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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Après quatre ans d’action, l’attaché culturel français fait le point Bernard Banos-Roblès?: « Le Liban est un pays prescripteur »

Après quatre années passées au pays du Cèdre, Bernard Banos-Roblès, attaché culturel et audiovisuel près l’ambassade de France, termine sa mission au Liban. Son séjour intéressant, quoique tumultueux, lui laisse des souvenirs et des images qu’il livre avec simplicité. À défaut d’être un artiste, Bernard Banos-Roblès, l’architecte d’ascendance ibérique, s’est mis au service des arts et de la culture, ce qui lui a procuré une profonde satisfaction?« car il y a une cohérence entre ma formation et ce que je fais actuellement dans le cadre du ministère des Affaires étrangères dont je suis titulaire?», dit-il. Au Liban depuis 2004, Banos-Roblès avait auparavant dirigé des établissements culturels à Djibouti (où il retourne après 23 ans), Brazaville, Abidjian, Tannanarive et accompli des missions artistiques à Paris. «?Une chance que d’être resté dans ce domaine alors que notre secteur privilégie les changements?», souligne-t-il. Dès son arrivée au Liban, le diplomate apprend à s’adapter au pays et à cerner son contexte culturel. Les méthodes de travail à la Mission culturelle française s’inscrivant dans la continuité, il fallait s’atteler à encadrer les différentes disciplines et mentalités du pays, ce qui requiert de la diplomatie et notamment de l’écoute. «?Un énergisant, voire un excitant vital, car on découvre chaque fois une culture différente, souligne-t-il. Puis on essaye, en œuvrant pour la promotion de la culture française et francophone, d’être en harmonie avec le pays dans le respect de la culture locale.?» Coopération et solidarité pour l’aide à l’émergence, à la production et à la diffusion des arts. Voilà en quelques termes les objectifs que s’était fixé Bernard Banos-Roblès qui a pu, en quelques années, cerner la géographie culturelle de la capitale. Des conditions de travail difficiles… Son parcours, semé de diverses embûches, «?liées essentiellement aux circonstances tragiques du pays?», n’en sera pas moins riche. Arrivé en septembre 2004, malgré les attentats et une guerre ravageuse, Banos-Roblès affirme qu’il n’a jamais senti la moindre morosité chez les Libanais. «?C’est un pays qui ne se décourage pas et qui sait rebondir.?» Malgré l’annulation de certaines opérations prestigieuses (programme de théâtre contemporain baptisé Rond-Point Paris-Beyrouth, l’exposition «?Au-delà des images?», etc.), le report de visites de chanteurs, par exemple, l’attaché culturel n’a jamais baissé les bras. «?Et ce sont les Libanais qui m’ont donné cette grande leçon de persévérance, de témérité et de continuel émerveillement?», dit-il. Et d’insister?: «?Ce pays est prescripteur. Même si les transactions et les gros contrats se concluent aujourd’hui ailleurs, dans d’autres pays de la région, le Liban a gardé sa vocation de figure de proue en matière de création artistique (notamment dans le domaine des arts visuels).?» …mais un résultat positif Au terme de quatre années, Bernard Banos-Roblès, qui a réussi à s’imprégner de la culture locale, livre un riche constat. À son actif, plus d’une opération novatrice dont?: la professionnalisation de la salle d’expositions de la MCFL?; des projets libanais présentés en France (Paris Cinéma, la production de la pièce de Nidal Achkar Qu’elle aille au diable Meryl Streep)?; la décentralisation de 50 % des activités culturelles aux théâtres Shams, al-Madina ou le Monnot?; le développement des programmes musicaux et audiovisuels, le soutien à la protection et à la préservation des archives de la télévision nationale, sans oublier la restauration du théâtre Montaigne. «?Ce sont désormais autant de lieux de francophonie et de confrontation d’idées. » Le 1er semestre 2008 a déjà enregistré 41 manifestations dont 19 à la MCF et 22 hors les murs. Un bon chiffre qui traduit la victoire de la culture sur le politique. Et Bernard Banos-Roblès peut s’enorgueillir d’une telle action. «?Notre devoir est de participer à la vie culturelle, à l’effervescence et aux vibrations de cette cité qui palpite.?» La culture a-t-elle une emprise sur les événements quand ils sont tragiques?? La réponse fuse, rapide?: «?Si le culturel se tait au premier bruit de canon, il n’en reste pas moins important et productif. Les événements sont, probablement, une source de réaction?», dit-il en souriant. Et d’inspiration aussi, pourrait-on ajouter. Enfin, conclut Bernard Banos-Roblès , «?avec les Libanais, nous n’avons pas eu des rapports administratifs, mais plutôt des contacts humains. Et si ces années étaient un peu particulières, voire “?épicées”, elles n’étaient pas pour autant banales. J’emporte avec moi cette expérience unique?: l’image d’un pays qui m’a appris le romantisme, même dans la violence, un pays riche de son potentiel humain.?» Colette KHALAF
Après quatre années passées au pays du Cèdre, Bernard Banos-Roblès, attaché culturel et audiovisuel près l’ambassade de France, termine sa mission au Liban. Son séjour intéressant, quoique tumultueux, lui laisse des souvenirs et des images qu’il livre avec simplicité.

À défaut d’être un artiste, Bernard Banos-Roblès, l’architecte d’ascendance ibérique,...