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Focus Bienvenue dans l’univers de Zhang Yimou

Avec maestria et génie, le créateur des « envolées » cinématographiques et des acteurs volants, l’auteur des superproductions évoquant la Chine impériale, championnes du box-office chinois comme à l’étranger, le cinéaste Zhang Yimou, 57 ans et quatorze films à son actif, vient d’offrir à plus de quelques milliards de téléspectateurs du monde entier, ébahis, la performance de sa vie : un condensé de cinq mille ans d’histoire chinoise. Un travail qui a nécessité deux ans et demi pour un budget de 100 millions de dollars. Le vendredi 8 août, dans le stade olympique de Pékin, le cinéma était parmi le public. Live et non sur grand écran. Une performance qui a l’allure d’une consécration pour celui qui porte l’écrasante responsabilité d’organiser la cérémonie d’ouverture (et de clôture) des JO de Pékin à la place de Spielberg (qui a refusé le rôle de maître de cérémonie). Consécration parce que ce cinéaste n’avait pas été autorisé en 1994 par le gouvernement chinois à quitter le territoire pour se rendre au Festival de Cannes où était projeté son film Vivre, qui reçut le Grand Prix du jury. Un long-métrage qui est encore aujourd’hui interdit de diffusion en Chine. Zhang Yimou est indifférent aux critiques peu flatteuses des intellectuels chinois goûtant peu les chorégraphies martiales des deux films Hero et Cité interdite : « Zhang Yimou est passé maître dans l’art de mettre en scène la gymnastique de groupe totalitaire...  Cette esthétique de jeux de masses s’apparente à une esthétique fasciste comme il y avait chez les nazis. » Et indifférent également à ses détracteurs, qui affirment qu’il est « le » cinéaste officiel du régime chinois. Zhang Yimou lui, qui s’est toujours défendu d’être fasciné par le spectacle visuel, n’en a cure. En 2004, il répondait à Time Magazine : « Si, dans vingt ans, on ne garde dans les livres qu’une seule phrase à mon sujet, j’aimerais que ce soit : “Le style de Zhang Yimou se caractérise par une présentation visuelle forte dans une tournure typiquement chinoise”. »  Né en 1951 dans une famille de nationalistes persécutée par le régime, Zhang Yimou passera de longues années à la campagne pendant la révolution culturelle. Il y découvre la photographie, se fait accepter à l’Institut du cinéma de Pékin à sa réouverture en 1978 puis intègre la section « prises de vues » et débute sa carrière dans les années 80 comme directeur de la photo sur deux films de son ami Chen Kaige, Terre jaune et La Grande parade. C’est dans son premier film, Le Sorgho rouge (1987), Ours d’or à Berlin en 1988, qu’il révèle l’actrice Gong Li, qui deviendra son épouse. Avec Épouses et concubines, le metteur en scène accède à une notoriété internationale et reçoit le Lion d’argent au Festival de Venise en 1991. Yimou alterne dès lors une approche filmique âpre et réaliste, projets de grandes ampleurs et œuvres un peu plus confidentielles. Il réalise ainsi La Cité interdite, plus gros budget de l’histoire du cinéma chinois. Mis à l’honneur par le Festival de Cannes lors de sa 60e édition, Zhang Yimou a été choisi pour être l’un des 60 signataires de la collection de courts-métrages Chacun son cinema et, quelques mois plus tard, il était président du jury de la Mostra de Venise, récompensant son compatriote Ang Lee pour Lust and Caution. Sur le stade des JO, son perfectionnisme obsessionnel, inspiré des peintres-calligraphes de la Chine ancienne, devait à nouveau exploser au visage des spectateurs, le soir du 8 août, et les « faire vibrer jusqu’au niveau le plus fin », selon l’expression de l’artiste.
Avec maestria et génie, le créateur des « envolées » cinématographiques et des acteurs volants, l’auteur des superproductions évoquant la Chine impériale, championnes du box-office chinois comme à l’étranger, le cinéaste Zhang Yimou, 57 ans et quatorze films à son actif, vient d’offrir à plus de quelques milliards de téléspectateurs du monde entier, ébahis, ...