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Actualités - OPINION

J’accuse !

J’accuse l’apathie d’un peuple qui a faim. J’accuse l’ignorance d’un peuple qui paie pour l’eau qu’il ne reçoit pas. J’accuse la froideur d’un peuple qui n’a ni électricité ni moyen de survie et qui répond encore : « Qu’est-ce qu’il m’est donné de faire sinon me taire ? » Qui est celui qui ose prêcher l’augmentation des salaires ? Ne sait-il pas que 200 000 livres libanaises sont médiocres par rapport à la pénurie qui sévit au Liban ? Faisons-nous une raison : un citoyen pourrait les dépenser rien qu’en payant l’abonnement au générateur électrique (désormais supérieur à 50 dollars, voire même 75 dollars dans la plupart des régions) et les citernes d’eau (parce qu’il est impératif que les canalisations d’eau potable se rompent une semaine sur deux – tout au moins à Beyrouth, le mois de septembre). Quand on y pense, en utilisant la raison, on se rend compte que le Liban est un pays de contradiction : comment un État, qui assure aux abonnés l’Internet à haut débit, peut-il survivre sans le minimum de confort ? Pourquoi y a-t-il des magasins qui vendent à prix plus ridicule qu’exorbitant les marques internationales, alors que plus de la moitié des Libanais vit sous le seuil de la pauvreté ? Mais encore… Comment le salaire d’un ministre peut-il être suffisant pour s’approprier une villa de luxe gardée par des voitures encore plus luxueuses ? Précisons que l’ironie suggérée par cette dernière phrase n’a pas pour but ultime d’incriminer le respectable État libanais. Il est vrai que ce dernier ne peut plus être décrit comme simplement « corrompu » étant donné qu’il a dépassé les limites humaines de la corruption. Bien au contraire, le premier coupable est le Libanais, trop résiliant pour se libérer de l’injustice qui lui libère l’oxygène au compte-gouttes ! J’appelle à la révolution tous ceux qui croient encore au Liban : il suffit que tous ensemble nous disions non au quotidien anormal : par groupe restreint, nous nous réunissons encore autour de leaders qui prônent l’indépendance et la liberté du pays. Aveuglés par ces idées, nous avons vieilli en attendant le début d’une renaissance qui ne commence pas (et ce depuis des décennies). Et comment viendrait-elle si, pour acquérir l’indépendance, nous sommes condamnés à rester dépendants des autres ? Ça suffit ! Au lieu de croire au virtuel, réunissons-nous autour du rêve d’un Liban un, autonome et vivant, et faisons en sorte que ce rêve devienne réalité. J’accuse tous ceux qui croient que notre union serait vaine. J’accuse ma famille d’accepter la situation actuelle. J’accuse les religions d’ignorer que Dieu le Père est à la fois chrétien, musulman et juif. J’accuse les intellectuels du pays d’avoir baissé les bras trop tôt. J’accuse les commerçants de bâtir des fortunes sur le dos des pauvres qui n’ont pas de quoi se nourrir. Je demande à Dieu de bénir le Liban… Il ne faut pas qu’il agonise plus longtemps. Jamale RIZKALLAH
J’accuse l’apathie d’un peuple qui a faim.
J’accuse l’ignorance d’un peuple qui paie pour l’eau qu’il ne reçoit pas.
J’accuse la froideur d’un peuple qui n’a ni électricité ni moyen de survie et qui répond encore : « Qu’est-ce qu’il m’est donné de faire sinon me taire ? »
Qui est celui qui ose prêcher l’augmentation des salaires ?
Ne sait-il...