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Actualités - REPORTAGE

Des thermes romains avaient été découverts à proximité de l’église Saint-Maron Gemmayzé, une mine de trésors archéologiques

Le temple culturel découvert à la rue Maroun Naccache, à Gemmayzé, n’en finit pas de se raconter. Après la mise au jour de ses dallages en marbre, de son sol en opus picatum, ses colonnes de marbre et de granit et ses quatre autels, les excavations menées par la Direction générale des antiquités (DGA) ont dévoilé les thermes romains de l’ensemble et ses ateliers de bronziers. La zone fouillée, qui embrasse à ce jour le terrain appartenant à Joseph Moawad et les biens-fonds 616 et 620, continue à dérouler la structure tentaculaire du monument. La parcelle 616 (Saifi Crown), située à proximité de l’église Saint-Maron, a livré les vestiges des thermes romains, dont une grande partie du caldarium (pièce réservée aux bains chauds), et une mosaïque de 12 x 28 mètres, tapissant le sol du tepidarium (salle où l’on maintenait une température moyenne afin de préparer le corps au bain de vapeur ou sudatorium). Au sein du caldarium, les archéologues ont déterré un labrum (grande vasque qui servait à s’enduire d’huile). Les parties restantes des thermes reposeraient, selon Assaad Seif, directeur et coordinateur des fouilles à la DGA, dans les sous-sols du restaurant central de l’église Saint-Maron et des quelques bâtiments situés à l’est du site. «?Ces thermes font partie du monument, qui était vraisemblablement très vaste. Selon notre extrapolation, sa superficie pourrait atteindre quelque dix mille mètres carrés?», estime le responsable, ajoutant que «?les spécialistes étudient actuellement la nature de ce temple, bel et bien important?». Seif signale aussi que «?bâti vers la fin du Ier siècle-début IIe après J.-C., le complexe a été utilisé dans sa totalité pendant 200 à 300 ans. Vers 390-400, le culte dit païen ayant été banni, le temple a été fermé et abandonné. Toutefois, comme l’indiquent plusieurs éléments archéologiques (monnaie, céramique, verre, etc.), les dépendances du bâtiment, c’est-à-dire les thermes, ont continué à fonctionner jusqu’à la fin de l’époque byzantine?». Le directeur des fouilles à la DGA pense aussi que «?la destruction des thermes a eu lieu vers la moitié du VIe siècle, avec le fameux tremblement de terre. Mais ceci n’est qu’une hypothèse qui doit être certifiée dans le proche avenir par les études et les analyses en cours?». Les thermes romains de Gemmayzé ne seront pas démontés. Les propriétaires du terrain souhaitent intégrer les vestiges à leur projet et un jardin sera aménagé à cette fin, a-t-on cru comprendre. Par ailleurs, sur le bien-fonds 620, propriété de Sadek Sawaf, ont été mis au jour des fours de céramique, des ateliers de bronziers et les fragments d’une galerie voûtée, qui trouve son prolongement dans la parcelle 616. L’ouvrage, utilisé pour le drainage des eaux, est dans un état de dégradation avancée. Assaad Seif indique à cette occasion que le site, habité de manière continue, a été pillé dans l’Antiquité et transformé en carrière au cours de la période médiévale?; ses pierres ont été démontées et réutilisées pour la construction des bâtiments avoisinants. «?Seulement 10?% du monument a été laissé intact par les intrusions ultérieures?» et «?une partie des fondations et des dallages en marbre sont dans un état très détérioré?». Rappelons que les excavations menées du côté de la rue Maroun Naccache, sur le terrain appartenant à Joseph Moawad, ont révélé les strates superposées des périodes médiévale, romaine, hellénistique, ainsi que des céramiques datant de l’âge du Fer. Le clou des travaux reste toutefois la mise au jour du temple romain, le premier découvert en dehors du centre-ville (place de l’Étoile et Lazarieh). Le monument est doté de quatre autels, dont deux couverts d’inscriptions?: l’une dédiée à la triade héliotropine, Jupiter-Vénus-Mercure, l’autre à la déesse marine Leucothea, fille de Cadmos. D’autres couches d’occupation romaine ont par ailleurs dévoilé un système de canalisations d’eau, des habitations de type rural, une réserve de monnaies, des débris de poterie et de verre, des tombes renfermant des squelettes d’enfants, d’adultes et d’animaux. Il convient enfin de noter que les fouilles de Gemmayzé sont dirigées par l’archéologue Fadi Beaini, assisté de Christine Matar, Rolla Raïdi et Madona Abi-Zeid. May MAKAREM
Le temple culturel découvert à la rue Maroun Naccache, à Gemmayzé, n’en finit pas de se raconter. Après la mise au jour de ses dallages en marbre, de son sol en opus picatum, ses colonnes de marbre et de granit et ses quatre autels, les excavations menées par la Direction générale des antiquités (DGA) ont dévoilé les thermes romains de l’ensemble et ses ateliers de...