Rechercher
Rechercher

Actualités

Repenser l’ensemble de la formule libanaise Professeur Mounir CHAMOUN

Il reste tout de même que ce monde occidental auquel on veut se référer et psychologiquement appartenir est un monde qui sauvegarde la liberté d’expression, qui admet en son sein pluralisme et diversité, et qui promeut des cultures et des technologies proches des aspirations d’une grande majorité de Libanais (voir L’Orient-Le Jour du mardi 23 septembre 2008). Cependant, il faut bien l’avouer, durant la législation actuelle et jusqu’au dernier jour, le groupe parlementaire souverainiste aura fait preuve d’une très grande peur et de pratiques anticonstitutionnelles multiples, cédant devant le spectre du déclenchement possible d’hostilités internes et devant les menaces directes ou indirectes de l’opposition, si bien qu’il a ouvert la voie à tous les abus de l’autre camp, qui a ainsi fini par obtenir gain de cause sur le terrain et à Doha, pour toutes ses revendications essentielles. C’est de là que vient le mal : le tiers de blocage dans un cabinet d’union nationale, la honteuse reconduction de la loi électorale de 1960, le découpage des circonscriptions, le maintien de l’armement du Hezbollah et de ses zones sécuritaires interdites aux forces régulières et tant d’autres aberrations ! À quand le mea culpa de la félonie, devant également les nombreux silences judiciaires à la suite de tous les assassinats politiques ? À l’opposé se présente l’option incarnée par ce qu’il est convenu d’appeler l’opposition plurielle libanaise, en réalité le courant représenté par la Résistance islamique et l’idéologie théologico-politique du Hezbollah. Cette milice a bien confisqué l’opinion chiite dans sa totalité et réduit au silence le parti Amal. Deux autres partis « libanais » ont toujours nié l’existence même de l’entité libanaise et souhaité tout simplement sa disparition : le parti Baas et le PSNS. Où se situe donc la libanité de cet ensemble hautement pris en otage par le Hezbollah ? Et comment comprendre, dans la conjoncture actuelle, l’attitude et la « philosophie » politique du général Aoun? Comment faire confiance à une opposition qui fait pourtant partie du gouvernement et dont la conduite reste motivée par le blocage de son action ? L’électeur, requis devant les urnes en avril 2009, ne doit-il pas réfléchir à toutes ces données et abandonner le clientélisme personnalisé qui demeure, hélas, le seul mode d’emploi électoral dans notre société et dans nos mœurs politiques ? Il doit comprendre clairement que si l’opposition, dans son ensemble, est d’appartenance libanaise, elle est d’allégeance prioritairement non libanaise ou très peu libanaise. Ces considérations pourraient nous mener à penser que nous sommes dans une impasse sociale et politique, et que notre avenir est lourdement hypothéqué par toutes ces orientations divergentes. Oui, dans un certain sens. Mais le moyen de briser le fatum est à portée de main. Il est impératif d’interdire à la Syrie, par le truchement de ses alliés locaux, de revenir en omniprésent décideur sur la scène libanaise. Les électeurs souverainistes doivent se mobiliser ardemment à cet effet. Et que par la suite, la nouvelle Chambre, quelle qu’en soit la majorité, ait la sagesse de se muer en « Constituante » pour repenser l’ensemble de la formule libanaise, revoir objectivement tous les accords conclus jusqu’ici par arrangements aussi mesquins que circonstanciés, et pour édifier les bases d’une démocratie et d’un État modernes, compte tenu de l’ensemble des données nouvelles sur divers plans. Certains jalons relatifs à cette édification avaient été esquissés dans les accords de Taëf, comme la déconfessionnalisation progressive et la régionalisation administrative, ou d’autres réformes restées lettre morte. Comme l’expérience a montré l’inanité de ces innovations, bloquées à dessein par la tutelle, ce sont d’autres mécanismes de changement qui doivent être trouvés et mis en place, après avoir été admis par tous, en fonction d’une affectio societatis véritable qui implantera enfin la citoyenneté consensuelle et qui ouvrira la voie à une neutralité positive de notre pays, à laquelle aspirent de tout leur être les Libanais animés d’une volonté de vivre, de produire, d’innover pour perdurer dans le mouvement ascendant de la civilisation et du progrès. Article paru le mercredi 24 septembre 2008
Il reste tout de même que ce monde occidental auquel on veut se référer et psychologiquement appartenir est un monde qui sauvegarde la liberté d’expression, qui admet en son sein pluralisme et diversité, et qui promeut des cultures et des technologies proches des aspirations d’une grande majorité de Libanais (voir L’Orient-Le Jour du mardi 23 septembre 2008).
Cependant,...