Un marché local souvent en décalage par rapport aux études universitaires?; des salaires bas poussant les jeunes au départ… Nouveaux diplômés à la recherche de débouchés à la hauteur de leurs compétences Dossier réalisé par Anne-marie el-hage

Vous êtes ingénieur civil ou architecte, vous avez entre 1 et 20 ans d’expérience, vous voulez travailler au Liban, l’entreprise Untel recrute.... Une compagnie régionale recrute un(e) jeune vendeur(se) avec des aptitudes techniques?; langue anglaise indispensable... Une compagnie d’équipements médicaux a besoin d’ingénieurs biomédicaux et d’un comptable avec ou sans expérience.... Excellente opportunité de carrière à Bahreïn pour des décorateurs d’intérieur, nouvellement diplômés?; salaire compétitif, bénéfices... C’est par dizaines que les petites annonces des quotidiens locaux proposent des emplois aux jeunes diplômés libanais, au Liban ou à l’étranger. C’est aussi par dizaines que les nouveaux diplômés, plus de 30?000 cette année selon les estimations, présentent leur CV auprès d’entreprises locales ou multinationales, dans l’espoir d’entamer une carrière et d’obtenir un travail intéressant. Certains, notamment les ingénieurs, les architectes et les informaticiens, décrocheront le gros lot, autrement dit un excellent emploi, intéressant et bien rémunéré. D’autres, comme les gestionnaires, les diplômés en sciences politiques ou les archéologues, rameront pour trouver un emploi qui convienne à leurs ambitions et qui leur permette aussi de devenir financièrement indépendants. Mais à part quelques exceptions, quelques entreprises multinationales installées au Liban qui proposent d’excellentes conditions de travail, le marché libanais du travail s’avère décevant pour les nouveaux diplômés. Malgré la reprise timide, les salaires sont bas, parfois ridiculement bas dans certains secteurs, et les perspectives d’avancement sont hypothétiques, poussant les nouvelles recrues à se mettre en quête d’autres emplois, généralement dans les pays arabes où ils sont payés plus de deux fois et demie le salaire proposé au Liban. Souvent, à défaut de trouver un emploi intéressant, les jeunes diplômés partent en Europe ou aux États-Unis poursuivre de hautes études, dans l’espoir de se faire embaucher par la suite dans ces pays. Paradoxalement, au Liban, dans nombre de secteurs, le patronat se plaint du manque de qualifications, de détermination et d’engagement des jeunes diplômés, justifiant ainsi les bas salaires qu’il propose aux débutants malgré les stages en entreprises effectués par les étudiants durant leurs études, justifiant aussi le nombre de postes qui restent à pourvoir.