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Actualités - OPINION

L’arrogance d’Israël et l’impuissance libanaise Joseph ZOGHBI

Gédéon Ezra, le ministre de l’Environnement israélien, déclare qu’Israël considère que l’État libanais est un objectif en cas d’attaque du Hezbollah. Encore une fois, nous subissons l’arrogance de l’État hébreu qui s’arroge le droit de menacer le Liban de destruction. Une question se pose : Si l’État libanais pouvait infliger des pertes substantielles à Israël en cas d’attaque, est-ce que cette personne aurait eu le même discours ? Est-ce qu’il aurait eu la même confiance en soi pour proférer de telles menaces ? Ou aurait-il pensé à deux fois avant de formuler de telles menaces ? L’art de la guerre a changé, on l’a constaté lors de la bataille de 2006, abstraction faite des tenants et aboutissants de cette guerre. Il n’est plus besoin de monter à cheval – ou leur version moderne, les chars – pour gagner une bataille. Il n’est plus besoin d’envahir un territoire pour le contrôler ou pour dissuader l’ennemi. Il suffit de l’avoir sous la crainte d’un feu destructeur pour le tenir en respect. Par ailleurs, il a été démontré qu’envahir un territoire est très coûteux en pertes humaines, matérielles et diplomatiques. Je ne sais pas si le gouvernement libanais et les « grands stratèges » de notre pays ont planché quelque peu sur les batailles récentes et sur la stratégie à adopter pour défendre notre pays et sauvegarder sa dignité face à un ennemi arrogant et irrespectueux, qui profite encore de la sympathie et de la mauvaise conscience de l’Occident par rapport à la Shoah pour s’en prendre de manière criminelle aux peuples de la région, y compris au peuple libanais. Notre désunion est la cause la plus importante de notre faiblesse. Le problème de l’éparpillement des forces au Liban provient du fait que les Libanais ne sont pas unis sur l’essentiel et donc ne sont pas d’accord sur une stratégie de défense nationale. Par ailleurs, les uns ne se préoccupent nullement de doter leur pays d’une défense, leur préoccupation majeure est l’argent, beaucoup d’argent et la plupart du temps par n’importe quel moyen. Les autres veulent continuer à doter l’armée d’équipements traditionnels qui sont complètement inadaptés à notre environnement et à l’art actuel de la guerre. Finalement, il y en a qui ont le savoir et le vouloir de doter les forces armées de matériel adapté aux nouvelles donnes de la guerre et d’adapter la stratégie militaire à la nature du terrain et aux spécificités du pays, mais cette poignée de personnes est incapable de faire pencher la balance et en est réduite à crier dans le désert. La plupart n’ont rien appris des leçons de l’histoire. Nous sommes en guerre depuis des dizaines d’années, et nous sommes à la merci de l’armée israélienne car elle a principalement la supériorité aérienne, et surtout l’appui du peuple. Cependant, encore une fois, la dernière guerre de 2006 a démontré que la supériorité aérienne, même si elle peut causer des destructions immenses, ne peut pas permettre de gagner la guerre. Il faut occuper le terrain, ce qu’elle était incapable de faire sans souffrir des pertes immenses. Cette guerre a démontré aussi qu’en portant le feu en profondeur, la défense a pu ébranler le moral de l’ennemi et donc celui de ses appuis populaires. Finalement, en utilisant des réseaux et des fortifications souterraines, elle a pu stopper, avec l’armement adéquat, des envahisseurs puissants dotés des armements traditionnels les plus modernes et les a fait douter de l’efficacité de leurs forces. Les Suisses, qui ont une nature de terrain aussi escarpée que la nôtre, ont compris cette stratégie depuis très longtemps. La nature de la Suisse fait que ce pays est encore plus difficile à envahir que le Liban. Par ailleurs, tous les hommes suisses sont aussi soldats ; ils connaissent bien la nature de leur pays et savent l’utiliser. Personne ne veut envahir la Suisse c’est certain, mais l’envahir serait tellement coûteux que personne ne voudrait le faire. Pourquoi le Liban ne peut-il pas recourir à une stratégie similaire ou encore, ce qui serait meilleur, basée sur les principes suivants : • toute partie qui veut envahir le Liban ou qui lui veut du mal est un ennemi, • tenir continuellement en joue l’ennemi sous la menace d’un feu destructeur (missiles à longue portée), • établir des réseaux souterrains avec des vivres pour tenir des sièges de deux à trois mois en cas d’invasion en utilisant les reliefs du pays, • doter les forces armées d’un armement léger sophistiqué avec des visions nocturnes, pour les actions de guérilla, • doter les forces armées d’un armement de missiles courte, moyenne et longue portée pour la défense et pour la dissuasion, • établir un réseau de communication et de télécommunications performant entre les réseaux souterrains. Etc. L’armement conventionnel n’est d’aucune utilité contre un adversaire qui en dispose à profusion et dont le budget est 50 fois supérieur au nôtre. L’intelligence dans la défense est plus utile et plus dissuasive. Cependant, il y a des conditions pour l’établissement d’une stratégie de défense, sans lesquelles il serait vain d’essayer : éloigner le pays des axes d’influence régionaux et internationaux, pour ne pas appliquer et suivre la politique des autres qui n’est pas forcément la sienne. Pour cela, l’adhésion de tous les Libanais à un Liban souverain et libre de ses décisions est une condition sine qua non pour l’application de toute stratégie de défense. L’abstraction de l’appartenance communautaire au-delà des frontières en est une autre. Il faudrait aussi amender la Constitution pour introduire un article qui rend passible de poursuites toute forme de discrimination, discours ou action poussant au confessionnalisme et/ou au racisme. Cet amendement est primordial pour apaiser le discours politique et de ce fait favoriser la cohésion nationale. Le discours religieux ne doit en aucun cas faire partie de la vie politique du pays, il faudrait cesser de s’insulter sur ce sujet ou de lancer l’anathème contre qui que ce soit, même au sein de l’hémicycle. La liberté de parole ne peut pas être une arme d’intimidation et de terreur d’une communauté contre une autre. Le Liban est la patrie éternelle pour tous les Libanais ; chaque Libanais doit se sentir chez soi et sentir que ce pays est le sien pour le préserver au prix de sa vie. C’est à cette condition expresse de cohésion nationale et d’amour de la patrie que nous pouvons établir une stratégie efficace de défense, et personne au monde ne pourra plus nous envahir. Article paru le samedi 23 août 2008
Gédéon Ezra, le ministre de l’Environnement israélien, déclare qu’Israël considère que l’État libanais est un objectif en cas d’attaque du Hezbollah.
Encore une fois, nous subissons l’arrogance de l’État hébreu qui s’arroge le droit de menacer le Liban de destruction.
Une question se pose :
Si l’État libanais pouvait infliger des pertes substantielles...