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Actualités - OPINION

La malédiction des sans-nationalité Youssef Taht-qayd al-dars

J’ai 31 ans, je suis né et je vis au Liban. Ma mère est libanaise et mon père, décédé, était un chrétien assyrien d’Irak, venu s’installer au Liban au milieu du siècle dernier. Il avait obtenu des autorités libanaises des papiers provisoires sous forme de laissez-passer, dont j’ai hérité. Je connais par cœur chaque recoin d’Achrafieh, Dékouané, Nabaa, Sin el-Fil, Dora, Hamra, Jounieh, Zahlé, Saïda… À plus d’une reprise, j’ai pu trouver un emploi. Malheureusement pour moi, je ne tardais pas à être renvoyé, mes employeurs ne parvenant pas à m’obtenir un permis de travail. Depuis, ma mère a décidé d’emprunter de l’argent pour ouvrir une supérette où je pourrais enfin assurer mes fins de mois. Je commence à me sentir adulte, indépendant, heureux. J’ai rencontré une jeune fille dont je suis tombé amoureux et nous avons décidé de nous marier. Tout allait bien jusqu’au jour où ses frères réalisent qu’ayant un père avec une carte «?taht qayd al-dars?» (sous examen), nos enfants se retrouveraient sans nationalité, donc maudits dès leur naissance. En effet, la femme libanaise ne peut pas donner sa nationalité à ses enfants, quel que soit le cas de figure. Ma fiancée décide donc de rompre son engagement au mariage et, du coup, je me retrouve plongé dans mon sort de pestiféré. Ma vie est une chaîne de malheurs. Certains me disent?: «?Ton grand-père maternel aurait dû t’adopter.?» Merci, c’est trop tard?: mon grand-père est mort et personne n’y avait pensé. J’ai essayé de quitter pour l’Europe où vit une vieille tante, mais impossible d’obtenir un visa avec mes papiers provisoires. On m’a suggéré de me cacher dans la cale d’un navire et de me déclarer «?réfugié?» en des terres plus clémentes. Je n’ai pas osé, j’ai eu peur que cet acte illégal ne me mène en prison pour Dieu sait combien de mois ou d’années. Ma mère s’en veut d’être impuissante. Elle a frappé à toutes les portes, s’est adressée à de très hauts responsables, pour essayer de trouver une «?wasta?». Elle est prête à faire tout ce qu’on lui demandera pour me procurer un passeport libanais. On lui répond souvent?: cette loi a été adoptée pour empêcher les Palestiniens d’épouser des Libanaises et devenir d’office libanais, eux ou leurs enfants nés de ce mariage mixte. Est-ce un argument convaincant?? J’en doute. Sachant que lorsqu’une femme palestinienne épouse un Libanais, leurs enfants ont bien droit à la nationalité libanaise?! Quelle que soit la raison, on a ôté aux femmes leur droit du sang?! Libanaises, réveillez-vous, réclamez vos droits pour vous protéger et protéger vos enfants. Vous constituez 50?% des voix du pays. Dans quelques mois, vous vous rendrez aux urnes. Votez pour ceux qui promettront publiquement de défendre les droits de la femme. Je suis un homme et j’en souffre. Article paru le jeudi 24 juillet 2008
J’ai 31 ans, je suis né et je vis au Liban. Ma mère est libanaise et mon père, décédé, était un chrétien assyrien d’Irak, venu s’installer au Liban au milieu du siècle dernier. Il avait obtenu des autorités libanaises des papiers provisoires sous forme de laissez-passer, dont j’ai hérité. Je connais par cœur chaque recoin d’Achrafieh, Dékouané, Nabaa, Sin...