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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - «?Miror, Miror?» à la galerie Agial Taghrid Darghouth, peintre – sans concessions – de son époque

«?Miroir, miroir, dis-moi… vais-je enfin devenir (ou redevenir) la plus belle ??» semblent exprimer les regards inquiets d’une série de visages de femmes aux nez refaits — et encore plâtrés — accrochée aux cimaises de la galerie Agial*. Signées Taghrid Darghouth, 36 toiles à l’acrylique, de petite, moyenne et grande dimensions, réunies sous l’intitulé «?Miror, Miror?» (Miroir, miroir), déclinent des visages, mais aussi des corps charcutés, ou sur le point de l’être, par la chirurgie plastique, ce nouveau «?dieu?» de notre époque. À l’instar des écrivains qui bâtissent leur œuvre autour de la description des mœurs de leur temps, certains peintres – c’est d’ailleurs la tendance actuelle – font de leur art un élément de témoignage social. Presque un matériau d’archivage de leur époque… Taghrid Darghouth, 29 ans, est de ceux-là. Cette jeune artiste à l’univers particulier – que d’aucuns jugeront glauque – n’a pas peur d’aborder, par le pinceau, des «?sujets inesthétiques?». Dans ses précédentes expositions – on pense en particulier à «?Falling Parts?», présentée il y a deux ans au Goethe-Institut –, elle s’était attaquée au sentiment de perte, de mutilation et de détresse du peuple libanais en peignant des images métaphoriques de poupées aux membres amputés. Cette fois, la jeune artiste n’a pas eu recours à des personnages de substitution, préférant évoquer directement un sujet tabou, celui de la dictature de la beauté et de la jeunesse, via les opérations de chirurgie esthétique, chez la population majoritairement féminine -– jusqu’ici ! – libanaise. Une lutte vaine Et cette fois encore, Taghrid Darghouth n’hésite pas à utiliser des images fortes, sombres, dérangeantes pour raconter, d’un pinceau aussi talentueux qu’expressif et dans une palette de tons éteints, l’implacable et vaine lutte contre le flétrissement des chairs, le ternissement de la peau, l’affadissement des traits et l’adiposité celluliteuse… Des images crues de seins pantelants, de surcharge pondérale cerclée au crayon feutre avant l’opération, de points de suture sur chairs flasques malgré l’intervention, de nez au retroussé adolescent en plein milieu d’une figure vieillissante… «?En fait, il ne s’agit pas tant d’une critique que d’un regard – certes sans concessions – sur un fait de société devenu prééminent au Liban, peut-être un peu plus qu’ailleurs?», indique l’artiste. «? La chirurgie plastique est aujourd’hui la règle, le passage sur le billard, presque un rituel obligatoire pour effacer n’importe quel minuscule défaut. C’est cet excès que je dénonce, cette course effrénée à la perfection physique et à la jeunesse éternelle qui, outre les nombreux ratés, produisent souvent des dommages collatéraux sur nos relations avec nous-même et avec les autres. Tout devient artificiel, et notre humanité en pâtit?», poursuit-elle. Assurant, qu’à travers ses œuvres, inspirées de photos de magazines mais aussi de portraits de gens autour d’elle qui ont eu recours à la chirurgie plastique, elle cherche surtout à montrer son inefficacité dans la lutte contre le temps. Mais aussi le trouble, le désarroi – souvent inopérables – des gens qui y ont recours. Entre réalisme et expressionnisme, des peintures qui reflètent comme un… miroir (d’où le titre de l’exposition) les tensions et les dérives d’une société obnubilée par l’apparence. Parce que, pour Taghrid Darghouth, l’art parle d’autre chose que de concepts abstraits et esthétisants ! Curriculum vitae Diplômée en 2000 de l’institut des beaux-arts de l’UL, Taghrid Darghouth a également suivi une formation à l’École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris (Ensad). Elle a participé à de nombreuses expositions collectives au Liban, mais aussi à l’étranger : Amman, à de nombreuses reprises, Paris en 2003 et Buenos Aires en 2006… C’est sa quatrième exposition individuelle, après «?Still Features?» en 2004 chez Zico House, «?Falling Parts?», deux ans plus tard, au Goethe-Institut de Beyrouth, et «?Marginal?» en 2007 au Marbuta Bar, Beyrouth. Zéna ZALZAL *Agial Art Gallery, rue Abdel-Aziz, Beyrouth, jusqu’au 31 juillet. Tél.?: 01/345213 ou 03/634244. E-mail : info@agial.com
«?Miroir, miroir, dis-moi… vais-je enfin devenir (ou redevenir) la plus belle ??» semblent exprimer les regards inquiets d’une série de visages de femmes aux nez refaits — et encore plâtrés — accrochée aux cimaises de la galerie Agial*.
Signées Taghrid Darghouth, 36 toiles à l’acrylique, de petite, moyenne et grande dimensions, réunies sous l’intitulé «?Miror,...