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À Fontainebleau, une?«?greffe?» réussie de l’art contemporain et du patrimoine

Le château de Fontainebleau (Seine-et-Marne) accueille «?Château de Tokyo/Palais de Fontainebleau?», une exposition d’œuvres d’art contemporain choisies par le directeur du Palais de Tokyo et subtilement «?greffées?» à la demeure royale. La quinzaine d’œuvres sélectionnées par Marc-Olivier Wahler, dont la plupart ont déjà été montrées au Palais de Tokyo, prennent ici une nouvelle dimension, en entrant en résonance avec l’architecture, les tableaux et le mobilier du château, dans une «?logique de greffe?» plus que de «?confrontation?», explique le directeur. Le château, en retour, s’offre au regard sous un jour nouveau. Le promeneur, habitué à visiter le patrimoine avec un œil d’historien, se surprend à envisager les œuvres pour ce qu’elles sont – des créations. «?L’irruption de l’art d’aujourd’hui (...) permet d’appréhender la totalité du château sous un regard neuf et libre, qui, sans méconnaître l’histoire, s’attache davantage à la création proprement dite, privilégiant les réactions d’émotion, d’interprétation et de curiosité de chacun?», souligne Bernard Notari, directeur du château. L’œuvre de l’Autrichien Werner Reiterer, au seuil du château, donne le ton. Le spectateur accueilli par des bruits de chantier se demande quels travaux troublent la tranquillité du palais de François Ier. Il s’aperçoit bientôt qu’il s’agit de la bande sonore d’un chantier fictif, matérialisé par un monticule de terre, des barrières, une pelle, celui de «?l’entrée du centre de la terre?». Le château fut, autrefois, le centre du monde, semble rappeler l’installation, dans une invitation au voyage spatial et temporel. Plus loin, une Ferrari en marbre, un trompe-l’œil figurant un trou dans les jardins taillés au cordeau, de la fumée s’échappant des fenêtres mettent l’imagination du visiteur en branle, entre passé et présent. «?On greffe des scénarios possibles issus du monde contemporain aux scénarios que suggère le château?», explique Marc-Olivier Wahler, qui est aussi commissaire de l’exposition. Dans les salles royales se nouent d’étranges dialogues : une balançoire s’envolant grâce à deux hélices, signée Roman Signer, remet tout à coup en mouvement la salle de bal, tandis que les trois «?sommets de montagne?» de Luca Francesconi, posés sur des stèles dans la chapelle, semblent en repousser les voûtes. L’exposition, qui joue le plus souvent sur le registre de la discrétion et du décalage subtil entre l’œuvre et son écrin, se clôt sur deux pièces spectaculaires : un chat «?collé?» au plafond grâce à l’hélium qui l’emplit, face à des tableaux de chasse, et un éléphant naturalisé, en équilibre sur sa trompe. Comme si l’éléphant, symbole royal par excellence, incarnant force et sagesse, se libérait enfin de sa «?gravité?» pour accomplir une figure toute en légèreté. «?Château de Tokyo/Palais de Fontainebleau?» est le second volet d’un cycle de partenariats entre le château et des institutions d’art contemporain, initié l’an dernier par Bernard Notari avec l’exposition «?Picasso à Fontainebleau?». Stéphanie LEROUGE (AFP)
Le château de Fontainebleau (Seine-et-Marne) accueille «?Château de Tokyo/Palais de Fontainebleau?», une exposition d’œuvres d’art contemporain choisies par le directeur du Palais de Tokyo et subtilement «?greffées?» à la demeure royale.
La quinzaine d’œuvres sélectionnées par Marc-Olivier Wahler, dont la plupart ont déjà été montrées au Palais de Tokyo,...