. Ce groupe est appuyé, sinon initié, par un voisin du Zaïre, le Rwanda. À l’été 1996, le Rwanda est aux mains des Tutsis du Front patriotique rwandais (FPR), qui ont pris le pouvoir après le génocide perpétré à leur encontre par les Hutus rwandais. Les miliciens hutus rwandais, par crainte de représailles, se sont réfugiés de l’autre côté de la frontière, au Congo. Les Tutsis du FPR voient d’un mauvais œil ce rassemblement de Hutus à leurs frontières. Durant l’été 1996, le FPR travaille à la mise en place d’un front rebelle zaïrois, l’AFDL, dirigé par Laurent Désirée Kabila. Si l’objectif initial de l’AFDL est de neutraliser les Hutus, le mouvement rebelle décide bientôt de pousser l’avantage et de renverser le dictateur Mobutu. Rapidement, la guerre prend une ampleur régionale. Avec le soutien du Rwanda, de l’Ouganda et de l’Angola, les rebelles marchent sur la capitale zaïroise, Kinshasa, où les proches de Mobutu s’entre-déchirent. Le 16 mai 1997, le maréchal, surnommé le « vieux léopard », prend la fuite. Laurent Désirée Kabila prend le pouvoir et redonne au pays son nom de République démocratique du Congo. La première guerre du Congo a pris fin. Rapidement, la seconde se profile, alors que le nouveau maître de Kinshasa est incapable d’empêcher les attaques contre le Rwanda à partir du territoire congolais et la montée des tensions entre les différentes ethnies congolaises. En 1998, alors que Kabila est plus impopulaire que jamais, les voisins du Congo décident, à nouveau, de prendre les choses en main. Le Rwanda, ancien soutien de Kabila, et l’Ouganda décident de renverser le président congolais. Cette fois-ci, il ne s’agit pas vraiment de contenir les Hutus réfugiés au Congo, mais de mettre la main sur les richesses minières et agricoles congolaises. Kabila, de son côté, obtient l’appui du Zimbabwe, de l’Angola, de la Namibie et du Tchad, lui-même soutenu par la Libye. Huit armées, le Burundi rejoignant les opposants à Kinshasa, sont engagées dans la bataille. La « première grande guerre africaine » a débuté. Rapidement, l’alliance entre le Rwanda et l’Ouganda commence toutefois à s’effriter. Apparaît alors un nouveau mouvement rebelle congolais, soutenu par Kampala : le Mouvement de libération du Congo (MLC) dirigé par Jean-Pierre Bemba, le fils d’un lieutenant de Mobutu. Progressivement, les mouvements rebelles se divisent, les alliances se font et se défont, de nouveaux mouvements d’opposition apparaissent, le Congo s’enfonce dans un chaos de conflits régionaux et internes. Grâce à l’intervention de médiateurs internationaux, un accord de cessez-le-feu est signé le 10 juillet 1999 à Lusaka par les six pays impliqués dans le conflit et l’ensemble des mouvements rebelles. Mais sur le terrain, l’accord n’est pas appliqué. Il faut attendre l’assassinat de Laurent Désirée Kabila, le 16 janvier 2001, pour qu’une ouverture apparaisse. Le lendemain de cet assassinat, Joseph Kabila, fils du président assassiné, prend le pouvoir. Rapidement, il met en place une politique différente de celle de son père, affirme son intention de respecter l’accord de Lusaka et lance un dialogue intercongolais. Le 16 décembre 2002, le dialogue interne accouche d’un accord « global et inclusif ». Il prévoit une période de transition politique de deux ans, alors que des représentants des différents mouvements rebelles obtiennent des postes de vice-présidents. Malgré la fragilité du processus, la croissance économique repasse dans le vert, les effectifs de la Monuc (Mission des Nations unies au Congo) sont renforcés, le processus de reconstruction des institutions politiques est initié. Il se traduit, à l’été 2006, par l’organisation d’une élection présidentielle, remportée par Joseph Kabila. Si un léger vent d’optimisme souffle sur la RDC, la crise couve à l’Est, dans le Kivu. La région même où se sont réfugiés, en 1994, les Hutus rwandais. Une