Festival de Baalbeck - Elle chantera demain jeudi 21 août, sur les marches du temple de Bacchus Warda el-Jazaïriya : « La musique, c’est toute ma vie »

«Il n’y a pas d’artiste au monde qui ne rêve de se produire à Baalbeck », dit Warda el-Jazaïriya en posant sur l’assistance le genre de regard qui rallierait tous les suffrages au concours de la sincérité. Assise aux côtés de May Arida, présidente du Festival de Baalbeck, Leila el-Solh Hamadeh, vice-présidente de la Fondation al-Walid ben Talal (qui est partenaire du festival depuis des années) et Majed Srour, chef de l’orchestre qui l’accompagnera demain soir, la diva se soumet de très bonne grâce au jeu des questions-réponses, et ce au cours d’un point de presse tenu hier après-midi à l’hôtel Le Royal, Dbayeh. Warda, qui ne cache pas son amour pour le Liban, « Je l’aime autant que j’aime l’Algérie », avait choisi, en 2005, le festival cinquantenaire de la Békaa pour effectuer un come-back des plus réussis. C’est que la rose algérienne revenait de loin. Elle avait en effet subi deux opérations qui avaient nécessité une longue période de convalescence. Aujourd’hui encore, elle répond « présent » à l’appel de la cité du soleil et promet à ses fans « une soirée best of de succès indémodables ». « Pourquoi un répértoire d’anciennes chansons ? » se croit obligée de demander une journaliste. Warda, qui ne se démonte pas aussi facilement, laisse entendre, avec ce sourire aussi doux qu’une pétale de rose, qu’il y aurait évidemment des surprises. Dont une chanson en français. Hmmm. Impatience, quand tu nous tiens. La chanteuse fait part également d’une autre « nouveauté, un projet qui attend de se concrétiser ». Un duo avec Kazem es-Saher, une composition de l’artiste irakien qui y rend hommage à Beyrouth, à Bagdad et à la Palestine. Parcours d’une combattante « La musique, c’est toute ma vie », dit Warda la main sur le cœur, prés duquel elle a suspendu, en médaillon, une prière « Mach’Allah » et un œil pour conjurer le mauvais sort. Car les sentiers parcourus par l’artiste n’ont pas été des plus lisses. Petit rappel bio. Un père algérien, une mère libanaise et des débuts dans le chant qui remontent à 1951. C’est en effet à l’âge de onze ans que Warda, alors un petit bourgeon, a commencé à chanter au Tam-tam, un établissement du Quartier latin appartenant à son père. Elle se fait alors connaître pour ses chansons patriotiques algériennes. C’est d’ailleurs suite à ces chansons qu’elle se trouve obligée de quitter la France pour Beyrouth en 1958. Après l’indépendance de l’Algérie, elle y retourne et se marie en 1962. Son mari lui interdit de chanter. En 1972, le président algérien Houari Boumediene lui demande de monter sur scène pour commémorer l’indépendance du pays, ce qu’elle fait, accompagnée d’un orchestre égyptien. Suite à cela, son mari demande le divorce ; c’est ainsi qu’elle décide de consacrer sa vie à la musique. Elle part vivre en Égypte, où elle rencontre le compositeur Baligh Hamdi avec qui elle se marie. Là, elle connaît un grand succès en travaillant avec les plus grands compositeurs arabes, comme Mohammad Abdelwahab ou Sayyed Mekkaoui. Elle incarne quelques grands rôles au cinéma également. Aujourd’hui, Warda, c’est plus de 20 millions d’albums à travers le monde pour un répertoire musical comprenant plus de 300 chansons. La musique de Warda transperce les frontières, abat les murs et établit des ponts. Mais son cœur à elle ne bat que pour Jamal, son petit-fils d’un an et quelques poussières, présent hier à la conférence de sa « tati » qui le couvait du regard. Des berceuses par l’une des plus belles voix du panthéon musical arabe. Petit chanceux, va… Maya GHANDOUR HERT