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Actualités - CHRONOLOGIE

« L’émigration des jeunes et leurs projets d’avenir », une enquête de l’Ourse de l’USJ Le Mont-Liban et le Nord, principaux foyers de départ des jeunes

C’est au cours d’une conférence de presse donnée à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph que Mme Choghig Kasparian a présenté les premiers résultats de l’enquête sur « L’émigration des jeunes Libanais et leurs projets d’avenir », révélant que presque un demi-million de Libanais, soit 10,3 % de la population, ont quitté le pays entre 1992 et 2007, et que 26 % des jeunes, âgés de 18 à 35 ans, envisagent de s’expatrier. L’étude, qui dévoile aussi un manque d’hommes actifs (30 à 50 ans), a été effectuée par l’Observatoire universitaire de la réalité socio-économique (Ourse) du département de sociologie et d’anthropologie de l’USJ. Elle a nécessité des « ressources humaines et des investissements financiers importants », a indiqué le père René Chamussy, recteur de l’USJ, soulignant « l’intérêt prioritaire » accordé par l’université aux projets de recherche traitant des problématiques nationales. L’enquête, qui s’articule autour des principales caractéristiques de la population, et plus particulièrement celles des jeunes et leurs projets d’émigration, a été menée auprès de 8 061 ménages libanais répartis sur tout le territoire. Elle a permis de collecter des informations démographiques et socioprofessionnelles auprès de 33 958 individus formant ces ménages, et pour connaître les modalités d’entrée dans la vie active, les difficultés rencontrées et les raisons du chômage, des données supplémentaires ont été réunies auprès de 10 000 jeunes, âgés de 18 à 35 ans. De même, des informations relatives à environ 5 700 Libanais ayant quitté le pays entre 1992 et 2007 ont été recueillies. L’étude, qui fait suite à celle de 2001 sur « L’entrée des jeunes libanais dans la vie active et l’émigration », signale un net recul de l’accroissement de la population, dû à la régression des naissances dès 1997 (le nombre d’enfants par ménage passe en dix ans de 2,6 à 2,2 en 2007) et à l’émigration de plus en plus forte des jeunes, explique Mme Choghig Kasparian, soulignant aussi une tendance vers un relatif vieillissement de la population avec « 12 % de personnes âgées de 60 ans et plus ». De même, un manque en hommes actifs, âgés de 30 à 50 ans, a été également enregistré. Menée vers la fin de l’année 2007, la recherche estime la population libanaise résidente à 4 005 000 individus, dont 38 % sont actifs, c’est-à-dire qui travaillent ou qui cherchent un emploi. Les jeunes âgés de 18 à 35 ans représentent 30,6 % de l’ensemble la population et 46,5 % de la population active. Le taux de chômage, qui était de 11,5 % en 2001, a chuté jusqu’à 8,1 % en 2007, mais « cette baisse est due essentiellement à l’émigration économique », précise la conférencière. Cependant, les obstacles à l’enrayement du chômage restent multiples : manque d’opportunités, faible rémunération, inadéquation des qualifications à la nature du travail proposé, contrat à durée déterminée ou fermeture d’une entreprise, pour ne citer que quelques exemples. D’autre part, en raison du contexte politique incertain et d’une économie incapable de favoriser la création d’emplois stables ou d’offrir des salaires avantageux, 26 % des jeunes âgés de 18 à 35 ans « déclarent avoir l’intention d’émigrer ou de quitter provisoirement le pays », et un sur quatre a entamé ses formalités de départ, 17,7 % « souhaitent » partir, mais « ils ne prévoient pas de le faire pour différentes raisons », et 56,2 % n’ont aucune intention de quitter. Le Mont-Liban ( à l’exclusion de la banlieue de Beyrouth) et le Liban-Nord sont les principaux foyers de départ des jeunes (40 et 30 %), fait observer