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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Funky Nad à Beyrouth avec des guests libano-américains À Gemmayzé, un harmonica sanglote le blues

Le chapeau de gangster, la chemise entrouverte, le collier de grosses perles, les boucles mi-longues et le pantalon?: tout est noir. La musique également est black. Funky Nad, ou Mansour Nader, de Ferzol, a grandi au milieu des «?Ataba?», «?Mijana?» et autres «?Of of?», et a fini par se trouver une addiction incurable pour le blues. De Zahlé à Chicago, en passant par Paris, voici l’histoire d’une jeune pousse musicale qui débarque avec son harmonica à Beyrouth le temps d’une escale au Bar Louie de Gemmayzé. L’harmonica (familièrement connu comme «?musique à bouche?» ou «?ruine-babines?») est son instrument de prédilection. Mais Funky Nad n’a fait sa rencontre que sur le tard, lorsqu’il est allé à Paris poursuivre des études de finances, excusez du peu. Au départ, il avait appris le chant et la musique byzantine lors d’une résidence dans un couvent à Faytroun. Un mémorable séjour de trois ans brusquement et involontairement interrompu pour cause d’abus de deux substances illicites?: les cigarettes et… les filles. Auxquelles s’ajoute un troisième interdit?: écouter Jimi Hendrix dans une église. Avouez qu’il y a de quoi rejoindre le rang des «?indisciplinés qui exercent une mauvaise influence sur la jeunesse?»… Mais ça, c’est déjà une autre histoire. Bref, allant traîner ailleurs ses supposées «?ondes négatives?», Mansour Nader a passé son bac d’abord et s’est envolé pour la Ville lumière afin d’y décrocher son diplôme. Là, il a la révélation de sa vie en écoutant un disque des Doors, plus spécialement un morceau intitulé Road House Blues, qui comporte un air d’harmonica. Ce chant de sirènes le transporte. Il déboule à la Fnac et déniche un CD intitulé Harmonica Road qui le mènera tout droit sur le chemin du paradis. «?Le compact était accompagné d’un instrument et d’un manuel pour inculquer les rudiments de base du jeu d’harmonica?», se souvient-il. Il apprend alors très vite à se servir de ce petit instrument qui a conditionné autant de musiques traditionnelles que de musiques de films et que l’on peut considérer comme un rejeton improbable d’une famille de fines lames. Mais Paris, pour notre jeune homme, ne fut pas la vie en rose. Selon son propre aveu, il y avait des jours «?sans baguette?». Ayant décidé de quitter le monde de la finance et de rejoindre celui de la musique, Funky Nad a «?bouffé de la vache enragée?», se déplaçant de jam-sessions à des soirées entre potes avant de trouver son créneau. Veilleur de nuit dans un hôtel, il profitait de ses heures de garde pour composer des morceaux sur le vieux piano du hall. Ce musicien compositeur talentueux et parfaitement autodidacte sera donc, à partir du lundi 14 juillet, au Bar Louie de Gemmayzé. Boney Fiels, un trompettiste américain, partage l’affiche. Les deux artistes seront accompagnés de Hani Alayli (guitare), Ramzi (drums), Julio (basse), Issa Goraeib (saxophone) et Abdo Sadek (clavier). Le dernier soir, vendredi 18, Boney Fields et Funky Nad joueront avec le Monday Blues Band. Au programme?? Des musiques jazzy, de la soul, du funk et du blues, surtout du blues. «?La solitude, ça vous laisse triste et cafardeux. L’homme s’en va s’asseoir et pleurer. Il penche la tête et pleure. Le blues, ce n’est que ça?», disait le fameux musicien Son House. Expression intime d’un mal-être intérieur partagé par tous, le blues a parcouru les frontières et les âges. Funky Nad a été happé par cette vague dont les musiciens sont des passeurs, à l’instar d’un Jimi Hendrix qui a su gonfler le blues aux stéroïdes. Au fond, ce talentueux musicien applique concrètement un postulat qui, bien qu’élémentaire, est pourtant rarement appliqué par la majorité de la population musicale actuelle, tous courants confondus : aucune œuvre ne peut accéder à des formes supérieures de beauté et de liberté si elle n’est pas, d’une manière ou d’une autre, le fruit d’une invention permanente. C’est ainsi qu’il envisage, dans un avenir assez proche, d’expérimenter les improvisations «?bluesy?» avec des accents orientaux afin d’inventer une musique aux allures de World. Cela, bien entendu, après avoir lancé son premier CD qui mijote à feu doux. Maya GHANDOUR HERT
Le chapeau de gangster, la chemise entrouverte, le collier de grosses perles, les boucles mi-longues et le pantalon?: tout est noir. La musique également est black. Funky Nad, ou Mansour Nader, de Ferzol, a grandi au milieu des «?Ataba?», «?Mijana?» et autres «?Of of?», et a fini par se trouver une addiction incurable pour le blues. De Zahlé à Chicago, en passant par Paris,...