Rechercher
Rechercher

Actualités

Véritable tollé à la suite des propos de Aoun ; Gemayel en visite de solidarité dans les locaux du journal ; hommage du 14 Mars à l’O-LJ

L’attaque frontale lancée avant-hier par Michel Aoun contre L’Orient-Le Jour a suscité au cours des dernières 24 heures une kyrielle de réactions (journalistes, hommes politiques, figures de la société civile…) extrêmement fermes, condamnant toutes cette dérive qualifiée, pour le moins, d’« inadmissible ». Les présidents des ordres de la presse et des journalistes, Mohammad Baalbacki et Melhem Karam, ont ainsi pris contact avec la direction de L’Orient-Le Jour pour rendre hommage à tous les journalistes qui y travaillent et saluer leur rôle dans « le renforcement de la cohésion nationale ». « La presse libanaise respecte la justice et obéit à ses jugements ; en aucun cas elle n’anticipe son travail. Et ce n’est pas parce que les deux ordres demandent à tous les journalistes de faire primer la précision et l’objectivité dans la transmission de l’information, notamment lorsque cela est lié à des sujets graves, que cela veut dire que la presse doit payer le prix des divergences politiques et des tiraillements » entre les uns et les autres, écrit le communiqué conjoint publié par les deux hommes. « Il est inadmissible que la presse soit menacée à cause de ses prises de position et de sa façon d’appréhender les informations, surtout quand elles sont imputées à des sources », ajoute le texte, soulignant que la liberté de la presse est un des aboutissements les plus sacrés de la démocratie, et qu’elle est irremplaçable. Gemayel Au sein de la classe politique en général, et du 14 Mars en particulier, les condamnations n’ont pas tardé à pleuvoir. En déplacement en signe de solidarité dans les locaux du journal (et malgré les nombreuses contraintes sécuritaires auxquelles il est soumis), le chef des Kataëb, Amine Gemayel, a estimé que cette attaque « nous ramène aux jours noirs de l’hégémonie syrienne, qui s’employait à bâillonner toutes les voix libres au Liban. Si on n’y prend pas garde, ce danger ne peut que faire tache d’huile et on se retrouvera du jour ou lendemain dans un pays totalement privé de liberté d’expression », a mis en garde l’ancien chef d’État. Et d’ajouter : « Je me souviens que quand il était Premier ministre, le général Aoun utilisait les mêmes procédés pour intimider les journalistes et leur dicter ce qu’ils avaient à faire et dire – ou pas. » Amine Gemayel a commenté en des termes très durs le commentaire par le chef du CPL de l’affaire de Sojoud. « On a l’impression que Michel Aoun s’est totalement renié », a-t-il constaté, dénonçant la « caution » de l’émergence d’une « pseudo-souveraineté » et d’« enclaves échappant totalement à l’autorité de l’État », contrôlées par le Hezbollah, ainsi que la « banalisation de l’assassinat d’un jeune frère d’armes officier, abattu de sang-froid alors qu’il était en mission commandée ». Pour le chef des Kataëb, « ce qui est encore plus grave, c’est que le général Aoun a occulté le fait que cette région (l’Iqlim el-Touffah) n’est absolument pas soumise à l’autorité de l’État. Au-delà de ce monstrueux assassinat, ce problème de souveraineté reste la dimension principale du problème », a-t-il insisté. Et de déplorer que le Hezbollah, « qui se présente comme une résistance islamique, évolue dans des régions chrétiennes », concluant qu’il est extrêmement « regrettable que le général Aoun se soit fait l’avocat d’une telle hérésie ». « Aucune circonstance atténuante ne peut justifier cette mise en cause de L’Orient-Le Jour. La dérive ridicule qui transforme l’absurdité en certitude devient le signe de la décadence de nos mœurs politiques. Il incombe à tout homme libre et démocratique dans ce pays de dénoncer avec force et conviction encore une fois ce terrorisme intellectuel qui s’exerce sur nos journalistes », a dit pour sa part le vice-président des Kataëb, Sélim