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Actualités - OPINION

Le point Tandem de choc

- Un « bleu », moi, en politique étrangère ? …Et Barack Obama choisit d’avoir Joe Biden à ses côtés dans sa quête de la présidence, prenant ainsi au mot son adversaire républicain qui ne cessait depuis quelque temps de l’accuser de ne rien entendre aux affaires du monde, alors que lui-même, ceux qui auraient tendance à l’oublier se le voient régulièrement rappeler, prétend en être un excellent connaisseur. C’est à ce titre d’ailleurs qu’il avait eu droit à une flèche particulièrement acérée, décoché en mai dernier par son collègue du Delaware, qui donnait là un avant-goût de l’efficacité de son punch : « Vous ne pouvez pas changer l’Amérique, avait-il dit, en sachant que les quatre premières années ressembleront point par point aux huit années précédentes. » Autre exemple de ses dons de cogneur, cet extrait de son discours devant les membres du très libéral Center for American Progress Action Fund : « En Irak, qui a ouvert la porte à el-Qaëda ? George W. Bush. Et qui maintiendra ouverte cette porte ? John McCain. » À propos de ce dernier toujours, comment oublier le mot de Pat Buchanan, un homme qui passerait difficilement pour un affreux « radical » (dans le sens américain du terme) : « Il ferait passer Dick Cheney pour le Mahatma Gandhi. » La présidentielle yankee, c’est cela : une foire d’empoigne où tous les coups sont permis, recommandés même si l’on veut décrocher la timbale. En décidant de faire tandem avec un politicien chevronné – il a passé près de la moitié de son existence au Sénat où il en est à son sixième mandat –, le représentant de l’Illinois a opté aussi pour un « Washington Insider » hors pair qui se plaît à citer le seizième président US : « Abraham Lincoln nous a recommandé, pour camper solidement sur nos pieds, de savoir où les poser. » Depuis ce début de semaine, la campagne électorale est entrée dans l’avant-dernière ligne droite qui va permettre, espèrent les édiles, de refaire l’unité des rangs d’un parti qui fut déchiré de longs mois durant par l’appétit féroce d’une Hillary Clinton acharnée à arracher une nomination pour laquelle visiblement elle n’était pas prête et flanquée de surcroît d’un époux (« Her Bitter Half », avait écrit un jour l’hebdomadaire Time) aigri par l’âge, une santé chancelante et l’idée que plus jamais il ne pourra retrouver la Oval Room de la Maison-Blanche. Triste évidence : la réconciliation interdémocrate paraît tout aussi difficile à atteindre que la victoire dans le marathon qui prendra fin au soir du 4 novembre. Une fois définis les deux grands thèmes de la campagne (l’économie, l’engagement militaire à l’étranger), on s’est dépêché d’en dénaturer le sens véritable pour céder à la facilité démagogique. La crise profonde que traverse le pays n’est plus vue qu’à travers le prisme déformant de la richesse de chacun. Combien de maisons et de cheminées possède l’adversaire, à quel seuil situer l’opulence, à quelle distance des côtes entreprendre des travaux de forage pour réduire, nous assure-t-on, la facture pétrolière mais dans un délai de quinze ou vingt ans. Reconnaissons que ce sont là autant de questions qui n’intéressent que fort peu l’électeur, préoccupé pour l’essentiel par la crise des subprimes et l’incapacité des autorités fédérales à créer des emplois. Tableau quelque peu surréaliste que celui-ci où, dans un coin du ring, on trouve un septuagénaire soucieux de jouer les jeunes premiers capable de tenir les quinze rounds, et dans l’autre coin un débutant, désireux de prouver à ses concitoyens que des idées, il en a plein mais enclin à jouer plus souvent qu’à son tour de ses talents d’orateur, un législateur fraîchement entré à la Chambre haute et dont le bilan est bien pauvre en regard de celui d’un Ted Kennedy par exemple, le vieux lion que l’on aurait volontiers vu dans le rôle du sauveur arrivant à Denver sur son blanc destrier, dernier héros sans doute d’une ère faite de rêves grandioses et de réalisations plus grandes encore. Heureusement pour lui que « le grand maigrichon avec un drôle de nom » (la définition est de lui) exerce un attrait certain sur les jeunes. Tous les sondages le donnent largement en tête auprès des 25-40 ans qui ne veulent plus entendre parler de l’Irak, encore moins de l’Afghanistan, et pour lesquels l’avenir représente un inquiétant point d’interrogation. Ceux-là ne demandent qu’à croire possible le changement. Parce que les faux gourous de la politique de papa ont fait faillite, avec leurs gris-gris obsolètes et parce qu’à l’intérieur du système, il n’existe pas de troisième voie. Obama prétend vouloir s’assurer que les gens comprennent l’importance des choix appelés à être pris. C’est déjà beaucoup. Ce n’est pas assez pour gagner la guerre. Christian MERVILLE
- Un « bleu », moi, en politique étrangère ?
…Et Barack Obama choisit d’avoir Joe Biden à ses côtés dans sa quête de la présidence, prenant ainsi au mot son adversaire républicain qui ne cessait depuis quelque temps de l’accuser de ne rien entendre aux affaires du monde, alors que lui-même, ceux qui auraient tendance à l’oublier se le voient régulièrement...