région où les tensions sont fortes depuis cette date. En 2004, alors que la RDC est en plein processus de transition politique, le Kivu s’embrase à nouveau. Le 7 janvier de cette année est annoncée la création d’un nouveau mouvement rebelle, le FLEC (Front de libération de l’Est du Congo), opposé à la restauration de l’autorité de l’État sur le Kivu et dont on dit qu’il est soutenu par le Rwanda dirigé par les Tutsis. Le 26 mai 2004, un général congolais fidèle au gouvernement de Kinshasa décide d’arrêter certains de ses soldats suspectés de faire du trafic d’armes depuis le Rwanda. Les rangs éclatent. Bukavu, capitale du Sud-Kivu, s’embrase. Le général congolais tutsi, Laurent Nkunda, qui dirige la branche armée du FLEC, prend la tête de la rébellion contre le pouvoir central. Le Rwanda entre à nouveau dans le jeu, accusant Kinshasa de soutenir les rebelles hutus. À force de pressions internationales, la crise est contenue. Un temps seulement. Dans les mois et les années suivants, les combats entre les rebelles de Nkunda et l’armée congolaise reprennent à intervalles réguliers. Fin 2007, l’espoir renaît quant à une résolution de la crise du Kivu. En novembre 2007, les gouvernements congolais et rwandais ratifient le communiqué de Nairobi. Le 23 janvier 2008, 22 groupes rebelles et le gouvernement congolais signent l’accord de Goma, selon lequel les parties s’engagent notamment à cesser toutes les attaques contre les civils. Dans la foulée est organisée une conférence sur la paix, la sécurité et le développement. Ces trois étapes constituent le programme Amani pour l’est du Congo. Toutefois, entre la signature de l’accord de Goma et juillet dernier, plus de 200 violations du cessez-le-feu ont été enregistrées. Le 28 août dernier, les combats reprenaient violemment au Nord-Kivu entre l’armée congolaise et les rebelles de Nkunda dont le mouvement a été rebaptisé Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). À la mi-septembre, les combats se déroulaient à une vingtaine de kilomètres seulement de Goma, la capitale du Nord-Kivu. Avec ces combats, la tension est remontée d’un cran entre la République démocratique du Congo et le Rwanda, le président congolais, Joseph Kabila, accusant Kigali de ne « pas être innocent » dans cette reprise des affrontements. Le Rwanda, de son côté, a démenti une nouvelle fois apporter tout soutien au rebelle Laurent Nkunda. Lundi dernier, les Nations unies annonçaient que ces nouveaux combats ont provoqué le déplacement forcé de 100 000 personnes. Au total, les combats au Kivu ont entraîné depuis leur déclenchement le déplacement d’un million de personnes. On estime en outre qu’entre 1997, année de la chute de Mobutu, et 2007, près de quatre millions de personnes ont été tuées durant les différentes guerres congolaises, dont la dernière a pris officiellement fin en 2002. Un bilan qui fait de cette guerre congolaise la plus meurtrière depuis la Seconde Guerre mondiale. Repères Population : 62,6 million (ONU, 2007) Superficie : 2 345 410 km2 (presque un quart de la superficie des États-Unis) Religion : 80 % de chrétiens, catholiques romains et protestants. 10 % de musulmans. Espérance de vie : 45 ans (hommes), 48 ans (femmes) (ONU) Alphabétisation des plus de 15 ans : 67,2 % PNB/habitant : 120 $ (Banque mondiale, 2006) Classement à l’index de développement humain : 168 (sur un total de 177, en 2007) Ressources naturelles : cobalt, cuivre, pétrole, pierres précieuses dont diamants, or, argent, manganèse, zinc, uranium, charbon, étain…
32 ans de dictature, une guerre sanglante qui implique huit armées et une multitude de groupes rebelles, un processus de transition politique fragile et une crise qui couve toujours dans l’est du pays.
L’histoire de la République démocratique du Congo est un échec, peut-on lire dans un ouvrage géopolitique. Un échec sanglant. La RDC avait tout pour être une grande...