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Actualités - CHRONOLOGIE

Spectacle Avignon?: «?Stifters Dinge?», la pièce dont les pianos sont les héros

Il n’y a pas d’acteurs, pas d’instrumentistes et pourtant c’est un spectacle de théâtre musical bien vivant que propose le compositeur allemand Heiner Goebbels, au Festival d’Avignon, avec Stifters Dinge, dont les héros sont des pianos automatisés. Dans le cadre de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, qui permet toutes les audaces, Heiner Goebbels (56 ans le 17 août) signe sa première mise en scène au festival. Cet acteur de l’avant-garde musicale européenne, installé à Francfort (Allemagne) et actif à Lausanne (Suisse), a conçu un spectacle-installation inclassable, mêlant musique (la sienne, contemporaine, mais aussi baroque avec Bach et du monde pour des chants colombiens), texte, vidéo et arts plastiques. Seuls humains bienvenus sur scène?: les techniciens de plateau. Il en faut pour lancer la performance et recouvrir de sel le fond de chacun des trois bassins ici présents, avant d’y faire couler l’eau bleue contenue dans de grandes cuves disposées à cour et jardin. Le spectateur pourra bientôt y deviner des étendues aquatiques et légèrement glacées, en contrepoint des descriptions naturalistes de l’écrivain autrichien du XIXe siècle Adalbert Stifter (les Stifters Dinge, ce sont ses?«?choses?»). La vidéo évoque l’œuvre du paysagiste hollandais Jacob van Ruisdael ou celle du peintre florentin Paolo Ucello. La bande-son convoque l’ethnologue Claude Lévi-Strauss, qui confie sur les ondes à Jacques Chancel ne pas croire «?qu’il y ait actuellement de grandes raisons de faire confiance à l’homme?». Mais ce qui attire surtout l’œil et l’oreille, c’est cet amas à l’allure de forêt – il est planté d’arbres, d’ailleurs – formé d’une demi-douzaine de pianos partiellement désossés et minutieusement préparés. Leurs cordes ne sont pas simplement frappées selon des automatismes bien réglés, enfonçant les touches avec une rapidité hors de portée du pianiste le plus virtuose, mais aussi frottées avec ardeur et même rage pour exploiter leur résonance «?bruitiste?». Cette réflexion sur l’homme, la machine et la nature s’avère stimulante dans son étrangeté, mais le défi technique fait parfois passer l’enjeu artistique au second plan. Ce n’est pas un hasard si ce sont les pianos qui s’avancent sur des rails à l’heure des applaudissements, comme pour venir saluer un public qui ne sait trop quoi en penser.. Après Avignon, le spectacle sera représenté à Bern, Belgrade et Madrid, mais aussi en France, au Théâtre de Gennevilliers (Hauts-de-Seine, 8-17 janvier) puis à La Filature à Mulhouse (25-28 mars).
Il n’y a pas d’acteurs, pas d’instrumentistes et pourtant c’est un spectacle de théâtre musical bien vivant que propose le compositeur allemand Heiner Goebbels, au Festival d’Avignon, avec Stifters Dinge, dont les héros sont des pianos
automatisés.
Dans le cadre de la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon, qui permet toutes les audaces, Heiner Goebbels (56 ans le 17...