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Actualités - CHRONOLOGIE

INITIATIVE La musique se démocratise

Colette KHALAF En janvier 2008, loin des roulements de tambour de la guerre, la musique faisait irruption dans la localité de Beit-Méry. Un groupe d’enfants de tout âge débarque « en fanfare et trompettes » dans une salle de l’école des Frères aménagée à l’occasion et s’initie aux notes de musique. Mis en œuvre par l’association à but non lucratif, baptisée « LeBam » (« The Lebanese Band Association for the Promotion of Music »), ce projet, qui voit enfin le jour, tend à développer un orchestre d’harmonie. Dans la région de Beit-Méry d’abord, avant de donner naissance à d’autres ensembles. À l’origine de ce projet, le député Ghassan Moukheiber qui, lors d’un voyage récemment à Corfou, a vu ces ensembles « fleurir » dans les rues, créant des liens dans la communauté et semant de facto la joie. « Je suis retourné au Liban avec une seule idée en tête : créer des orchestres d’harmonie qui s’inspireraient des modèles européen et américain. » Soutenu par Ghassan Tuéni, Walid Gholmieh, Assaad Hajj, Roland Raad et Miral Bou-Hamad, qui constitueront dans un premier temps un conseil d’administration, Moukheiber va s’atteler à collecter les fonds nécessaires pour l’achat d’instruments. « Je remercie tous les mécènes privés ou collectifs qui se sont enthousiasmés pour ce projet et qui se sont vite empressés de nous aider, souligne-t-il, notamment la ville de Genève », dont la coopération a été plus que décisive dans la mise au point de ce programme. Le processus était dès lors en marche. Au service de la communauté « L’objet de l’association est de développer partout au Liban des orchestres d’harmonie (instruments à vent, cuivres et percussion) qui sont capables de se produire dans les endroits publics, toutes sortes de musiques, du jazz au folklorique, en passant par le classique », affirme Moukheiber. Si l’un des objectifs immédiats proposé par l’association est de multiplier ces orchestres et de rassembler le plus grand nombre de jeunes, celle-ci a par ailleurs d’autres buts : assurer une activité pacifique aux citoyens ; leur donner la possibilité de développer l’activité musicale en tant que profession ou source de revenu complémentaire ; mettre à la disposition des jeunes des instruments jusque-là inconnus par eux, et enfin développer le travail en équipe et, par conséquent, le sens du service communautaire. « Cette éducation musicale mise à la portée d’enfants, pour la plupart profanes mais désireux d’apprendre et n’ayant pas la possibilité matérielle de le faire, a pour objectif de “démocratiser” la musique », signale Ghassan Moukheiber. Les enfants de dix à dix-huit ans ont très vite répondu à cette invitation. « Soixante-dix adolescents, tous enthousiastes, ont accouru de toutes les localités proches de Beit-Méry », raconte Miral Bou-Hamad. Ne sachant même pas manipuler un instrument, ils étaient tous curieux d’apprendre. « Malgré les circonstances difficiles que nous vivions à l’époque, poursuit-elle, aucun d’eux ne s’est absenté un seul jour des cours ». Un enthousiasme contagieux C’est en effet un apprentissage très élaboré et précis qui est dispensé à ces enfants. Rassemblés par petits groupes sous la supervision de quelques professeurs, venus pour la plupart du Conservatoire national de musique (avec lequel un accord a été conclu), les jeunes apprendront, à jouer d’un instrument, mais aussi à s’initier à la vie de groupe. En bénéficiant d’une exonération des frais d’inscription au conservatoire, ces élèves se verront décerner, à la suite du cursus, les certificats et les diplômes correspondant à leurs études. Le professeur de saxophone Tom Hornig décrit cette expérience comme exaltante. « Ayant moi-même fait partie d’une fanfare dans le cadre de l’université, je qualifierai ce choix d’engagement car il s’agirait pour l’enfant de s’exercer au sein du groupe et d’emporter également son instrument à la maison afin de s’y adapter et organiser son temps. » Une évasion certes pour ces jeunes, mais également une discipline à respecter. « L’ensemble consistant en divers membres de la famille des vents (flûte, clarinette, saxophone), des cuivres (cor d’harmonie, trompette, trombone, tuba) et de percussion (tambours et timbales) devient à son tour une grande famille composée des enfants, mais aussi des parents partageant des activités musicales », avoue Moukheiber, qui se réjouit de la bonne marche du projet et qui tient à préciser que la fanfare d’harmonie diffère de celles, traditionnelles, existant dans certaines régions au Liban et qui jouent, sans polyphonie, lors d’événements religieux ou politiques. « La fanfare d’harmonie aura pour objectif de donner des concerts tout au long de l’année, en plein air ou en salle, les instruments de ce genre étant adaptés à l’humidité et aux conditions climatiques, ajoute-t-il. Elle animera des événements publics hormis ceux à connotation politique. Les Libanais doivent comprendre qu’une fanfare n’est pas seulement militaire, mais qu’elle peut avoir un large répertoire de musique que l’association cherchera à se procurer au fil des années. » Ce premier projet pilote est un modèle qui sera reproduit pour les fanfares d’harmonie dans tout le pays. « Il conduira à l’émergence, nous l’espérons, de quatre nouveaux centres régionaux de musique, notamment à Jal el-Dib, au Akkar, à Saïda ou Tripoli. Des lancements d’inscriptions ainsi qu’un concert de Noël et, par la suite, une invitation de la ville de Genève ; ce sont autant de dates inscrites à l’agenda de ce programme à l’envergure nationale», conclut Ghassan Moukheiber En attendant, en avant la fanfare.
Colette KHALAF

En janvier 2008, loin des roulements de tambour de la guerre, la musique faisait irruption dans la localité de Beit-Méry. Un groupe d’enfants de tout âge débarque « en fanfare et trompettes » dans une salle de l’école des Frères aménagée à l’occasion et s’initie aux notes de musique.

Mis en œuvre par l’association à but non lucratif,...