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Exposition De la diplomatie au burin Edgar DAVIDIAN

Après Paris et Rome, c’est Beyrouth, dans le splendide écrin de la villa Audi, au cœur d’Achrafieh, qui accueille les nouvelles sculptures de Patrick Renaud. Une troisième exposition de l’ambassadeur de la Commission européenne, vibrante d’amitié pour le pays du Cèdre, et qui s’intitule sans ambages et en toute clarté poétique « Mes ombres du Liban ». Souvenir, nostalgie, tension, impression, sensation, joie, douceur, chagrin, tristesse d’un séjour certes riche, mais toujours houleux, mouvementé…  « Un séjour qui m’a plu et marqué », souligne Patrick Renaud. Cette exposition est comme un véritable retour aux sources d’une inspiration née justement en l’an 2000 et que, précise le sculpteur, « favorisent la lumière et l’énergie » de cette terre d’accueil, de fraternité et de convivialité. Et d’ajouter : « Beyrouth est pour moi une source d’inspiration. Je me devais de rendre ce que l’on m’avait donné…Cette exposition au Liban est un moment grave et émouvant. Grave parce qu’il est chargé de mémoire et émouvant, parce qu’il y a ce partage avec des amis… Beyrouth, c’est beaucoup de choses… » De la diplomatie au burin, de la parole au bronze, de la mondanité aux fourneaux de la terre cuite, des salons où l’on cause avec brio à la poussière des pierres taillées, quelles affinités, quels rapports, quels rapprochements, quelles similitudes, quels points communs ? D’emblée, l’art de la diplomatie et celui de tailler des formes dans des matières rebelles et dures semblent inconciliables… Et pourtant, c’est toujours dans un parcours de création que s’établissent ces deux disciplines puisant vie à sources différentes. Très vite l’esprit s’éclaircit et les mondes se rejoignent quand le sculpteur Patrick Renaud, ambassadeur de la Commission européenne en Jordanie et au Yémen après avoir été assez longtemps familier des cercles diplomatiques libanais, s’entretient de ses créations, aujourd’hui sagement (et adroitement !) posées sur leur socle en pierre. La ronde des bacchanales… « Je ne veux pas abandonner la diplomatie, confie Patrick Renaud, au détriment de l’encouragement pour ce qui est ma sculpture. Pour moi, l’une nourrit l’autre… » Une trentaine de créations, fines, élégantes, presque menues et délicates dans la précision de leurs détails, effilées et paradoxalement légères, aériennes dans leur gaine en bronze ou en terre cuite. Des sculptures à dimensions plutôt réduites ou moyennes qui prennent leur envol, comme un souffle « gebranien » incantatoire et évocateur, sous les spots des projecteurs, devant de grandes fenêtres donnant sur un jardin dégagé et verdoyant, soigneusement entretenu… Une ronde de femmes nues, ni provocantes dans leur nudité ni trop (im)pudiques dans leur attitude, brassant l’air et caracolant dans le vide comme des danseuses captives des mailles de leurs désirs, fous ou bridés, compose l’univers subtilement chorégraphié de Patrick Renaud. « Car le corps de la femme est harmonie », explique cet artiste qui aime aussi bien Brancusi que Rodin ou Michel-Ange, mais dont l’exemple de grandeur en sculpture demeure Camille Claudel. « Imaginez un peu ce petit bout de femme qui fait de la taille directe sur la pierre… », commente-t-il en ajustant ses lunettes sur son nez et nouant ses doigts dans un geste sans nervosité. Une ronde de bacchanales, ivres de rêves, de liberté, d’espace, portées par un état de nature, d’une sensualité presque native et païenne. Une ronde d’où émergent des êtres pris entre tourmente et liberté, entre douleur et grâce, entre pose pensive et acrobatie périlleuse, entre élan et abattement, entre statisme et mouvement giratoire. Le tout dans cette nudité désarmante et lisse, lustrée pour les bronzes, rêche ou veloutée pour les argiles au ton parfois sombrement terre de Sienne… Depuis les premiers essais en bois aux premiers modèles en terre cuite, Patrick Renaud s’est engagé dans une aventure figurative. « Je ne sais pas pourquoi je n’ai rien à dire du côté de l’abstrait. Je suis foncièrement figuratif. Mes motifs d’inspiration sont difficilement cernables. Ça dépend des moments, de la concentration, de la réflexion. Ça dépend surtout de mes états d’âme… Et c’est avec Mazmanian, sculpteur arménien rompu au métier, installé depuis un certain temps au Liban, que s’est créé ce lien qui unit sans doute tout sculpteur à un fondeur. Il est vrai je suis rétif à tout enseignement, mais avec Mazmanian j’ai su donner du relief à travers détails et patines à toutes les formes que je module, à toutes les ombres que je traque… Il est vrai que je suis influencé par ce que je vois et, sans imiter personne et sans vouloir livrer un message particulier, j’ai sans doute pris à tous les artistes qui ont nourri ma sensibilité. La sculpture, c’est la recherche de formes, d’ombres qui expriment le mieux une sensation, un mouvement. Le détail n’est pas important. Une sculpture réussie est celle qui fait courir l’imagination de celui qui la regarde…»
Après Paris et Rome, c’est Beyrouth, dans le
splendide écrin de la villa Audi, au cœur d’Achrafieh, qui accueille les nouvelles sculptures de Patrick Renaud.
Une troisième exposition de l’ambassadeur de la Commission européenne, vibrante d’amitié pour le pays du Cèdre, et qui s’intitule sans ambages et en toute clarté poétique « Mes ombres du...