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Actualités - CHRONOLOGIE

Au plus près des populations du Sud, les bersaglieri enregistrent de nombreux succès dans leurs missions sociales sur le terrain Les bruits de botte bienvenus des Italiens de la Finul Victor FLEURY

Un grand soleil d’été éclaire les collines de Tebnine. Les rues de cette ville du Sud sont quasiment désertes en cette fin de matinée. Trois véhicules blindés blancs des Nations unies avancent lentement sur la route en bravant la chaleur ambiante. Un vieil homme assis à l’ombre salue le convoi en souriant. Sur la devanture de son magasin, les enseignes sont écrites en arabe et en italien, preuve évidente de la bonne entente entre la population locale et les soldats de la Finul. « Nos relations avec les Libanais sont excellentes, car ils savent que nous sommes là pour eux », affirme le général Vincenzo Iannucelli, qui dirige le secteur ouest de la zone de déploiement de la Finul. Près de 350 Casques bleus, principalement des Italiens, résident dans le camp de Tebnine. La base, très protégée, dispose d’installations modernes et confortables. Au milieu des baraques trône un monument commémoratif, au-dessus duquel des drapeaux flottent dans le vent. Des militaires de nombreuses nationalités cohabitent ici. « Sous mon commandement, il y a des Ghanéens, des Coréens, des Français, des Slovènes et des bataillons issus d’autres pays. Nous n’avons aucun problème entre nous. Le principal, c’est le respect de l’ordre et de la discipline que tous les soldats partagent », confie le général Iannucelli, en se rendant vers le réfectoire. 10 000 patients soignés Le général s’installe au milieu de ses hommes pour déjeuner à la cantine. Des odeurs de plats italiens et libanais se côtoient. Entre deux bouchées, il tient à présenter l’action de la Finul dans son secteur. « Notre mission principale est de maintenir le cessez-le-feu et d’aider l’armée libanaise. Nous effectuons ainsi quotidiennement des patrouilles de surveillance. Nous coordonnons aussi des check-points et des patrouilles », explique-t-il. « Nous faisons des entraînements en commun avec l’armée libanaise et deux de nos escadrons sont affectés à des missions de déminage », ajoute-t-il. Parallèlement à ses opérations militaires, la Finul a mis en place un programme de Coopération militaire civile (Cimic) qui permet un travail au plus près des gens. Cette organisation tend à améliorer la vie quotidienne des populations du Sud, en collaboration avec les autorités locales. « La Cimic a deux buts principaux : aider les populations et hausser le niveau de vie des habitants de la région. Nous tenons à travailler avec tout le monde sur le terrain », assure le lieutenant-colonel Sodano, chef de la Cimic. Cette organisation permet aux soldats de côtoyer directement la population. Elle intervient dans divers domaines comme l’éducation, la santé, la prévention ou le sport. Depuis le début de l’année, près de 10 000 patients ont ainsi été soignés grâce à la Cimic. L’organisation a également dispensé 50 cours de langues au cours de cette période. « Jour après jour, nous cherchons à résoudre des problèmes concrets. Nous venons par exemple de réparer, avec une entreprise libanaise, un système de canalisation pour les eaux usées dans un village voisin », explique le lieutenant-colonel Sodano. L’Italie est le pays qui compte le plus d’hommes au sein de la Finul : 2 500 soldats italiens sont déployés en permanence sur six bases du sud du pays, dans le cadre de la mission Leonte (nom latin de la rivière Litani durant l’Antiquité). La plupart de ces militaires, comme le général Iannucelli, sont des bersaglieri (tirailleurs), de la brigade Garibaldi, qui ont des traditions très particulières (voir encadré). L’Italie au cours de son histoire récente a entretenu une étroite relation avec le Liban. En 1982, le pays de Machiavel a été le premier pays à envoyer des troupes au sein de la Force multinationale. Quelques soldats italiens de cette époque sont de nouveau en mission avec la deuxième Finul. « Même si le contexte est complètement différent aujourd’hui, le point commun entre 1982 et aujourd’hui, c’est que nous avons été très bien accueillis. Il y a 26 ans, c’était la première fois que nos soldats sortaient du pays en mission depuis la Seconde Guerre mondiale, et ça avait été un succès. Nous étions donc unanimement heureux de revenir au Liban », déclare le lieutenant d’Angelo. Des soldats au grand cœur À quelques kilomètres de Tebnine, le camp militaire de Maaraké surplombe le village. Des centaines d’hommes du huitième régiment de bersaglieri stationnent ici. Malgré un confort spartiate, l’enthousiasme du chef de la base, le colonel Del Col, est intact. Fraîchement débarqué d’Italie, il s’adapte avec plaisir à sa nouvelle mission. « Depuis mon arrivée, j’ai reçu beaucoup d’invitations de personnalités locales. La semaine dernière par exemple, j’ai assisté au mariage de la fille du président de conseil municipal, ce qui m’a permis de mieux découvrir la culture libanaise », dit-il avec un réel plaisir. Le colonel Del Col a 50 localités sous son contrôle. Ses hommes collaborent activement sur le terrain avec l’armée libanaise. Les activités de la Cimic tiennent également une place essentielle au cœur de leur emploi du temps. « Il y a un parallèle entre les missions militaires et humanitaires que nous menons à bien tous les jours, et nous avons un lien très étroit avec les responsables de la région pour cela », affirme le colonel. L’aide aux enfants défavorisés est une priorité du mandat du colonel, et ses soldats partagent visiblement cette volonté. « Mes hommes ont vraiment un grand cœur », conclut-il fièrement. Malgré les menaces, notamment terroristes, qui pèsent contre les soldats, les Casques bleus mènent sereinement leur mission. « Nous n’avions pas de craintes particulières en venant ici, sûrement parce que nous avons participé récemment à des opérations en Irak. Mon frère, par contre, avait peur que je vienne au Liban à cause des images qu’il a pu voir à la télévision italienne. En même temps, je me sens en sécurité au sein de mon régiment, c’est ma plus grande famille », confie le caporal major Cucco. La cohésion familiale est une valeur nécessaire pour que le régiment ne perde pas son identité si particulière. Même avec l’arrivée des femmes il y a sept ans, cet état d’esprit n’a pas changé. Trente-huit d’entre elles vivent en harmonie dans le camp avec leurs camarades masculins. Elles permettent aux militaires de la Finul d’être encore mieux acceptés. « Nous pouvons établir une vraie relation avec les femmes locales, ce qu’un homme ne pourrait jamais faire », témoigne la caporale chef Agosta. Cette relation si particulière, qui s’est tissée au fil des années, entre les habitants du Sud et les Casques bleus italiens porte aujourd’hui ses fruits. L’excellente collaboration avec les Libanais permet la réussite de nombreux projets, tandis qu’aucune perte italienne n’est à déplorer depuis 2006. En attendant, les derniers rayons de soleil éclairent les collines du Sud et trois véhicules blindés blancs partent sur la route effectuer leur mission.
Un grand soleil d’été éclaire les collines de Tebnine. Les rues de cette ville du Sud sont quasiment désertes en cette fin de matinée. Trois véhicules blindés blancs des Nations unies avancent lentement sur la route en bravant la chaleur ambiante. Un vieil homme assis à l’ombre salue le convoi en souriant. Sur la devanture de son magasin, les enseignes sont écrites en...