Une étude de l’«?Ourse?» à l’USJ décortique «?l’émigration des jeunes Libanais et leurs projets d’avenir?»

Les premiers résultats d’une enquête réalisée fin 2007 par l’« Observatoire universitaire de la réalité socio-économique » (« Ourse ») de l’Université Saint-Joseph sur l’émigration des jeunes Libanais et leurs projets d’avenir ont été publiés en juin 2008. Ils illustrent la réalité de la situation de l’emploi et de l’émigration des jeunes. Près de 10?000 jeunes âgés entre 18 et 35 ans ont été interrogés. Au moment de l’enquête, 50 % ont déclaré avoir un emploi, 7?% étaient chômeurs, 25?% poursuivaient des études, alors que les autres étaient inactifs. Le taux d’activité des femmes est de 38,5?%. Il reste nettement inférieur à celui des hommes, qui est de 76?%. Le taux de chômage des jeunes est plus élevé que celui de l’ensemble de la population en âge de travailler. Il est de 18,1?% pour les femmes et de 11,6?% pour les hommes. Le chômage est aussi relativement plus élevé chez les jeunes âgés de 18 à 21 ans (23,8?%). Il est à noter que les femmes font une entrée massive sur le marché local du travail et qu’elles ont moins tendance à émigrer que les hommes. Les deux tiers des jeunes chômeurs sont à la recherche de leur premier emploi (64?%). Cette fréquence est encore plus élevée chez les femmes (74?%). Le niveau d’éducation des jeunes est de plus en plus élevé?: en 2001, 26?% des jeunes Libanais avaient un diplôme universitaire ou poursuivaient des études au-delà du secondaire. Actuellement, ce taux atteint 40?% (18?% ont déjà un diplôme universitaire et 22?% poursuivent des études). Les jeunes occupent une place importante dans la vie économique du pays (46?%). Mais à cause de leur expatriation, ce chiffre est en diminution par rapport au chiffre de 2001 (52?%). Les jeunes subissent aussi de manière plus sensible les conséquences de la faible capacité de l’économie à créer des emplois. Ils représentent 80?% de l’ensemble des chômeurs. Environ 3 jeunes travailleurs sur 4 sont salariés. Seulement 51?% ont un statut permanent. Les 23?% restants ont des contrats à durée déterminée, donc un emploi souvent précaire. Près de 29 % des chômeurs ont fait des études universitaires, 18?% sont bacheliers, 18,6?% ont le brevet et 15?% n’ont aucun diplôme. Le manque d’opportunités constitue la principale cause du chômage des jeunes (42,3?%). La faible rémunération (19?%) et l’inadéquation de leurs qualifications à la nature du travail (11,2?%) sont aussi des causes non négligeables de chômage. Un peu plus du quart des jeunes âgés de 18 à 35 ans (26?%) déclarent avoir l’intention d’émigrer ou de quitter provisoirement le pays. Cette fréquence est plus élevée parmi les hommes (33?%) que parmi les femmes (19,2?%). De plus, 17,7?% souhaitent quitter le pays, mais ne prévoient pas de le faire pour différentes raisons. Parmi les 26?% qui veulent partir, 14?% veulent émigrer, 5,5?% veulent partir de manière provisoire et 6,7?% envisagent de partir, mais pas dans l’immédiat. Quant aux chômeurs, ils sont plus nombreux à avoir l’intention de partir (41?%). Mais de manière globale, les jeunes ayant un niveau universitaire ou secondaire sont plus tentés de quitter le pays que les moins instruits. La recherche d’un emploi et l’obtention de meilleures conditions de travail constituent les causes principales de la volonté de partir?: 17,6?% de l’ensemble des jeunes, ce qui représente 67,5?% des jeunes ayant l’intention de partir. D’autres raisons sont citées, mais avec des fréquences moins élevées?: 3,6?% de l’ensemble des jeunes souhaitent poursuivre des études à l’étranger, 8,9?% évoquent la situation générale et quelques cas citent des raisons familiales, l’obtention d’une autre nationalité, le manque de confiance dans l’avenir ou la recherche d’une vie tranquille. Parmi les jeunes ayant l’intention de quitter le pays, 31?% sont attirés par les États-Unis et le Canada, 25,8?% visent les pays arabes, 19?% l’Europe de l’Ouest et 12,4 % l’Australie. Les jeunes originaires du Liban-Nord sont particulièrement attirés par l’Australie (33?%).