Rechercher
Rechercher

Actualités - interview

Le feu vert du ministère d’État pour le Développement administratif est devenu une étape incontournable Centraliser les études et devis, un moyen efficace de lutter contre gaspillage et malversations

En guise de minibilan, il est permis de s’arrêter sur les progrès réalisés, sous l’égide du précédent gouvernement, dans certains domaines de l’administration. Au ministère d’État pour le Développement administratif, une unité spéciale travaille d’arrache-pied depuis 2002 pour centraliser les études réalisées sur le plan national et constituer ainsi une base de donnée solide et utile. Mais surtout, pour éviter qu’une même étude soit répétée à l’infini, au rythme des contrats de complaisance accordés par une administration trop souvent laxiste et permissive. Atef Merhi dirige l’Unité de développement administratif (UDA) du ministère du Développement. Des montagnes de dossiers occupent son bureau, et des étagères se déploient le long des murs, chargés de classeurs soigneusement répertoriés. « C’est en 2001 que le Premier ministre Fouad Siniora publie une circulaire tendant à mettre en place une équipe chargée de dresser un inventaire de toutes les études?» qui existaient déjà. Le but était double, souligne M. Merhi : «?Mettre un terme au gaspillage des fonds consacrés par chaque ministère aux études, et d’autre part rendre accessible à tous les experts, étudiants et hommes d’affaires, une base de données comprenant toutes les études déjà réalisées, tous domaines confondus. Certes, celles dont la date remontait plus loin que les années 80 n’ont pas été répertoriées, car trop de choses ont changé depuis. L’annuaire regroupe désormais toutes les études effectuées par les divers ministères depuis les années 80 jusqu’à ce jour.?» «?Il nous a fallu trois ans, de 2002 à 2005, pour que l’annuaire commence à prendre forme?», note Élie Kahi, coordinateur du projet. Il raconte qu’il a d’abord fallu convaincre les responsables dans les divers ministères de l’utilité de cette entreprise. Sur les changements opérés par la circulaire du Premier ministre, M. Merhi explique qu’il est désormais impossible de lancer une nouvelle étude sans passer par le ministère. Toutefois, ajoute-t-il, «?il existe toujours des moyens de contourner la loi, notamment dans certaines administrations, à cause d’une brèche dans cette même loi ou à cause d’employés peu scrupuleux?». «?Il ne faut pas croire toutefois que tous les fonctionnaires sont pourris?», aime à souligner Atef Merhi, «?et personne n’a jamais tenté de s’ingérer dans notre travail?». Il est de prime abord difficile de croire que personne ne l’a jamais appelé pour lui faire changer d’avis sur une étude qu’il aurait estimée superflue… Mais ce dernier persiste et signe : «?Je ne sais pas si au niveau des contrôleurs financiers il y a pu y avoir des magouilles, mais en ce qui me concerne en tout cas, ça n’a jamais été le cas. Et si à leur niveau, il y a réellement eu quelque chose de peu clair, ce qui est sûr c’est que nous avons été écartés du “deal” en question.?» Voilà qui est dit. Mais alors d’où provient cette conviction quasi collective dans les rangs des Libanais, qui veut que l’administration n’est autre qu’un haut lieu de non-droit et de malversations?? «?Dans certains secteurs de l’administration, c’est vrai que tout ne se passe pas en conformité avec la loi. Tout ce qui concerne le cadastre, ce n’est pas vraiment la transparence.?» Trois années de fichage et d’archivage Pour résumer, il existe un circuit que doit suivre tout établissement public désireux de lancer une étude dans un domaine précis. Dans le cas de l’UDA, tout a été soigneusement pensé pour éviter qu’un ministère puisse donner son feu vert à une étude sans avoir auparavant obtenu l’aval de l’UDA. Le processus est en fait le suivant?: le ministère concerné ou le consultant chargé du dossier présente une demande à l’agent comptable qui a pour mission de surveiller les dépenses. Ce dernier informe alors obligatoirement le ministère du Développement administratif, au sein duquel un représentant du ministère des Finances fait en permanence acte de présence. Ce n’est que lorsque ce dernier aura donné son aval que l’étude pourra effectivement être lancée. Concrètement, le contrôleur financier ne pourra valider une étude et débloquer les fonds nécessaires si le ministère du Développement trouve une étude similaire ou équivalente dans sa base de données. Celle-ci est entièrement informatisée, et c’est là une des grandes fiertés de MM. Merhi et Kahi. «?Notre ministère dispose désormais d’une base de données sérieuse. Elle est à la disposition de tous?: chercheurs, professionnels, étudiants, élèves… C’est en cela que notre mission est importante. Le ministère n’a pas pour seule mission de mettre un terme au gaspillage et aux malversations.?» Propos recueillis par Lélia MEZHER
En guise de minibilan, il est permis de s’arrêter sur les progrès réalisés, sous l’égide du précédent gouvernement, dans certains domaines de l’administration. Au ministère d’État pour le Développement administratif, une unité spéciale travaille d’arrache-pied depuis 2002 pour centraliser les études réalisées sur le plan national et constituer ainsi une base...