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Actualités - REPORTAGE

«?Au Liban, les pratiques de la PMA sont parfois inavouables?», déplore Joseph Abboud

«Science sans conscience n’est que ruine de l’âme.?» Citant Pantagruel de Rabelais, le Dr Joseph Abboud, président de la Société libanaise de fertilité, coupe court, d’emblée, à toutes interrogations concernant les pratiques «?illégales?» dans le domaine de la procréation médicalement assistée (PMA) au Liban. «?Tout se fait, affirme-t-il. Tout ce que vous pouvez imaginer, et certaines choses sont vraiment inavouables.?» Don d’ovules ou de sperme moyennant une certaine somme, recours aux services d’une mère porteuse, fausses indications et abus de traitement, publication de faux résultats… Dans les laboratoires de certains de ces centres qui ont fleuri au cours des vingt dernières années dans le pays, tout semble être permis. «?Comment peut-on traiter une femme à 55 ans?? se demande le Dr Abboud. À cet âge, est-elle habilitée à tomber enceinte?? Son corps peut-il mener à terme une grossesse avec tous les problèmes de santé qui s’accompagnent (dyslipidémie, hypertension, etc.)?? De plus, qu’en est-il de la différence d’âge entre la mère et l’enfant???» Face à l’anarchie qui règne sur ce plan, «?j’ai essayé, il y a une dizaine d’années, de fonder la Société libanaise de fertilité, qui regroupe des gynécologues, des urologues et des endocrinologues?», explique-t-il. «?Mais nous avons été combattus par l’ordre des médecins et la Société de gynécologie pour des raisons inconnues, poursuit le Dr Abboud. À l’époque, nous n’avions que l’accord du ministère de l’Intérieur. Ce n’est qu’en 2006 que l’ordre des médecins nous a donné son aval pour fonder cette société qui a vu le jour il y a quelques mois.?» Le but de la Société libanaise de fertilité est uniquement scientifique. Elle s’engage de même à aider les couples qui désirent avoir des renseignements sur le sujet et les informe des conduites à avoir, «?d’autant qu’il y a des abus dans ce domaine?». «?Malgré les mauvaises conduites dans certains centres, nous n’avons pas de pouvoir disciplinaire, ajoute le Dr Abboud. Néanmoins, nous donnons notre avis scientifique sur un cas lorsqu’on nous demande de le faire.?» Le Dr Abboud souligne ainsi que selon les normes internationales, un couple ne peut avoir recours à la PMA qu’au bout de deux ans de mariage. «?Il y a une démarche à suivre, insiste-t-il. On ne peut pas passer directement à la fécondation in vitro (FIV) en brûlant les étapes. Il faut rechercher la cause de l’infertilité, qu’elle soit masculine ou féminine, sachant que dans 60 à 70?% des cas, le problème peut être traité médicalement. Pour nous, la FIV est la dernière étape d’un traitement de fertilité. On ne peut pas faire mieux que la nature. Si on le pouvait, on aurait court-circuité toutes les étapes et passé directement à la FIV.?» Pour éviter que les abus ne se poursuivent, et dans l’attente de la promulgation d’une loi qui réglemente la pratique, «?nous allons créer au sein de la Société libanaise de fertilité une cellule de crise qui donnerait les directives concernant la conduite à avoir ?». Et le Dr Abboud de poursuivre?: «?Il existe chez les jésuites de petits “non” et de grands “non”. On peut ainsi fermer les yeux sur les techniques qui s’adressent au couple lui-même, puisqu’il s’agit dans ce cas d’améliorer la capacité du couple à procréer. Mais on ne pourra jamais accepter le recours, par exemple, au sperme ou aux ovules d’un donneur, avec le problème de la consanguinité que cela pose au Liban. Mais qu’est-ce qui prouve que cela ne se fait pas?? C’est donc au Parlement de décider s’il faut continuer à fermer les yeux sur certaines pratiques douteuses.?» «?Les spécialistes s’occupant de fertilité doivent être consciencieusement à même de le faire, insiste encore le Dr Abboud. Nous avons eu affaire à plusieurs femmes ayant subi la FIV et qui sont finalement tombées enceintes par les méthodes classiques de traitement. Il y a certes des abus. Parfois les indications sont fausses, comme dans le cas de ces femmes. Parfois, on essaie de traiter des femmes ménopausées ou à un âge très avancé, au moment où la PMA ne peut plus se pratiquer au-delà de 43 ans, en général. Parfois encore, on implante six à sept embryons dans l’utérus. Ce qui est une hérésie. La tendance actuelle est de mettre un seul embryon. Mais conformément aux normes mondiales, on peut aller jusqu’à deux. Si on en met plus, on risque d’avoir des grossesses multiples, ainsi que des naissances prématurées. Sans oublier le danger que ces grossesses peuvent représenter pour la maman.?» Et les embryons?? «?Il s’agit là d’un autre problème éthique, souligne le Dr Abboud. Soit on les détruit, ce qui pose un problème moral vis-à-vis de la religion, soit on les conserve en vue d’un deuxième projet parental chez le couple. D’aucuns vont jusqu’à les implanter chez d’autres femmes.?» Toute la question reste de savoir comment contrôler?de telles pratiques…
«Science sans conscience n’est que ruine de l’âme.?» Citant Pantagruel de Rabelais, le Dr Joseph Abboud, président de la Société libanaise de fertilité, coupe court, d’emblée, à toutes interrogations concernant les pratiques «?illégales?» dans le domaine de la procréation médicalement assistée (PMA) au Liban. «?Tout se fait, affirme-t-il. Tout ce que vous pouvez...