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Actualités - CHRONOLOGIE

Espagne : maintenant, il faut assumer

L’Espagne a remporté l’Euro 2008 avec un football séduisant qui fait maintenant de la « Roja » une référence mondiale en matière de beau jeu et d’efficacité, mais aussi, revers de la médaille, une sélection qui devra assumer ce statut encombrant en vue du Mondial 2010. La victoire de la Grèce au Portugal à l’Euro 2004 avait été vécue comme un accident industriel. L’équipe de Theodoros Zagorakis en forme de verrou géant n’avait fait rêver personne. L’Espagne de Luis Aragones, elle, fait fantasmer toute la planète. La Coupe Henri-Delaunay est revenue cette fois à la meilleure attaque du tournoi (12 buts au total) et à la formation la plus spectaculaire, avec jeu à une touche de balle et décalages constants. Gérard Houiller, ancien entraîneur de Liverpool et actuel directeur technique national français (DTN), l’avait vu venir. Le 15 décembre 2007, il déclarait lors d’une assemblée générale de la fédération française : « Je vois dans Fernando Torres le joueur et le jeu de demain, entre technique d’élimination, vitesse et efficacité, c’est vers ça qu’il faut tendre, vers un football plus attractif et plus offensif, avec une prise de risque accrue. » Bingo ! Torres a inscrit le but de la victoire de l’Espagne en finale contre l’Allemagne (1-0) dans un match emballant. Comme la grande Allemagne de Beckenbauer ? Un autre technicien, Aimé Jacquet, ex-entraîneur des champions du monde français 1998, l’avait aussi senti. « L’équipe qui est la plus dangereuse, c’est l’Espagne, avait-il confié dans un entretien à l’AFP le 14 juin. Pour deux raisons : elle va enfin bénéficier du travail de formation avec tous ses jeunes et elle a gardé son entraîneur (Luis Aragones, arrivé en 2004 à la tête de la sélection, NDLR), ça c’est du bon boulot. » Tout est ici résumé. Aragones a tenu bon en dépit des critiques incessantes, notamment quand il s’est passé de Raul, meilleur buteur de la « Selección », et a fait confiance à ses jeunes artistes, Villa (meilleur buteur du tournoi avec 4 réalisations avant qu’une blessure ne le prive de la finale), Torres ou Silva, très prometteur à 22 ans. Mais le plus dur commence. Il faut confirmer. Seules deux sélections ont réussi dans l’histoire du football à enchaîner Euro et Mondial. Et pas dans le même ordre. La grande Allemagne de Franz Beckenbauer et Gerd Müller a gagné les deux plus prestigieuses compétitions coup sur coup, Euro 1972 puis Mondial 74. L’équipe de France, elle, a remporté le Mondial 1998 avant d’empocher l’Euro 2000. Quel visage avec Del Bosque ? Mais de quoi sera fait l’avenir pour les Espagnols ? Aragones, 69 ans, l’achimiste du second titre international de la « Roja » (après l’Euro 1964), décrit comme « un père » par Torres, a dit bien avant le début du tournoi que ce serait son dernier tour de piste à la tête de l’équipe nationale. « Je ne veux pas que les gens pensent que j’avais envie de partir, a-t-il affirmé la veille de la finale. J’ai décidé de m’en aller parce qu’on ne m’a pas demandé de rester. Maintenant, il n’y a plus de retour possible. » Annoncé à Fenerbahçe, en Turquie, il n’a pas confirmé, mais a refusé de parler de son avenir après la victoire finale. Le pays s’est enflammé quand Casillas a soulevé la Coupe, et la presse espagnole va sans doute essayer de le faire changer d’avis. S’il part quand même, c’est Vicente Del Bosque, ex-entraîneur du Real Madrid, qui est annoncé. Saura-t-il gérer l’héritage du « sage de Hortaleza » ? Les champions d’Europe sauront-ils appréhender notoriété et pression au retour au pays ? La plupart jouent déjà dans de grands clubs, comme Casillas au Real, Puyol à Barcelone ou Torres à Liverpool. Mais Torres, 24 ans, s’est déjà fixé des objectifs supplémentaires : « Je veux gagner d’autres titres, j’espère avoir d’autres trophées et je veux devenir un joueur plus important en Europe. » Cristiano Ronaldo, obsédé par la course au Ballon d’or, est passé à côté de son quart de finale contre l’Allemagne. À méditer.
L’Espagne a remporté l’Euro 2008 avec un football séduisant qui fait maintenant de la « Roja » une référence mondiale en matière de beau jeu et d’efficacité, mais aussi, revers de la médaille, une sélection qui devra assumer ce statut encombrant en vue du Mondial 2010.
La victoire de la Grèce au Portugal à l’Euro 2004 avait été vécue comme un accident...