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Actualités - CHRONOLOGIE

Les trésors de Bergé et Saint Laurent bientôt aux enchères

Quelques mois après le décès d’Yves Saint Laurent, Pierre Bergé disperse les œuvres d’art acquises avec le couturier, dont des Matisse et des Picasso, pour ce qui s’annonce comme la vente aux enchères du siècle. Plus de 700 objets – tableaux, sculptures, pièces de mobilier, d’orfèvrerie, etc. – seront proposés par Christie’s, en association avec la maison Pierre Bergé & associés, du 23 au 25 février 2009 au Grand Palais, à Paris. Fruit de 50 ans de complicité entre deux esthètes, cette collection privée est, aux dires des spécialistes, l’une des plus extraordinaires jamais mises sur le marché. On y trouve un Picasso de 1914 (Instruments de musique sur un guéridon, estimé entre 30 et 40 millions d’euros) et plusieurs Matisse (dont Les coucous, tapis bleu et rose, estimé entre 15 et 20 millions). C’est devant cette œuvre de 1911, annonciatrice de la période orientaliste du peintre, qu’est assis un Yves Saint Laurent songeur sur le carton de présentation de la vente. Sont en outre proposés des tableaux d’Edgar Degas et de Jean-Auguste-Dominique Ingres, une sculpture en bois de Constantin Brancusi, deux très rares têtes d’animaux en bronze chinoises du XVIIIe siècle, un torse masculin romain du Ier siècle ou encore un « bar YSL » imaginé par l’artiste français François-Xavier Lalanne. Les recettes de la vente, estimées entre 200 et 300 millions d’euros, iront à la fondation que Pierre Bergé souhaite créer pour aider la recherche scientifique, notamment contre le sida. « Si je suis fier d’une chose dans cette collection, c’est de l’exigence qui a toujours été apportée par Yves Saint Laurent et moi dans l’achat de ces objets » a-t-il souligné lors d’une conférence de presse au siège parisien de Christie’s. « Tout est exceptionnel » L’homme d’affaires a dit préférer se séparer de la collection « au feu des enchères » plutôt que de la mettre dans un musée, afin de « ne rien laisser au hasard ». « C’est le jour où le dernier objet sera passé sous le marteau du commissaire priseur qu’à mon sens, cette collection aura écrit le mot “fin” » a-t-il dit. Pierre Bergé, qui aida Yves Saint Laurent à fonder sa maison de couture au début des années 1960 et protégea le couturier jusqu’à sa mort le 1er juin dernier, a aussi expliqué son choix de disperser leur collection en France. « Elle a été faite par deux Français qui ont fait leur argent en France. Elle devait se vendre à Paris », a-t-il dit. Autour de lui, les experts en art rivalisaient de superlatifs pour qualifier la collection. « Je n’aurais jamais imaginé que je pourrais un jour organiser une vente pareille », a dit à Reuters Thomas Seydoux, directeur du département art impressionniste et moderne de Christie’s. « Il n’y a aucun déchet dans cette collection. La provenance, l’âge, la date, l’état de conservation, le pedigree des œuvres, tout est exceptionnel », s’est-il enthousiasmé. Au cours de la conférence de presse empreinte d’émotion, où semblait planer le fantôme d’Yves Saint Laurent – même son chien, Moujik IV, était là –, l’antiquaire Alexis Kugel a raconté comment le couturier venait choisir un objet dans sa boutique pour calmer ses nerfs mis à mal par la préparation d’une collection de haute couture. À 77 ans, Pierre Bergé a affirmé qu’il saurait désormais se passer de ses œuvres. « Ces tableaux-là, même quand ils seront partis, ils ne me quitteront pas, a-t-il dit à Reuters. Je peux très bien vivre sans collection. Yves Saint Laurent et moi avons commencé dans la vie il y a 50 ans sans ces meubles, ces tableaux et, croyez-moi, nous étions très heureux. » Gilles TREQUESSER/Reuters
Quelques mois après le décès d’Yves Saint Laurent, Pierre Bergé disperse les œuvres d’art acquises avec le couturier, dont des Matisse et des Picasso, pour ce qui s’annonce comme la vente aux enchères du siècle.
Plus de 700 objets – tableaux, sculptures, pièces de mobilier, d’orfèvrerie, etc. – seront proposés par Christie’s, en association avec la maison...