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Analyse Sanctionner Moscou aurait un coût pour les États-Unis

Face à la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des deux provinces séparatistes de Géorgie, les États-Unis ne disposent que de maigres options, notamment parce que Washington ne peut se passer du soutien russe pour tenter de contenir le programme nucléaire iranien. L’administration américaine pourrait certes être tentée d’exclure la Russie des grandes enceintes internationales, comme l’Organisation mondiale du commerce (OMC), mais cela n’aurait qu’un impact limité sur Moscou, jugent des analystes. « Un pays qui s’est senti suffisamment sûr de lui pour écraser la Géorgie et arracher une partie de son territoire ne se laissera pas effrayer par l’OMC ou le G8. Les Russes sont désormais au-delà de cela », souligne Janusz Bugajski, du Centre des études stratégiques et internationales. Depuis le conflit entre l’armée russe et les troupes géorgiennes, au début du mois, les États-Unis ont déjà annoncé une série de mesures limitées, comme l’annulation d’un exercice militaire conjoint avec la Russie. Washington a également averti le Kremlin qu’il mettait en danger son adhésion à l’OMC ou au G8. Les Américains ont parallèlement signé avec Varsovie l’accord prévoyant l’implantation en Pologne de batteries de missiles d’interception dans le cadre du bouclier antimissile. De sources autorisées, on indique que l’administration Bush envisage aussi de revoir le pacte de coopération nucléaire civile avec Moscou. L’idée d’une intervention militaire semble elle impensable. Mais ces mesures pas plus que les mises en garde verbales n’ont empêché le président russe Dmitri Medvedev de reconnaître mardi l’indépendance de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud. Au département américain d’État, on souligne que l’administration étudie les options à sa disposition, mais on sait que des sanctions exposeraient Washington à des mesures de rétorsion. La difficulté, explique Dimitri Simes du Nixon Center de Washington, tient à la nécessité d’un soutien de la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, dans le dossier du nucléaire iranien. On voit mal le Kremlin accepter d’être sanctionné pour sa politique dans le Caucase et apporter dans le même temps son soutien à un nouveau train de sanctions contre Téhéran, par exemple. « Si les Russes ont le sentiment qu’un rapprochement avec l’Ouest n’est plus une option, ils se tourneront vers d’autres alliés potentiels, à commencer par Téhéran et Caracas », ajoute Dimitri Simes. M. Simes envisage plutôt, à condition que l’armée russe se retire du reste de la Géorgie, une évolution « style Kosovo » qui verrait Washington et Moscou admettre leur désaccord sur le statut de l’Ossétie du Sud et de l’Abkhazie, de même que sur l’indépendance du Kosovo reconnue cet hiver par les États-Unis mais rejetée par la Russie. Après une période de refroidissement diplomatique, les États-Unis devraient se tenir prêts à une poursuite des discussions avec la Russie, notamment sur la question du contrôle des armements, poursuit-il. « Nous tirer une balle dans notre second pied parce que notre premier pied est déjà blessé ne serait pas une très bonne politique », dit M. Simes. Janusz Bugajski, du Centre des études stratégiques et internationales, envisage lui une approche beaucoup plus ferme, notant que Washington pourrait s’engager en faveur d’une adhésion de la Géorgie et de l’Ukraine à l’OTAN, voire soutenir des mouvements sécessionnistes à l’intérieur des frontières russes, comme en Tchétchénie. « Je ne dis pas que nous allons les soutenir, je dis que c’est une option potentielle. Si les Russes jouent salement, nous ne devons pas être des gentils garçons. Il ne s’agit pas de prendre le thé chez le pasteur », dit-il. Susan CORNWELL (Reuters)
Face à la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des deux provinces séparatistes de Géorgie, les États-Unis ne disposent que de maigres options, notamment parce que Washington ne peut se passer du soutien russe pour tenter de contenir le programme nucléaire iranien. L’administration américaine pourrait certes être tentée d’exclure la Russie des grandes enceintes...