Sayegh, accusant le Hezbollah de s’être comporté « comme une armée régulière, disputant la souveraineté à l’État libanais. En tuant des soldats d’une autre armée, même si elle est armée, il est passible d’avoir commis un crime de guerre », a-t-il également relevé. Lahoud Le ministre d’État Nassib Lahoud s’est déclaré « désolé » de voir « certains hommes politiques » continuer à se comporter avec la presse et les médias au Liban « comme s’ils étaient, eux, la cause du problème. Il est impossible d’accuser L’Orient-Le Jour de vouloir semer la discorde ; L’Orient-Le Jour est le quotidien en langue française le plus authentique dans le pays et dans la région, un quotidien des plus humanistes, fidèle à son identité et son appartenance libanaises. Impossible de l’accuser d’un tel acte, surtout en ce qui concerne l’incident de Sojoud : chaque Libanais loyal a adopté, à ce sujet, la même position que celle de L’Orient-Le Jour et de toute la presse libre », a souligné le chef du Renouveau démocratique. « Dénaturer le débat et créer une bataille contre la presse libre ne sert à rien et ne réussira pas à occulter ce problème fondamental contre lequel nous avons, maintes fois, mis en garde, en demandant que les capacités du Hezbollah soient intégrées dans le giron de l’État », a ajouté le ministre Lahoud. Quant au vice-président du RD, l’ancien député Camille Ziadé, il a estimé, à l’issue d’un entretien avec le ministre de la Justice, Ibrahim Najjar, que cette façon de faire avec les médias est « inadmissible, surtout que L’Orient-Le Jour a prouvé que c’est un journal qui n’est pas partisan et qui ne défend que le droit et les intérêts du Liban ». Frangié Pour le député de Zghorta, Samir Frangié, « celui qui ne cesse de rouvrir les dossiers de la guerre de manière à replonger le pays dans le climat des combats fratricides, celui qui diffuse des documentaires sur l’affaire d’Ehden comme si ce massacre était récent et qu’il avait eu lieu il y a une semaine, celui qui tente de rouvrir les fosses communes de façon à raviver les plaies du passé, est le dernier à pouvoir accuser L’Orient-Le Jour de chercher à semer la discorde. C’est en effet en s’obstinant à rouvrir tous les anciens dossiers de la guerre que l’on sème la discorde et non pas en rapportant des informations », a-t-il martelé. Et d’insister sur le fait que « le général Aoun prétend que L’Orient-Le Jour a devancé les résultats de l’enquête, alors que lui-même a en réalité avalisé la thèse du simple accident avant même que l’investigation ne soit menée à son terme ». Député de Beyrouth, Atef Majdalani a dénoncé le « totalitarisme » de ceux qui essaient de museler « les esprits et les plumes libres » au Liban. « Ces temps-là sont définitivement révolus », a dit le député à l’issue d’un entretien avec le métropolite de Beyrouth, Mgr Élias Audi. Quant à Dory Chamoun, il a estimé que la demande faite au parquet par Michel Aoun de soumettre L’Orient-Le Jour à une enquête est « celle de tous ceux qui veulent noyer la vérité. Ceux-là agressent de cette façon en oubliant que la mission de la presse est de mettre la vérité en relief, quelle qu’elle soit », a dit le chef du PNL sur le perron de Koraytem. Quant au secrétaire général du parti, Élias Abou Assi, il a relevé que « le stade suprême du terrorisme est de se livrer à une opération d’intimidation visant à tenter de museler les journalistes et les intellectuels ». Le 14 Mars Réunis dans la nuit à Koraytem, les pôles du 14 Mars (Gemayel, Hariri, Joumblatt, Geagea, etc.) ont publié un communiqué refusant catégoriquement « toutes les pressions exercées contre les médias libres au Liban », faisant notamment allusion à L’Orient-Le Jour, et à ce qu’a subi ce journal « que nous considérons comme étant une tribune libre et objective dont s’enorgueillit la société libanaise ». Plus tôt dans l’après-midi, le secrétariat général de l’Alliance du 14 Mars a publié un communiqué dans lequel, après avoir