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VIENT DE PARAÎTRE - « Libre échange » de Bernard Mourad Peut-on gagner une deuxième vie ?

Il y a deux ans, Bernard Mourad, jeune banquier d’affaires franco-libanais, connaissait le succès avec « Les actifs corporels », un premier roman « d’anticipation socio-économique » dans lequel il imaginait une société où tout serait coté en Bourse, même les êtres humains ! Depuis, tout en gravissant les échelons de la finance (il est passé de consultant financier chez Morgan Stanley à vice-président du département Investment Banking), il continue sur sa lancée en littérature, avec un second roman « d’anticipation sociale » cette fois, intitulé « Libre échange ». Paru il y a deux mois en France, aux éditions JC Lattès, « Libre échange » est déjà disponible dans les librairies beyrouthines*. «Je vais vous poser une question très simple : combien d’âmes sur cette terre sont-elles insatisfaites ? Combien d’individus ne peuvent-ils plus supporter l’existence qui leur a été imposée par un hasard arbitraire ? « Je visualisai confusément des masses d’humains inaccomplis. Des hordes d’individus soumis aux flux et reflux bourbeux de leur quotidien médiocre. » Marc Barattier, le héros ou plutôt l’antihéros de Libre échange, est l’exemple type de ces individus à la vie inexorablement contrariée par le destin. À la veille de ses quarante ans, ce petit employé modèle est au bout du rouleau. « Vieille épave frappée d’une neurasthénie incurable », comme il se présente lui-même, plus rien ne peut le faire revenir sur son désir d’en finir. Ni sa femme ni son fils, encore moins son travail routinier de comptable. Il a d’ailleurs fixé le jour, l’heure et le mode de son suicide : une balle tirée dans la bouche qui est, selon les conseils de Suicide mode d’emploi – ouvrage hautement spécialisé que notre candidat au trépas a pris soin de consulter – la manière d’en finir la plus adaptée à sa personnalité. Sauf qu’un mystérieux courriel de dernière minute va bouleverser ses plans. Alors qu’il s’apprêtait à se jeter dans les bras du néant, on lui propose « une seconde chance ». Celle-ci consiste à échanger intégralement – et définitivement – sa vie (appartement, travail, famille, etc.) avec celle d’un autre désespéré, au cours d’un jeu de téléréalité, façon Roue de la fortune, auquel participent dix autres suicidaires du même âge, du même sexe, mais d’horizons et de milieux différents. Il s’agit-là d’une expérience de « substitution à la providence » menée par le gouvernement, sur une idée du président – par ailleurs patron d’un empire médiatique ! –, dans un objectif d’extension du libéralisme et du libre-échange à la sphère intime et sociale. Satire médiatico-politique Grâce à cette redistribution des cartes sur le principe de l’égalité des chances, Marc Barattier va donc prendre un nouveau départ. Mais le déterminisme finira-t-il par le rattraper ? Toujours dans le registre de l’anticipation, Bernard Mourad imagine les dérives d’une société où tout serait interchangeable, vies humaines comprises. Sauf qu’à travers les rebondissements de cette intrigue futuriste relevée d’une piquante satire médiatico-politique (toute ressemblance avec des personnages ou des émissions ayant réellement existés serait-elle purement fortuite ?!), l’auteur pose des interrogations profondes sur des questions existentielles : la notion d’égalité des chances, celle du déterminisme, les paramètres du bonheur… Lecture à la fois prenante, agréable – notamment par la qualité de l’écriture – et divertissante, tout en étant relevée d’une dose de réflexion, mais dénuée de lourdeur philosophico-prétentieuses, Libre échange confirme avec bonheur le vrai talent de romancier de Bernard Mourad. Un livre à se procurer… En attendant le troisième. Zéna ZALZAL * Disponible à la librairie al-Bourj.
Il y a deux ans, Bernard Mourad, jeune banquier d’affaires franco-libanais, connaissait le succès avec « Les actifs corporels », un premier roman « d’anticipation socio-économique » dans lequel il imaginait une société où tout serait coté en Bourse, même les êtres humains !
Depuis, tout en gravissant les échelons de la finance (il est passé de consultant...