FESTIVAL DE RUE - Hier à Sanayeh et cet après-midi, à 16 heures, au jardin de Sioufi Au bout d’un fil avec Marie et Tonio

Face au béton de la ville et à l’ennui du quotidien, Marie et Tonio ont choisi l’insolite, le surprenant, pour égayer et rompre toute monotonie. Avec quelques bouts de ficelle, du bois et des chiffons, ils parviennent à créer un univers particulier où évoluent leurs marionnettes. Le couple d’artistes s’est produit hier au jardin de Sanayeh. Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion de le voir, le spectacle aura lieu cet après-midi, à 16 heures, au jardin de Sioufi. À recommander aux grands et aux petits. Marie et Tonio?: deux noms, deux artistes, mais à eux deux, ils forment «?Marieettonio?», un mot qui évoque la discipline artistique qu’ils ont choisie il y a dix ans et qu’ils ont réussi à structurer en 2003. Avec Marie et Tonio, cette marionnette qui se balance au bout d’un fil oscille entre ancien et moderne, traditionnel et novateur. Issus des beaux-arts (une formation de sculpteurs et de plasticiens), les deux marionnettistes voyagent, se nourrissent d’images et de cultures diverses afin de construire leurs spectacles. «?Nous sommes des autodidactes côté théâtre et nous aimons jouer dans la rue qui devient à son tour notre source d’inspiration, précise Marie. Ainsi, le dragon que Tonio présente dans ses fables a été créé lors de notre voyage au Vietnam.?» Des dragons et des grenouilles, Lulu et Far West from Home sont ces trois spectacles visuels sur fond musical que les marionnettistes ont choisi de présenter aux enfants rassemblés en arc de cercle dans le jardin de Sanayeh. Mais les grands étaient également au rendez-vous. «?Il ne faut pas croire, signale Marie, que notre spectacle s’adresse seulement aux jeunes. Il vise à créer un peu de poésie que nous offrons aussi aux adultes.?» Les univers de Marie et Tonio sont différents puisque ce dernier emploie les marionnettes à fil dans Des dragons et des grenouilles et aussi pour Far West from Home alors que sa partenaire choisit d’avoir une relation plus rapprochée avec son personnage, Lulu, qui emprunte à sa marionnettiste ses jambes ou ses mains. Lulu est un petit conte de fées visuel où un nain fait une série de gestes quotidiens avant d’aller se coucher. Jusque-là, rien d’inhabituel, sauf que tous ses mouvements sont justement détournés de ce monotone quotidien. Pour Des dragons et des grenouilles, les personnages en bois et métal (par ailleurs très expressifs) sortent de leurs coffres-castelets comme des jouets oubliés de l’enfance. Ils reviennent illustrer les vieilles peurs de chacun et se rient tendrement de nos angoisses. Repoussés d’abord par leurs grimaces, les enfants essayent de passer à l’offensive. Une interaction ludique s’instaure entre le spectateur et l’interprète. Enfin, la troisième saynète en instantanés courts et rapides s’inscrit dans la tradition des vieux «?cartoons?». En pleine quête de l’or, un pauvre cow-boy erre dans le désert de l’Ouest, accompagné de son seul cheval sur un fond de musique digne des grands westerns. En chemin, il rencontre une poule. L’action s’installe. Avec des marionnettes à fils ou corporelles, manipulées à vue, Marie et Tonio entraînent le spectateur dans leur monde des sons et des images. Véritables hommes-orchestres, ils construisent leurs personnages, leurs décors et choisissent eux-mêmes les bandes son. Et, à l’image de petites fables, leurs spectacles s’adaptent aux lieux visités. Un parcours à deux qui ne fait pourtant que commencer… sans « ficelles à leur destin?». Colette KHALAF