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Tourisme - Passionné de l’Himalaya, Wolfgang Nairz a, depuis cinq ans, mis en place un programme de travail saisonnier Quand des sherpas népalais font leurs classes dans les Alpes autrichiennes

Le Kaiserschmarrn, épaisse crêpe autrichienne, n’a plus de secret pour elle : comme 30 autres sherpas népalais, Nima Dickey a décidé d’apprendre les standards touristiques occidentaux et d’amasser un pécule en travaillant cet été dans les Alpes autrichiennes. Âgée de 28 ans, la jeune et jolie jeune femme aux longs cheveux noirs officie dans les cuisines de la Lienzer Hütte, un relais de montagne typique perché à 1 977 m dans le Tyrol oriental. Son arrivée au pays des culottes de peau a été facilitée par un passionné de l’Himalaya, Wolfgang Nairz, qui, depuis cinq ans, a mis en place un programme de travail saisonnier pour les sherpas. « Il y a toujours eu des sherpas invités à titre individuel à travailler dans des relais de montagne en Autriche. Mais en l’absence de cadre légal, ils s’exposaient à des sanctions, tout comme leur employeur », indique cet alpiniste qui participa à la première expédition autrichienne sur l’Everest en 1978. Non-ressortissants de l’Union européenne, les Népalais ne peuvent en principe pas s’y voir délivrer de permis de travail saisonniers. Mais une exception a été accordée au Tyrol pour une trentaine de « stagiaires » par an. Le succès est à la clé : chaque année, pas moins de 200 sherpas, parfois recommandés par des alpinistes autrichiens ou allemands, se portent candidats. Les heureux élus sont choisis par l’Association népalaise d’alpinisme (NMA). « La condition de départ est qu’ils travaillent comme guides de montagne ou dans un lodge » (relais népalais), précise Wolfgang Nairz. L’enjeu pour les sherpas, originaires pour la plupart du district de Solukhumbu où se trouve l’Everest et qui dépendent pour nourrir leur famille des gains de la saison d’alpinisme, laquelle ne dure que trois mois, est double : se familiariser avec les normes occidentales en termes de goûts, d’hygiène et de gestion, et surtout amasser un joli magot. « Pour eux, c’est comme de gagner à la loterie: après trois ou quatre mois, ils repartent avec 5 000 euros », soit l’équivalent de 14 années de salaire pour un serveur, souligne Wolfgang Nairz. « Ici, je gagne beaucoup d’argent. Au Népal, très peu », acquiesce Nima Dickey dans un anglais rudimentaire. Propriétaire d’un modeste lodge dans le Solukhumbu, la jeune femme a profité de la longue fermeture annuelle pour passer trois mois et demi au Tyrol, laissant derrière elle son mari et ses trois enfants, dont elle avoue avoir du mal à payer la scolarité. En dépit du choc culturel et des difficultés initiales de langage, Nima Dickey donne aujourd’hui toute satisfaction, en particulier dans la confection du Kaiserschmarrn, selon sa patronne, Berni Baumgartner, elle-même passionnée par l’Himalaya. Comme tous les employeurs prenant part au projet, elle a payé le billet d’avion ainsi qu’un ensemble vestimentaire à l’européenne pour sa stagiaire. « Au début, elle ne souhaitait pas mettre ces habits pour les ramener tout neufs au Népal », sourit-elle. Peut-être Nima Dickey retrouvera-t-elle la Lienzer Hütte dès l’été prochain : le programme autorise chaque sherpa à effectuer jusqu’à trois séjours. Le résultat, assure Wolfgagn Nairz, est visible : « Aujourd’hui, au Népal, vous pouvez dire quels lodges appartiennent à des gens passés par l’Autriche : en termes d’hygiène, de gestion et de propreté, ils sont mieux. »
Le Kaiserschmarrn, épaisse crêpe autrichienne, n’a plus de secret pour elle : comme 30 autres sherpas népalais, Nima Dickey a décidé d’apprendre les standards touristiques occidentaux et d’amasser un pécule en travaillant cet été dans les Alpes autrichiennes. Âgée de 28 ans, la jeune et jolie jeune femme aux longs cheveux noirs officie dans les cuisines de la Lienzer...