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Actualités - CHRONOLOGIE

HAUTE COUTURE Un automne-hiver 2009 innovant Page réalisée par FIFI ABOU DIB

La présentation des collections haute couture de l’hiver prochain s’est achevée jeudi dernier à Paris. Une tendance au glauque, est-ce l’air du temps ? mais avec des fulgurances de couleurs vives et des diaprures empruntées à tout ce qui porte des ailes. Une fois de plus, et c’est devenu coutume, les couturiers libanais se sont taillés une belle place dans cet événement saisonnier guetté par les médias du monde entier. Élie Saab Un rien gothique, toute de bordeaux et de gris dans leurs infinis camaïeux, la collection révélée par Élie Saab lors des défilés haute couture automne-hiver 2009 sort définitivement des sentiers battus par le couturier libanais depuis bientôt vingt-cinq ans. Moins de broderies, plus de légèreté, de l’allure avant toute chose. L’abondance de plissés, de froissés savants, de cols démesurés évoque une éclosion. Une émotion réelle se dégage du regard de Saab sur la femme. On serait tenté d’évoquer un pressentiment, car le couturier la présente au seuil de son devenir, encore inachevée, prête à se déployer, à se tendre, à prendre définitivement son envol. Le frémissement de cet entre-deux encore enveloppé de mystère est magistralement saisi dans le faux désordre de la coupe et dans le froissement des tissus choisis à dessein dans la gamme bruissante des shantungs et des organzas. Grandes orgues chez Lagerfeld, faux tailleurs pour Chanel Karl Lagerfeld aime l’orgue et l’a montré mardi 1er juillet en proposant pour l’hiver prochain une collection inspirée des tuyaux d’orgue, tandis que Christian Lacroix a plus que jamais marié la dentelle noire et le jais pour un sombre vestiaire, né de l’évocation du monde des insectes. En début de soirée, Riccardo Tisci pour Givenchy a emmené son public au Machu Picchu. Il évoque ce site inca en robes-ponchos rayées en dégradés de brun à beige, en poncho, en organza de soie rose fluo, brodé de franges en cristaux, en chapeaux ronds andins rayés et surdimensionnés ou en motif lama sur des pulls qui font les épaules rondes. Sa voyageuse porte des bermudas en mohair, des perfectos en cuir doublé d’alpaga, une veste en laine bouillie et mohair avec un gilet en cotte de mailles qu’elle troque parfois pour des robes asymétriques en satin. Sous la verrière du Grand Palais où se tenait le défilé de Karl Lagerfeld pour Chanel, au deuxième jour de présentation des collections haute couture parisiennes, plusieurs centaines d’invités ont applaudi les mannequins qui apparaissaient et disparaissaient entre de grands cylindres gris installés sur la scène, symboles d’un orgue géant. Des alignements de minces « tuyaux » de tissu soulignent comme des smocks la taille des robes ou structurent des manches en leur donnant un aspect rigide et du volume. « L’inspiration, c’est le buffet d’orgue de la salle Gaveau », a précisé Karl Lagerfeld à la presse. L’orgue de la célèbre salle parisienne de concerts classiques a été récemment restauré. « Tout d’un coup, j’ai trouvé très jolis les buffets d’orgue et j’ai eu l’idée du décor, la collection est venue de là », dit-il. La technique employée dans la collection n’a rien à voir avec les smocks, souligne le couturier : « C’est fait tuyau par tuyau, légèrement rembourré, piqué, brodé. C’est un travail absolument fou. » Le célèbre tailleur Chanel se fait discret, la collection en comprend peu, et avec des vestes rallongées. Karl Lagerfeld propose en revanche des « robes qui ressemblent à des tailleurs et qui n’en sont pas ». L’essentiel de la collection se décline dans des nuances de gris, de noirs et de blancs. Une robe longue rose, fermée dans le dos pas un long alignement de boutons et au drapé retenu par une fleur, se fait d’autant plus remarquer. Même les broderies or ou argent jouent les demi-teintes. D’autant qu’elles sont réalisées avec « des bouts d’aluminium, des choses très étranges », explique Karl Lagerfeld. Certains mannequins portent comme des cadres de tableau autour du visage, attirant encore davantage le regard vers le haut de la silhouette. Le défilé a été applaudi notamment par l’ancien mannequin Claudia Schiffer, la comédienne Patricia Arquette, les chanteuses Ayo et Dany, ou Bernadette Chirac. « Microcosmos » chez Christian Lacroix Christian Lacroix, qui défilait pour la deuxième fois à Beaubourg, a livré une collection plutôt sombre qui fait la part belle aux arabesques de dentelle noire et aux broderies de jais sur de courts fourreaux, des manteaux ou robes à volumineuses manches lampions. La silhouette est souvent courte, près du corps. La couleur est douce, en dégradé de corail sur un long fourreau de mousseline chair, une jupe drapée et bouillonnée saumon, en fourreau caramel. Mais, comme toujours chez le couturier, elle est aussi vive, d’autant plus vive qu’il y a beaucoup de noir. Elle éclate sur une courte robe trapèze bouton d’or, en œillets géants fuchsia sur une robe en satin, en vagues de mousseline coquelicot sur une robe longue feuilletée et bouillonnée. La collection vient un peu « du monde de l’insecte », explique Christian Lacroix. Mais, souligne-t-il, « je ne me suis pas amusé à faire un “Microcosmos” », en référence au film sur la vie des insectes. Ce ne sont « pas non plus des costumes de fin d’école maternelle », du genre « ma fille s’habille en libellule ». La collection joue plutôt avec les idées de carapaces, de « choses un peu comme des élytres, très transparents ». « C’est sombre, c’est sûr, l’hiver je suis toujours sombre », conclut le couturier.
La présentation des collections haute couture de l’hiver prochain s’est achevée jeudi dernier à Paris. Une tendance au glauque, est-ce l’air du temps ? mais avec des fulgurances de couleurs vives et des diaprures empruntées à tout ce qui porte des ailes. Une fois de plus, et c’est devenu coutume, les couturiers libanais se sont taillés une belle place dans cet...