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AFGHANISTAN - La multiplication des bavures exaspère, visiblement, le gouvernement Kaboul veut renégocier le mandat des forces internationales

Le gouvernement afghan a annoncé hier qu’il souhaitait renégocier les termes de la présence des forces internationales en Afghanistan, après une série de frappes aériennes meurtrières de la coalition sous commandement américain, dont la dernière a tué 90 civils selon Kaboul. Les principaux responsables afghans, le président Hamid Karzaï en tête, lancent depuis des mois des appels à la prudence aux forces internationales, prévenant que de telles bavures risquent de retourner la population contre les soldats étrangers et le gouvernement. Pour leur part, les forces internationales assurent tout mettre en œuvre pour diminuer la possibilité de dommages collatéraux, mais la poursuite des bombardements meurtriers ces derniers mois a visiblement exaspéré le gouvernement afghan. Dans une résolution adoptée au nom de la « souveraineté de l’Afghanistan », le Conseil des ministres mandate les ministres de la Défense et des Affaires étrangères pour « ouvrir des négociations avec les forces internationales », selon un communiqué du gouvernement. Il s’agit de « renégocier les termes de la présence de la communauté internationale en Afghanistan », « d’établir les limites et les responsabilités des forces internationales conformément aux lois afghanes et internationales », et de « mettre un terme aux frappes aériennes visant des cibles civiles, aux perquisitions et aux détentions illégales de citoyens afghans ». Le Conseil des ministres « condamne dans les termes les plus forts » les récents bombardements aériens ayant causé des pertes civiles. « Le gouvernement afghan a discuté à de nombreuses reprises ce sujet avec les forces internationales, demandant l’arrêt des bombardements contre les villages afghans. Malheureusement, à ce jour, nos demandes n’ont pas été entendues, de plus en plus de civils perdent leur vie dans des frappes aériennes », a dénoncé le Conseil. Dans un communiqué distinct, M. Karzaï a appelé à un « consensus national » sur la question. Vendredi, plus de 90 civils – principalement des femmes et des enfants – ont été tués dans un bombardement près du village d’Azizabad, dans le district isolé de Shindand, où les insurgés sont très présents, à quelque 120 km d’Herat, la grande ville de l’ouest du pays, selon une commission d’enquête présidentielle afghane. La coalition a ouvert sa propre enquête, après avoir déclaré que 30 insurgés avaient été tués. Hier, un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, a fait valoir que le bombardement de vendredi était « une frappe légitime contre les talibans ». « Malheureusement il y a eu des victimes civiles, bien que leur nombre fasse débat, mais c’est la raison pour laquelle une enquête est menée », a-t-il ajouté, refusant de commenter le souhait de Kaboul de renégocier les termes de la présence des forces internationales en Afghanistan. En juillet, deux frappes aériennes des forces internationales avaient tué 64 civils, pour la plupart des femmes et des enfants, dans les provinces du Nouristan et de Nangarhar, selon des commissions d’enquête afghanes. D’après la Commission afghane indépendante des droits de l’homme, plus de 900 civils ont été tués depuis le début de 2008 dans des violences, du fait des insurgés ou des forces de sécurité afghanes et internationales. La volonté des autorités afghanes de renégocier les termes de la présence internationale survient alors qu’en Irak, sur l’autre front de la « guerre contre le terrorisme » lancée par les États-Unis, le Premier ministre Nouri al-Maliki souhaite parvenir à un accord avec les Américains, selon lequel il n’y aura plus de troupes étrangères sur le sol irakien après 2011. Le chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, a souligné en réaction que le gouvernement afghan avait « encore besoin de poursuivre la lutte contre le terrorisme ». « Renégocier la présence des forces internationales ne signifie pas un retrait, mais plus probablement une gestion différente de la présence des contingents militaires dans la région », a estimé M. Frattini. Sur le terrain, sept soldats canadiens et deux journalistes ont été blessés dimanche lors de l’explosion d’un engin improvisé au passage de leur véhicule, a indiqué hier un porte-parole du ministère afghan de la Défense. En outre, un soldat danois, dont le véhicule a été atteint hier par un engin explosif artisanal, a succombé à ses blessures, a annoncé le haut commandement danois à Copenhague. Enfin, quelque 100 000 manuels scolaires neufs sont partis en fumée, hier, lorsque des hommes armés ont attaqué et brûlé un convoi de camions, a indiqué le ministère afghan de l’Éducation.
Le gouvernement afghan a annoncé hier qu’il souhaitait renégocier les termes de la présence des forces internationales en Afghanistan, après une série de frappes aériennes meurtrières de la coalition sous commandement américain, dont la dernière a tué 90 civils selon Kaboul.

Les principaux responsables afghans, le président Hamid Karzaï en tête, lancent depuis des...