Rechercher
Rechercher

Actualités

Le salut dans les urnes de 2009 Dr Maria BASSIL

Il est décidément des articles qu’on n’a pas du tout envie d’écrire, par pudeur parfois, par désespoir souvent, par dépit ou découragement et même parfois par peur d’être taxée de sectarisme. Cet article est de ceux-là, car il s’adresse à une tranche bien définie de la population : la tranche chrétienne, la plus divisée, la plus lénifiée, la plus en danger et malheureusement la plus immature politiquement. 7 mai 2008 : Beyrouth et sa belle montagne du Chouf sont assiégées. Populations malmenées, humiliées, séquestrées. Le choc est énorme sur le plan national. Le rouleau compresseur hezbollahi fait fi de ses éternelles promesses divines et envahit une capitale longtemps bercée aux doux sons du pluralisme, de la coexistence, de la liberté d’expression et surtout aux lignes rouges jamais transgressées même aux pires moments de la guerre. Les principaux seigneurs de la montagne, la veille ennemis jurés, font immédiatemente face à l’assaut et le choix courageux de l’unité pour éviter la scission de leur communauté et des effusions de sang inutiles. Les sunnites aussi font bloc face à l’agression dont ils sont l’objet, et même Omar Karamé clame haut et fort que sa loyauté ne va ni à ses alliances politiques, ni à son identité libanaise, ni même à son allié syrien, mais indéniablement et indiscutablement à sa communauté si celle-ci se trouve en danger. Trois mois, trois petits mois ont suffi pour que, malgré les énormes divergences et les rancœurs, les premières réconciliations voient le jour. Le chemin est, bien sûr, long, les couleuvres dures à avaler mais, pour le bien de leurs communautés respectives, les ennemis d’hier entament de timides négociations. Et nous ? Pauvres de nous ! Voilà presque deux décennies que la guerre fratricide a eu lieu entre les chrétiens, les mettant sur les genoux et les anéantissant politiquement. Quinze ans d’exil et onze ans de prison plus tard, rien n’a été entamé sur le fond pour que soit enterrée à jamais, et pour le bien de tous, la hache de guerre. La rue chrétienne est en ébullition, en perdition. Elle est minée par les divisions futiles, les rancœurs stériles, l’esprit clanique, le clientélisme et surtout par une classe politique décevante et pyromane qui, au lieu de faire la paix des braves et de plancher sincèrement sur un projet et une vision communs et salutaires afin de pérenniser l’avenir des chrétiens dans ce pays, se consacre à des batailles électorales dérisoires, des portefeuilles ministériels bidons qui ne servent que leurs propres intérêts sur le court terme, des joutes verbales incendiaires et des conférences burlesques qui n’honorent en rien ceux qui les tiennent. Pourtant, les leçons de l’histoire auraient dû être impérativement tirées. Dix-huit années de brimades en tout genre, de servitude, d’aliénation, de manifestations interdites, de bastonnades par un ennemi commun, de mise au ban de tout pouvoir décisionnel auraient dû marquer à jamais et au fer les esprits et les corps, et réveiller en nous le besoin incontournable et sacré d’être unis définitivement. La réalité malheureusement est désolante et les racines du mal intactes : toujours les mêmes tranchées, les mêmes accusations de traîtrise, les mêmes foules galvanisées autour de leur dirigeant et non autour de leur drapeau, les mêmes relents de haine et de mépris, le même culte autour de la personnalité d’un chef et non autour des valeurs et des principes élémentaires et fondamentaux de solidarité et de fraternité, le même cynisme, la même hargne à l’égard d’un frère, d’un parent ou d’un voisin qui a le malheur de ne pas être un aficionado. La diversité des partis politiques est, bien sûr, synonyme de civisme, de démocratie, de bonne santé politique mais, dans notre cas, ce n’est plus du tout de cela qu’il s’agit, mais au contraire d’autodestruction et de suicide collectif. Nos dirigeants n’ont pas l’air d’avoir encore compris l’enjeu énorme sur lequel repose notre propre survie, empêtrés qu’ils sont dans leurs disputes et aveuglés par leur ego surdimensionné. Alors, le salut doit venir impérativement du peuple, de celui qui a déboulé un certain 14 mars dans les rues de la capitale pour rejeter toutes les formes d’hégémonie et fabriquer son propre printemps. Le salut doit venir des urnes en 2009. À chacun d’élire en son âme et conscience celui non pas qui a goudronné devant notre porte ou pistonné notre fils dans l’administration, ou obtenu une annulation de quelques-unes de nos contraventions, mais le plus représentatif de nos espoirs pour un Liban pluriel et définitivement projeté vers l’avenir et la paix et non enlisé, à son corps défendant, dans des desseins guerriers et totalitaires. Un changement des mentalités mais surtout un sursaut historique et une réflexion profonde à l’échelle nationale sur les critères de notre choix électoral sont nécessaires pour obtenir un vote intelligent et responsable qui garantira l’avenir de nos enfants dans ce beau pays. Un vote décisif qui doit balayer cette nomenclatura archaïque et si décevante, et installer aux postes-clefs de l’État des personnalités fiables, intègres, justes, dignes et nobles, de la trempe d’un Carlos Eddé, d’un Ziyad Baroud, d’un Ziyad Maged, d’un Ibrahim Mohammad Mehdi Chamseddine, d’un Demianos Kattar, d’un Ghassan Salamé, d’un Tarek Mitri et j’en passe, qui croient dur comme fer en la vraie démocratie et surtout en son application. Le Liban compte beaucoup d’hommes de l’ombre d’une exceptionnelle valeur. C’est à nous et à nous seuls qu’incombe la très lourde mais si gratifiante tâche de les hisser aux postes de responsabilité pour bâtir avec eux le Liban dont nous rêvons depuis si longtemps. Pour ne pas un jour nous retrouver avec nos seules larmes pour pleurer... Pour pouvoir un jour regarder fièrement nos enfants droit dans les yeux et leur dire : j’y étais… Pour ne pas conforter l’adage si cruel mais si récurrent chez nous qui dit que : « On n’a que les dirigeants qu’on mérite… » Article paru le vendredi 26 septembre 2008
Il est décidément des articles qu’on n’a pas du tout envie d’écrire, par pudeur parfois, par désespoir souvent, par dépit ou découragement et même parfois par peur d’être taxée de sectarisme. Cet article est de ceux-là, car il s’adresse à une tranche bien définie de la population : la tranche chrétienne, la plus divisée, la plus lénifiée, la plus en danger et...