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Le président Sarkozy et la Méditerranée Roger AKL

La ligne suivie par le président Sarkozy paraît contradictoire. Par exemple, ce chef d’État « proaméricain » a fait preuve d’une indéfectible amitié pour l’ultraconservateur Bush, en fin de mandat, mais a accueilli, dans la foulée, le candidat démocrate « du changement » Barack Obama, comme s’il était déjà un chef d’État. Elle semble aussi contradictoire, cette politique, quand on voit la France rentrer au bercail du commandement intégré de l’OTAN, alors qu’elle reçoit en grande pompe le président syrien Bachar el-Assad. Il semble si contradictoire le discours que le président français a prononcé devant le Parlement israélien ! D’un côté, il exprime son amour et son appui total à Israël ; d’un autre côté, il demande instamment aux Israéliens de revenir aux frontières de 1967 et de partager la ville trois fois sainte de Jérusalem. Enfin, comme cerise sur le gâteau, il propose une Union de la Méditerranée (1), impossible à première vue, à cause, non seulement, du conflit israélo-arabe, mais encore de la méfiance totale entre les pays industriels du Nord et ceux, en voie de développement, du Sud. Ces derniers se demandent si la proposition ne cache pas une nouvelle forme de colonisation. Pourtant, en y réfléchissant et en méditant sur les différents événements, nous pouvons entrevoir la trame qui les relie les uns aux autres, dans un grand plan de sauvetage de la Méditerranée, comme centre historique du monde, un plan qui permettrait un redressement de l’Occident, en passe de perdre sa première place au profit des puissances asiatiques, comme la Chine et l’Inde. Ce plan ne peut se faire que dans un rapprochement, une paix totale et même une confédération entre États du Moyen-Orient. Est-ce possible ? Une confédération moyen-orientale ? Non seulement une confédération israélo-arabe est possible, mais elle est nécessaire pour arriver à la paix. Elle est nécessaire pour plusieurs raisons, mais surtout des raisons religieuses, car si le peuple juif a toujours désiré retourner en Palestine, c’est parce que, pour ce peuple, c’est la terre promise par Dieu, tandis que Jérusalem en est la capitale indivisible chantée par tous les prophètes. Il est donc impossible pour eux de partager un cadeau de Dieu. Le problème est que les musulmans ont aussi reçu cette terre de Dieu, d’après leur Livre saint. La seule solution est donc d’avoir une confédération israélo-palestinienne, suivant les frontières de 1967, avec Jérusalem, comme capitale de la confédération, appartenant totalement et sans division aux deux États confédérés. Cela aura d’ailleurs l’avantage de laisser chaque peuple se gouverner de manière aussi indépendante que les États européens de l’UE, et résoudrait en même temps les problèmes sécuritaires et de défense (2). Par la suite, on pourrait penser à faire participer les autres États arabes à cette confédération. Mais pourquoi, si c’était aussi simple, n’y avait-on pas pensé plus tôt ? Imaginons ce qui arriverait si cette confédération devenait une réalité. On aurait, à l’est de la Méditerranée, une entité alliant la technologie israélienne, les possibilités politiques (lobbies), financières et commerciales énormes des diasporas juive, libanaise et palestinienne, la main-d’œuvre bon marché arabe et le pétrole du Proche-Orient. Qui aurait voulu une puissance pareille dans la région produisant la majorité du pétrole mondial ? C’est pour cela que les conflits, entre Israël et les pays environnants, ainsi qu’entre Palestiniens et juifs, ont été, pour le moins, encouragés de l’extérieur et qu’aujourd’hui on est passé au stade suivant : conflits sectaires entre les différentes communautés arabes et musulmanes pour les dominer encore plus, suivant la formule du défunt Empire britannique : diviser pour régner. Seulement, aujourd’hui, après le désastre provoqué par les néoconservateurs américains, il n’est plus question de régner. L’Occident est en plein déclin moral, spirituel, démographique et économique. Ce qui entraînera indubitablement le déclin militaire. S’il n’y prenait pas garde, il serait remplacé par les pays d’Asie et à leur tête la Chine ainsi que, bien sûr, la Russie, que les fautes américaines ont renforcée. Le déclin spirituel et moral de l’Occident a entraîné son déclin démographique, tandis que la pauvreté des pays du sud et de l’est de la Méditerranée a provoqué des migrations des pays pauvres vers les pays encore riches d’Europe. Les Européens cherchent à arrêter les migrants en créant des lois de plus en plus dures, tandis que les « boat people » risquent, et souvent perdent leurs vies en essayant de franchir des mers parfois déchaînées. Le seul moyen d’arrêter ce flux n’est-il pas de créer une entité riche de l’autre côté de la Méditerranée ? La confédération israélo-arabe est devenue la solution. La diminution de la puissance relative de l’Occident par rapport aux pays d’Asie a changé la donne en Méditerranée ; une entité riche et puissante à l’est de cette mer, loin d’être un danger pour l’Occident et surtout l’Europe, serait un appoint qui aiderait à les relever tout en fournissant du travail aux pays riverains du sud de la Méditerranée, ralentissant et même arrêtant et renversant les flux migratoires. Cela encouragera les échanges et les relations entre les deux rives Sud et Nord, et renforcera leur coopération pour le plus grand bien de tous, redonnant à la Méditerranée l’importance civilisatrice qu’elle avait eue au cours des siècles. La politique de la France, présidente actuelle de l’Union européenne, devient maintenant compréhensible. Le discours du président Sarkozy à la Knesset était destiné à rapprocher et offrir la seule solution possible au conflit israélo-palestinien, en y ajoutant bien sûr des accords qui feraient des deux États une confédération de fait. Pour cela, il fallait aussi faciliter les pourparlers syro-israéliens et syro-libanais en invitant tout ce monde à la conférence pour l’Union pour la Méditerranée. Du coup, le président Sarkozy a ajouté plusieurs pierres à l’édifice de la paix entre les quatre voisins, comme préliminaires à la paix totale israélo-arabe, prémices d’une coopération moyen-orientale et méditerranéenne des plus fructueuses. Pour y arriver, il devait convaincre les Américains, tout autant que les Israéliens, les ultraconservateurs autant que les démocrates, ainsi que les Syriens, les Arabes et les Iraniens de tous bords, sans oublier les Européens. Le président Moubarak apportait avec lui l’appui des États arabes, dits « modérés ». (1) Le nom a été changé en « Union pour la Méditerranée » pour plaire à la chancelière allemande Angela Merkel. Mais cela ne change rien au désir d’une Union « de » la Méditerranée. (2) Pour de plus amples informations sur le sujet, lire Cri d’un chrétien d’Orient, écrit par Roger Akl, sous le pseudonyme de Jérémie Jonas, éditions Sigest, Alfortville, 2004. Article paru le samedi 9 août 2008
La ligne suivie par le président Sarkozy paraît contradictoire. Par exemple, ce chef d’État « proaméricain » a fait preuve d’une indéfectible amitié pour l’ultraconservateur Bush, en fin de mandat, mais a accueilli, dans la foulée, le candidat démocrate « du changement » Barack Obama, comme s’il était déjà un chef d’État.
Elle semble aussi contradictoire,...