Humeur La solitude, ça n’existe pas*

Avec les combines et magouilles qui sont les leurs en ce moment (sinon depuis toujours), les politicards se foutent sans doute de mon point de vue, mais je suis résolu à leur donner un sage conseil?: arrêtez votre cinéma, il ne fait plus recette. C’est du chiqué?! Vous n’imaginez pas le dégoût de la population vis-à-vis de vos comportements stupides, mais malsains. Quand on réalise qu’il y a à peine trois ans on arrivait encore à faire rêver le grand public avec l’histoire de la cohabitation, joyeuse et fraternelle, de pleins de Libanais dans un appartement communautaire… De nos jours, certains en sont à regretter nos fiançailles (prolongées) avec la Syrie, et bien avant l’Égypte, alors projeter un mariage avec l’Arabie et l’Iran, pensez?! Au lieu de nous embrouiller d’incompréhensibles querelles institutionnelles, au lieu de nous assommer encore avec les lectures divergentes d’une Constitution en coma dépassé, concentrez-vous chers messieurs sur le seul vrai moteur des peuples, et des scénarios?: les merveilleuses histoires d’amour qui peuvent unir les uns avec les autres. Mais détrompez-vous, pas celles qu’on trouve dans les talk-shows (qui font beaucoup plus toc que chaud). Joumblatt quittera-t-il Geagea pour Aoun?? Hariri arrêtera-t-il de vouloir tromper tout le monde avec Nasrallah?? C’est sûr, les histoires de couple ne manquent pas au Liban. Et puis cette obsession pour les histoires de fric qui est la marque déposée de nos politicards – que dire l’emblème?! Nous vivons un cinéma grotesque, dont les acteurs manquent de talent et le public d’intelligence, et surtout d’appréciation. Je ne veux pas en remettre une couche sur cette déchirure qui n’en finit plus, les «?oui?», les «?non?», les «?je te hais?», les «?tu n’es qu’un traître?», etc. Je m’interroge seulement?: quand arrivera-t-on enfin à s’aimer, à s’accepter?? On se déteste, puis, à un moment du scénario-catastrophe, on organise une grande fête réconciliatrice, on boit comme des trous et, après avoir vomi comme des malades, on se réveille tous endormis les uns contre les autres. Depuis le 7 mai, on a tous la gueule de bois, mais personne ne se souvient avoir bu, et on continue à dormir seuls. La solitude, ça n’existe pas, disait Bécaud. Et Sacha Guitry qui clamait?: «?Je vais donc enfin vivre seul et, déjà, je me demande avec qui???» Nahi LAHOUD * Titre d’une chanson de Gilbert Bécaud.