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Actualités - CHRONOLOGIE

EXPOSITION - Six caricaturistes arabes exposés à Londres Le noir et blanc caustique s’habille de couleurs

Aux frontières de l’art engagé et du journalisme, le dessin de presse s’expose à Londres où la fondation Guardian présente les œuvres féroces ou poétiques de caricaturistes venus du monde arabe et d’Afrique du Nord. Du Liban, c’est Armand Homsi, du quotidien an-Nahar, qui a été sélectionné. Imad Hajjaj et Jalal al-Rifaï représentent la Jordanie, Ali Ferzat la Syrie, Moustafa Hussein l’Égypte, Yazeed al-Harathi l’Arabie saoudite et Amer Shomali (Zan Studio) la Palestine. Ces artistes animent les pages des quotidiens et hebdomadaires de la région, mais, autre point commun, ils ont participé au programme Media in Society initié par le British Council en collaboration avec le BBC World Service Trust. Couvrant le Proche et Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, ce projet vise à rapprocher les professionnels des médias (presse écrite, presse on-line, télévision, radio et arts visuels) pour une meilleure sensibilisation aux enjeux sociaux et culturels de l’actualité. Ce projet œuvre également à rapprocher les journalistes du monde arabe avec ceux de Grande-Bretagne pour une meilleure compréhension de leurs mondes respectifs. Le noir et blanc caustique s’habille ici de couleurs. Les œuvres exposées (une sélection personnelle des artistes) traduisent en un langage universel les grandes préoccupations du moment et de la région : conflits internationaux, crise pétrolière, inflation, George W. Bush, la guerre israélo-palestinienne, la corruption, le militarisme, l’hypocrisie, l’oppression de la femme, l’obscurantisme religieux, les relations conjugales… Le tout enrobé d’un humour tout feu tout flamme. Un peu comme une allumette qui, souvent, permet d’embraser la fameuse langue de bois, apanage de nos responsables. « Le rôle du caricaturiste n’est pas de faire rire, mais de toucher le lecteur, de le secouer en le poussant à se questionner en profondeur sur l’actualité vécue. » Cette phrase du Libanais Armand Homsi condense l’esprit sans concession de ses collègues francs-tireurs. « Il suffit d’une seule image parfois pour rendre compte de l’histoire la plus complexe, indiquent Steve Bell et Ian Wright, de la fondation Guardian. Les artistes viennent de pays et de sociétés qui ne se ressemblent pas. La liberté de manœuvre est également différente dans chaque cas. Mais, partout, les autorités sont hautement sensibles à la critique.  » Cette exposition permet de découvrir le travail de caricaturistes à la liberté de ton parfois étonnante. L’humour est souvent noir, mordant, comme les caricatures signées Ali Ferzat, l’enfant terrible de la presse syrienne, dont le journal a été fermé il y a six ans parce qu’il s’était lancé dans une critique acerbe de la corruption et des problèmes de la bureaucratie, et s’était attaqué, dans ses caricatures audacieuses, aux plus hauts cercles du pouvoir. Ferzat est devenu célèbre grâce à son style particulier, basé sur les dessins sans paroles. Il a notamment gagné le Clause (prix Nobel anglais). Les jeunes du Zan Studio de Ramallah se disent pour leur part « art-ivistes » utilisant divers outils pour défendre une cause. Ils créent des posters politiques où l’on voit, par exemple, une main du Hamas et une autre du Fateh se joindre en un geste de victoire. « Il existe 5 000 posters politiques sur la cause palestinienne, disent-ils. On voudrait les cataloguer. » Zan Studio a toujours fait de la politique avec ses affiches percutantes. Mais le groupe veut maintenant se pencher davantage sur le social… Il est clair que le travail des caricaturistes suscite partout de gros malaises chez la classe au pouvoir. Face à cette situation, c’est sur Internet que se manifeste l’évolution réelle, où la presse virtuelle libre a franchi un pas significatif à travers l’ouverture de sites qui révolutionnent la liberté d’expression et l’activité politique. Il convient de noter que les œuvres exposées au Guardian jusqu’à la fin juillet feront ensuite le tour de la région MENA. Maya GHANDOUR HERT
Aux frontières de l’art engagé et du journalisme, le dessin de presse s’expose à Londres où la fondation Guardian présente les œuvres féroces ou poétiques de caricaturistes venus du monde arabe et d’Afrique du Nord.
Du Liban, c’est Armand Homsi, du quotidien an-Nahar, qui a été sélectionné. Imad Hajjaj et Jalal al-Rifaï représentent la Jordanie, Ali Ferzat la...