Mme Kasparian, ajoutant que 25,8 % d’entre eux se tournent vers les pays arabes pour réaliser leurs ambitions, et que 19 % sont attirés par l’Europe de l’Ouest, 31 % par les États-Unis et le Canada, et 12,4 % par l’Australie. Mme Kasparian rapporte, par ailleurs, que 466 000 personnes ont quitté le Liban entre 1992 et 2007. Les départs des hommes (dont l’âge moyen est de 35 ans) restent plus élevés que ceux des femmes (67 % contre 33 %), « ce qui expliquerait en grande partie le creux observé dans la pyramide des âges des résidents libanais ainsi que le faible rapport de masculinité aux âges actifs », souligne-t-elle. Elle ajoute que l’émigration durant cette période a touché toutes les régions, mais aussi toutes les communautés, et que « sous réserve de quelques imprécisions dues aux non-réponses et aux effectifs faibles », 27,5 % des émigrés sont chiites, 24 % maronites, 23 % sunnites, 9,2 % druzes, 7,7 % appartiennent à la communauté grecque-orthodoxe, 4,3 % à la communauté grecque-catholique et 1,7 % sont arméniens. La recherche d’emploi et la quête de meilleures conditions de travail et de qualité de vie sont à l’origine de 55,2 % des départs ; 6,7 % ont quitté en raison de la guerre ou de la précarité économique ; 7,7 % pour poursuivre leurs études ; 1,7 % pour décrocher une autre nationalité et le reste pour des raisons familiales. Tels sont brièvement les résultats préliminaires de l’enquête par sondage menée par l’Ourse. Les résultats définitifs seront publiés « sous forme de tableaux thématiques et accompagnés d’une première analyse » au cours du premier trimestre de l’année 2009, a conclu la conférencière. * * * Des chiffres en vrac Selon l’enquête, 37 % de la population libanaise appartiennent à la communauté chrétienne et 63 % sont musulmans. La région métropolitaine de Beyrouth concentre 36 % de la population libanaise (9,3 % la capitale et 26,5 % la banlieue). L’attrait de la banlieue reste sensible depuis 1997. La population est divisée en trois parts presque égales : 31 % sont scolarisés, 37 % sont actifs et 32 % inactifs. Cette dernière catégorie comprend essentiellement les enfants en bas âge non scolarisés, les femmes au foyer et les retraités. Le taux de scolarisation reste très élevé jusqu’à 15 ans aussi bien pour les garçons que pour les filles. Au-delà de cet âge, les filles ont tendance à poursuivre les études plus que les garçons. Le taux de chômage des femmes accuse un net recul (12,1 %) par rapport à 2001 (18,2 %), même s’il reste relativement plus élevé que chez les hommes. Le niveau d’éducation des jeunes est de plus en plus élevé : en 2001, 26 % des jeunes Libanais avaient un diplôme universitaire ou poursuivaient des études au-delà du secondaire. Actuellement, ce taux atteint 40 % (18 % ont déjà un diplôme universitaire et 22 % sont en cours d’études universitaires). Quelque 35 % de ceux qui ont émigré entre 1992 et 2007 se sont installés dans les pays arabes, 23 % en Europe, 22 % en Amérique du Nord, 9 % en Australie et 8 % en Afrique. Environ trois jeunes travailleurs sur quatre sont salariés et un sur quatre travaille à son propre compte. Seulement 51 % ont un statut permanent, les 23 % restants ayant des contrats à durée déterminée donc un emploi souvent précaire. Cette répartition reste globalement très proche de celle de 2001, mais la part des salariés ayant un emploi non permanent (23 %) devient beaucoup plus importante qu’en 2001 (11 %). May MAKAREM
C’est au cours d’une conférence de presse donnée à la faculté des lettres et des sciences humaines de l’Université Saint-Joseph que Mme Choghig Kasparian a présenté les premiers résultats de l’enquête sur « L’émigration des jeunes Libanais et leurs projets d’avenir », révélant que presque un demi-million de Libanais, soit 10,3 % de la population, ont quitté...