relevé que le responsable direct de l’incident de Sojoud, le Hezbollah, se contente du strict minimum au niveau des prises de position, elle accuse le chef du CPL « de vouloir couvrir cette agression flagrante contre l’institution militaire (…) en recourant à son procédé préféré : terroriser la presse et les opinions libres. Cette fois, c’est L’Orient-Le Jour qu’il a menacé, parce que ce journal a eu le courage de décrire l’agression contre le capitaine Hanna comme il fallait qu’il le fasse », écrit le communiqué. « La maestria du général Aoun à couvrir une telle agression, le peu de cas qu’il fait du sang des martyrs, de la troupe et du prestige de l’État ne réussiront pas à faire passer ce crime. Les méthodes terroristes du général Aoun n’ont jamais réussi à aboutir à quoi que ce soit et ne réussiront pas à faire taire L’Orient-Le Jour ou les médias libres que le général Aoun insulte et menace à tour de bras, de la même façon qu’aucun symbole du mandat de tutelle, au plus fort de ce régime sécuritaire terroriste, n’avait pu le faire », conclut le communiqué du 14 Mars. Dont le secrétaire général, l’ancien député Farès Souhaid, a accusé Michel Aoun de mener « une opération politique terroriste contre la presse et l’opinion libre au Liban. Cela est au cœur du comportement de Michel Aoun avec la presse depuis 1989 », a-t-il rappelé. Pour sa part, l’ancien ministre Joe Sarkis (FL) a également condamné les attaques du chef du CPL contre L’Orient-Le Jour, soulignant que « la liberté de la presse et la liberté de pensée constituent une ligne rouge qui ne saurait faire l’objet d’une quelconque compromission ». Même son de cloche pour Eddy Abillamaa, membre du conseil exécutif des FL, qui a rendu hommage au « courage et à la mission de l’équipe rédactionnelle de L’Orient-Le Jour, qui a constamment défendu, et depuis de nombreuses années, les droits de l’homme et les valeurs relatives aux libertés publiques et individuelles, et au respect du droit à la différence, sans compter les prises de position constantes de cette équipe rédactionnelle en faveur de la sauvegarde de la souveraineté et des spécificités du Liban ». Le communiqué du CPL Parallèlement, le CPL a publié hier un communiqué, s’abstenant totalement de revenir sur la demande faite par son chef au parquet (au sujet de L’Orient-Le Jour), mais répondant aux critiques contre les propos de Michel Aoun par plusieurs pôles de la majorité. « Ce groupe a perdu son objectivité et ses nerfs, probablement a-t-il aussi perdu tout crédit », accuse le texte, se demandant « où est la honte, où est la faute, si l’incident de l’hélicoptère est mis dans son cadre judiciaire et légal ? ». Et le CPL de condamner « le silence de ce groupe à maintes reprises, chaque fois que des crimes contre l’armée se produisaient, comme à Nahr el-Bared ou lors de l’attentat de Tripoli, sans parler de bien d’autres, quand l’armée et les forces de sécurité étaient agressées ». Une délégation hezbollahie chez Kahwagi Enfin, signalons qu’une délégation du Hezbollah, composée notamment des députés Hussein Hajj Hassan, Hassan Fadlallah et Ali Ammar, s’est rendue à Yarzé où elle a été reçue par le nouveau commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi. La délégation hezbollahie a félicité ce dernier pour sa nomination, et en a profité pour lui présenter « ses condoléances pour la mort du capitaine Hanna », l’assurant de sa « totale confiance en l’armée et de son soutien pérenne ». Baalbacki et Karam saluent le rôle des journalistes de « L’Orient-Le Jour » dans le « renforcement de la cohésion nationale »
L’attaque frontale lancée avant-hier par Michel Aoun contre L’Orient-Le Jour a suscité au cours des dernières 24 heures une kyrielle de réactions (journalistes, hommes politiques, figures de la société civile…) extrêmement fermes, condamnant toutes cette dérive qualifiée, pour le moins, d’« inadmissible ».
Les présidents des ordres de la presse et des...