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Actualités - REPORTAGE

Reportage En Cisjordanie, le « mur » coupe des agriculteurs de leurs terres

Les champs fertiles du bourg palestinien de Jayyus, dans le nord de la Cisjordanie, tranchent sur la végétation aride alentour. Mais la plupart des agriculteurs ne peuvent y accéder en raison de la barrière de sécurité érigée par Israël. Perché au sommet d’une colline, Jayyus, qui compte 3 500 habitants, est entouré sur trois côtés par le tronçon de grillage bourré d’électronique ou de béton qu’Israël construit selon un tracé arbitraire. « Le mur a transformé notre vie, qui était heureuse, en désespoir », confie le maire, Mohammad Taher Jaber. Les autorités israéliennes justifient la construction de la barrière de sécurité par son efficacité à empêcher les auteurs d’attentats potentiels de s’infiltrer sur le territoire israélien. Les Palestiniens dénoncent quant à eux ce qu’ils appellent « le mur de l’apartheid » qui empiète sur leurs terres, coupe des villages en deux et compromet la viabilité de leur futur État. Depuis son édification, les agriculteurs de Jayyus doivent demander des « permis de visiteurs » pour accéder à leurs terres, mais moins de 20 % d’entre eux les ont obtenus, selon le bureau de l’ONU pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA). Les agriculteurs veulent que la communauté internationale presse Israël de se conformer à une décision non contraignante de la Cour internationale de justice (CIJ) du 9 juillet 2004, demandant que les sections du mur se trouvant à l’intérieur de la Cisjordanie soient détruites. Environ 200 kilomètres supplémentaires ont été construits depuis cette décision et, selon OCHA, Israël a achevé 57 % des 723 kilomètres prévus. Selon les chiffres de l’ONU, 87 % du mur empiéteront sur le territoire de la Cisjordanie, une fois l’ouvrage achevé. À Jayyus, la barrière électrifiée, construite en août 2003, est distante de six kilomètres de la « ligne verte » d’armistice de la première guerre israélo-arabe de 1948, généralement considérée comme délimitant la Cisjordanie, occupée par Israël depuis la guerre de 1967. La barrière isole les villageois de 860 hectares de terres cultivées, comprenant notamment 50 000 oliviers et arbres fruitiers, 70 serres et six puits. Pour accéder à leurs terres, les fermiers de Jayyus munis de permis ne peuvent passer que par certaines portes ouvertes dans la barrière à heures fixes. Avant la construction du mur, la production annuelle des agriculteurs de Jayyus s’élevait à environ 9 000 tonnes, un chiffre qui a été divisé de moitié, estime Abdul-Latif Khalid, un des exploitants du bourg. « Jayyus est passé d’exportateur de denrées alimentaires à une communauté dans laquelle certaines personnes en difficulté reçoivent de l’aide alimentaire », écrit OCHA dans un rapport récent, ajoutant que le taux de chômage y est de 70 %. Le mur ne nuit pas à l’économie palestinienne, estime quant à lui un porte-parole du ministère israélien de la Défense. « Toutes les histoires relatives à l’influence néfaste du mur sur l’économie palestinienne sont des inventions. Aucun fermier n’a jamais été empêché d’accéder à son champ. Nous les laissons accéder à leurs champs, même si cela nous demande beaucoup d’efforts et que certains Palestiniens utilisent les permis pour entrer illégalement en Israël », a déclaré Shlomo Dror. « Nous avons construit plus de 60 portes le long de la barrière pour permettre aux agriculteurs d’accéder à leurs champs. Ces portes ont été construites sur les chemins qui étaient utilisés avant (la construction du mur). Je pense que cela aurait été plus facile (pour les Palestiniens) sans le mur, mais c’est un fait qu’il permet tous les jours d’éviter des attaques en Israël », a-t-il ajouté. Patrick MOSER (AFP)
Les champs fertiles du bourg palestinien de Jayyus, dans le nord de la Cisjordanie, tranchent sur la végétation aride alentour. Mais la plupart des agriculteurs ne peuvent y accéder en raison de la barrière de sécurité érigée par Israël. Perché au sommet d’une colline, Jayyus, qui compte 3 500 habitants, est entouré sur trois côtés par le tronçon de grillage bourré...