Les lecteurs ont voix au chapitre

Conduite incivique Avec l’inflation mondiale, notre pays connaît actuellement une vague d’entrepreneurs voulant investir dans le secteur immobilier pour le compte d’autrui, sans respect aucun pour les normes d’éthique ou pour l’histoire. On érige ainsi, à Beyrouth, des tours, même dans des ruelles, en négligeant le cachet des lieux, important étant le bénéfice. On massacre ainsi le quartier Sursock au nom du modernisme?; on vous propose d’acheter un duplex ou un triplex entre un palais et un musée, même si ce dernier fut un fleuron de notre histoire. À cause des travaux en cours, le palais en question n’a plus d’entrée et n’a plus aussi de visiteurs, surtout en cette saison touristique très importante pour notre pays. Il sera englouti prochainement par de larges tours. Un peu plus haut,?comme à l’accoutumée dans la région d’Achrafieh – et comme le mentionnait l’autre jour L’Orient-Le Jour dans une de ses rubriques –, on a découvert de nouveaux sarcophages dans l’une des fondations d’un chantier. Qui sait quel sera le sort de ces vestiges une fois que deux grandes tours auront été érigées… Dans ce même contexte, il importe de signaler la destruction en cachette des anciennes maisons libanaises, sous l’œil indulgent des responsables. Enfin et c’est le plus grave, faute d’espace on rachète les écoles, sans que le scandale n’éclate au grand jour, pour bâtir des complexes luxueux tout à fait étrangers au style libanais et pour une clientèle sûrement étrangère. Pour calmer les esprits, ils promettent de rebâtir à l’intention des hommes de religion une petite église ou un petit foyer. Il est désolant de constater que notre pays devient profane. La valorisation religieuse nous donnait un point fixe, une orientation. Aujourd’hui, malheureusement, plus rien n’est sacré. Antoine SABBAGHA Lèse-majesté On a pu lire vendredi 18 juillet sur un site Internet que les autorités françaises s’en seraient spécialement prises à un député du Mont-Liban en le forçant, humiliation ultime, à ôter ses chaussures, avant le passage sous le portique de détection des métaux. Le parlementaire a, bien sûr, protesté auprès de l’ambassadeur du Liban en France qui, bien sûr, n’a rien d’autre à faire qu’à mettre du baume sur l’ego meurtri des représentants-voyageurs de notre pauvre nation. Comme si cela ne suffisait pas, le député humilié s’en est allé se plaindre également au ministre des Affaires étrangères, fraîchement réinstallé dans ses fonctions. Si seulement quelqu’un pouvait rappeler à ce monsieur que, député ou pas, il est tenu comme tout le monde de respecter les règles de sécurité dans les aéroports. Et si par je ne sais pour quelle crainte ou quelle fausse amabilité, on en est encore à cajoler la classe politique en dépit du bon sens et à bafouer, pour lui plaire, les règles de sécurité souvent draconiennes qui touchent les autres voyageurs à partir de l’aéroport de Beyrouth, ça ne veut pas dire qu’exception devient loi et que ce traitement de faveur doive être étendu à d’autres aérogares dans le monde. Ce n’est pas parce que les députés font les lois, et ils ont bien chômé ces dernières années, qu’ils peuvent les piétiner. À bien y penser, si notre classe politique est si gâtée, c’est de notre faute car nous la pourrissons par des égards qui ne lui sont pas toujours dus. Mais la question reste?: comment construire une nation sur des fondations gâtées et pourries, donc molles et non fiables?? C’est la question qui nous hantera quand nos enfants nous demanderont ce que nous avons fait pour leur garder un pays où ils pourront vivre et prospérer en Libanais libres. Wassim HENOUD Assez d’incidents isolés Je lis dans mon journal la nouvelle de l’agression contre la maison du mufti Kabbani. Je trouve que cela suffit de laisser quelques écervelés commettre des actes qui échauffent les esprits et encouragent les représailles. Je voudrais envoyer un message de détresse à notre armée et à notre président pour leur dire?: soyez implacables dans l’application de la loi, car notre pays, objet de tant de convoitises, ne peut plus supporter de secousses, et si ces luttes intestines continuent, il mourra d’épuisement. Le sang versé chaque jour dans des incidents isolés qui se propagent comme un feu follet est celui de sa jeunesse qui, à quelque bord qu’elle appartienne, est convaincue qu’elle défend le Liban, la liberté du Liban et l’avenir du Liban. Fini?! Les loups vont retourner dans leurs tanières, heureux du travail accompli, en attendant un nouveau round pour continuer à mettre à terre nos institutions, afin de pouvoir offrir sur un plateau d’argent ce petit Liban tout saignant à leurs sponsors et maîtres qui estiment que les sommes dépensées ont atteint leurs objectifs. Passons un été agréable, à l’abri de tout incident qui pourrait remettre le feu aux poudres, et essayons de profiter de l’arrivée de nos émigrés pour créer une atmosphère calme et sereine, qui pourrait les encourager à investir dans leur pays d’origine. J’applaudis des deux mains à l’initiative du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), appuyé par le nouveau ministre de la Justice, d’engager une action contre une chaîne de télévision. Raymond NAHAS NDLR Dans le nombreux courrier que nous recevons quotidiennement, certaines lettres comportent des passages qui seraient difficilement publiables. Pour cette raison, et aussi afin de faire paraître le plus grand nombre possible de lettres, le journal se réserve le droit de n’en reproduire que les parties les plus significatives et d’en rectifier certains termes désobligeants. En outre, chaque missive doit comporter la signature (nom et prénom) de son auteur. Les lecteurs, nous en sommes certains, le comprendront, ce dont nous les remercions par avance.