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Actualités - REPORTAGE

L’ambassade du Canada au Liban et l’AUF rendent hommage aux francophones d’Amérique du Nord L’interculturalisme du Québec, un succès vieux de 400 ans

Le 3 juillet 1608, les explorateurs français Samuel de Champlain et Pierre Duguas De Mons découvrent le Québec. Quatre siècles plus tard, la ville canadienne symbolise toujours la présence francophone en Amérique du Nord. C’est dans ce contexte que l’ambassade du Canada au Liban et l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) ont organisé hier, à Beyrouth, deux conférences sur le thème de l’interculturalisme québécois. Le 400e anniversaire du Québec « est plus que la fondation d’une simple ville, (…), c’est l’occasion pour tous les Canadiens, venus du monde entier, de célébrer leurs racines ». C’est par ces mots que l’ambassadeur du Canada au Liban, Louis de Lorimier, a ouvert le colloque marquant la fondation du Québec. L’événement a été une occasion pour rappeler les valeurs qui font la spécificité du Canada, notamment le dialogue des cultures, le droit à l’égalité, la laïcité « ouverte » et, surtout, l’interculuralisme. La définition de l’interculturalisme au Canada – qui se différencie du melting-pot américain – est un modèle préconisant des rapports harmonieux entre cultures, fondés sur l’échange intensif et axés sur un mode d’intégration qui ne cherche pas à abolir les différences, tout en favorisant la formation d’une identité commune. « On ne peut parler du Québec sans évoquer sa pluralité culturelle et linguistique », souligne Jean-Louis Roy, ancien secrétaire général de l’AUF. « Le Québec est un laboratoire humain placé devant les défis de la gestion de ces pluralités », poursuit-il. Selon l’universitaire canadien, le modèle québécois, bien qu’il ait prouvé son efficacité, fait désormais face à une grave crise tant sur le plan démographique que linguistique. « Aujourd’hui, un Québécois sur dix a dépassé l’âge de 65 ans. Dans vingt ans, ils représenteront le quart de la population », précise M. Roy qui souligne également que près d’un chef de famille sur trois, au Québec, n’est pas né au Canada. Par ailleurs, concernant la langue française, M. Roy affirme que depuis l’instauration du bilinguisme au Canada, en 1969, la langue de Molière a connu une « très grave régression au niveau de l’État fédéral ». Selon les statistiques du gouvernement canadien, le bilinguisme chez les anglophones s’est accru ou est demeuré stable dans toutes les provinces et les territoires depuis 2001. Cependant, selon les données officielles, bien que la connaissance du français semble avoir légèrement progressé entre 2001 et 2006 au sein de la population anglophone, « elle continue de diminuer chez les jeunes de 15 à 19 ans vivant à l’extérieur du Québec ». Pour Sami Aoun, professeur à l’École de politique appliquée de l’université de Sherbrooke, l’interculturalisme québécois est surtout caractérisé par la laïcité « ouverte », un concept né après la « Révolution tranquille », dans les années soixante au Québec, et qui a abouti à la séparation totale entre l’Église catholique et l’État. « L’interculturalisme québécois permet l’intégration des communautés sans effacer leur identité culturelle », explique M. Aoun. Selon lui, la laïcité au Canada ne s’oppose pas à la foi en tant que telle, mais aux lois qui s’en suivent, comme la charia chez les musulmans ou le droit canonique chez les chrétiens. « La laïcité ouverte consacre un islam “déjuridisé” et dépolitisé », poursuit-il. Selon lui, ce système permet au Québec de voir l’émergence d’une spiritualité qui, dans certains cas, a fait défaut dans son pays d’origine. Faisant le lien avec sa mère patrie, M. Aoun a conclu son discours en affirmant que le Québec multiculturel est un « message » qui ressemble beaucoup à celui du Liban. Rania MASSOUD
Le 3 juillet 1608, les explorateurs français Samuel de Champlain et Pierre Duguas De Mons découvrent le Québec. Quatre siècles plus tard, la ville canadienne symbolise toujours la présence francophone en Amérique du Nord. C’est dans ce contexte que l’ambassade du Canada au Liban et l’Agence universitaire de la francophonie (AUF) ont organisé hier, à Beyrouth, deux...