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Actualités - CHRONOLOGIE

Style Medvedev reprend à son compte le langage fleuri de Poutine

Avortons, cadavre politique, nabot, givré… Le vocabulaire musclé de Vladimir Poutine, qui interloque les Occidentaux et fait glousser ou rougir les Russes, envahit peu à peu le langage de son successeur au Kremlin, Dmitri Medvedev. « Le monde entier a vu qu’il y a des avortons prêts à tuer des gens innocents et inoffensifs au nom de leurs intérêts du moment », lançait M. Medvedev fin août dans une allusion au président géorgien Mikhaïl Saakachvili et à l’offensive militaire de Tbilissi en Ossétie du Sud. « Le président Saakachvili n’existe plus pour nous. Il est un “cadavre politique” », se déchaînait-il, le 2 septembre, alors que le chef de l’État géorgien était déjà la cible de toutes les piques et moqueries dans les médias russes. Il a également publiquement qualifié le leader géorgien de « nabot » et « givré ». L’intervention géorgienne a visiblement dénoué la langue du nouveau président russe, juriste de formation, plus connu jusqu’alors pour son verbe policé, souvent technocratique. Le 11 septembre, le président russe invitait Washington à « coopérer » avec la Russie contre le terrorisme plutôt qu’avec « des régimes pourris », dans une allusion à peine voilée à la Géorgie, alliée des Américains. « En utilisant ce jargon populaire, Medvedev cherche une popularité à l’intérieur du pays, mais aussi veut redorer le blason de la Grande Russie aux yeux de l’Occident », estime Olga Krychtanovskaïa, experte des élites à l’Institut russe de sociologie. « Mais Medvedev n’est qu’un disciple assidu de Poutine qui sort à l’improviste ces expressions populaires », rappelle-t-elle. Dernièrement, Vladimir Poutine, dont la cote de popularité avait vertigineusement grimpé en 2000 après sa fameuse promesse de buter les Tchétchènes jusque dans les chiottes, a de nouveau décoché une de ces flèches dont il a le secret. « Vous croyiez qu’on allait essuyer notre morve sanglante (...) et tirer au lance-pierres ? », a lancé le Premier ministre, ancien officier du KGB, alors que des analystes occidentaux évoquaient devant lui, le 11 septembre, une riposte militaire russe « excessive » en Géorgie. Les Géorgiens « devaient s’attendre à en prendre plein la gueule » après leur « provocation » en Ossétie du Sud, a-t-il conclu. « Le choix de ce langage est aussi un message à l’Occident : Poutine et Medvedev veulent montrer qu’ils ne vont plus se gêner, avec les ressources naturelles qu’a la Russie, rien ne les menace », considère Olga Krychtanovskaïa. Pour Fiodor Loukianov, directeur de la revue La Russie dans la politique mondiale, ce style « est une nouvelle forme de franchise politique ». « Poutine estime qu’il faut dire à l’Occident ce qu’on pense, espérant visiblement entendre des choses franches en retour. Il veut pousser l’Occident à lui dire des choses essentielles », mais en vain : « Cela ne fait qu’aggraver la situation », analyse M. Loukianov, cité par le site gazeta.ru. Le langage parfois brutal de leurs dirigeants séduit en revanche les Russes. « Il est évident que certaines couches sociales apprécient d’avoir un leader qui parle comme eux », commente à l’AFP le directeur du centre de sondage indépendant Levada, Lev Goudkov. « C’est pour cela que Dmitri Medvedev, avec son image de libéral, a voulu copier le style de Poutine », ajoute le sociologue.
Avortons, cadavre politique, nabot, givré…
Le vocabulaire musclé de Vladimir Poutine, qui interloque les Occidentaux et fait glousser ou rougir les Russes, envahit peu à peu le langage de son successeur au Kremlin, Dmitri Medvedev. « Le monde entier a vu qu’il y a des avortons prêts à tuer des gens innocents et inoffensifs au nom de leurs intérêts du moment », lançait...