Histoire - Le dictateur nazi est représenté en « homme brisé » Hitler en vedette controversée du musée Madame Tussauds à Berlin

Adolf Hitler est la vedette controversée du musée Madame Tussauds qui ouvre ses portes aujourd’hui à Berlin, parmi quelque 70 autres figures de cire de personnages-clés de l’histoire allemande et mondiale. Pour ne pas donner l’impression de le glorifier, les concepteurs du musée ont représenté le dictateur nazi comme un « homme brisé », dans une reconstitution du bunker où il a passé ses derniers jours et où il s’est donné la mort le 30 avril 1945. L’air dépité, le Führer du musée berlinois a une piètre allure comparé à son sosie plus juvénile présenté au musée Madame Tussauds de Londres. Même exhibée derrière une table, pour empêcher les visiteurs de se faire photographier à ses côtés ou de l’endommager, la statue suscite la polémique et l’indignation de certains responsables politiques. « Je crains que l’exposition ne devienne un genre de pèlerinage pour l’extrême droite », déclare Friedbert Pflüger, chef du groupe parlementaire du parti conservateur (CDU, au pouvoir) au tabloïd Bild, qui titre « Colère en Allemagne ». Pour le numéro deux du parti libéral Rainer Brüderle (FDP, opposition), « faire d’une figure d’Hitler une attraction à proximité du mémorial de l’Holocauste est insensible et de mauvais goût ». « Hitler ne devrait pas devenir une attraction touristique », a convenu Stephen Kramer, le secrétaire général du Conseil central des juifs d’Allemagne. « Mais si cette exposition aide, d’une certaine manière, à normaliser la manière dont on le considère, à le démythifier, alors essayons », déclarait-il fin mai à l’AFP. La porte-parole de l’établissement berlinois, Natalie Ruoss, défend la décision : « Étant donné que nous voulons représenter l’histoire allemande, il nous aurait été difficile de l’exclure. Nous voulons montrer la réalité. » « En préparant l’exposition, nous avons effectué des enquêtes en interrogeant des Berlinois et des touristes dans la rue, et le résultat était assez clairement que Hitler faisait partie des personnages que les gens voulaient voir. » Les 74 autres pensionnaires en cire du musée situé sur l’avenue Unter den Linden, près de la porte de Brandebourg et du Mémorial de l’Holocauste sont moins sujets à controverse. Les visiteurs étrangers n’auront sans doute pas de mal à reconnaître le savant Albert Einstein, le compositeur Ludwig van Beethoven, le chancelier Otto von Bismarck, le footballeur Oliver Kahn, le pape Benoît XVI ou même la chancelière allemande Angela Merkel. Ils auront peut-être plus de mal à identifier l’écrivain Günter Grass, le dramaturge Bertolt Brecht, l’ancien chancelier Konrad Adenauer ou la résistante Sophie Scholl exécutée par les nazis. A fortiori le boxeur Henry Maske, l’animateur de télévision Günther Jauch ou l’actrice Franka Potente. « Qui sont-ils tous ? » demande Sammy, un Britannique diplômé de 24 ans. À part Hitler, Bismarck, Karl Marx, Beethoven et Bach, le jeune touriste, qui s’attarde devant les restes du mur de Berlin de la Potsdamer Platz, affirme que la seule autre personnalité allemande du musée qu’il connaît est le mannequin Heidi Klum.